C’est une mise en scène minutieuse qui a embrouillé les cartes, le public et le lancement de l’Été Métropolitain 2014 en présence d’Alain Juppé.
A midi, trois intermittents déroulent une banderole où on peut lire « Coordination Intermittents & Précaires 33 : Nous voulons vivre de nos métiers ». Un quatrième demande à arrêter la musique jouée par un orchestre dans le public et prend la parole pour rappeler la précarité de son métier et celui de toute l’industrie du spectacle.
Des voix s’élèvent pour l’interrompre : « Intermittent, retourne dans ton pays », « La culture, ça fait mal à la tête », « Les pauvres, vous nous emmerdez » ou encore « Les chômeurs, ils n’ont qu’à travailler ». Un échange prévu et répété que les intermittents ont voulu comme une confrontation de cultures et de classes sociales.
Alain Juppé, en compagnie de sa femme et de ses conseillers, quitte les lieux et se dirige vers les Épicuriales. L’ensemble des intervenants, une quarantaine de personnes, vont à sa poursuite en scandant : « Alain, Vincent (sic) avec nous ». Plus loin, Alain Juppé s’arrêtera pour s’exprimer deux fois et s’adresser aux intermittents en colère.
« Je ne suis pas le gouvernement, adressez-vous au gouvernement. Je ne peux pas me prononcer sur la nature de ces réformes. Vous avez le droit à un système spécifique mais ce système mérite d’être réformé. Si on vous alignait sur un régime général, vos métiers disparaîtront alors que nous en avons besoin dans notre société. »
En réponse, les intermittents ont réclamé l’écriture de cette position pour qu’elle soit rendue officielle avant de lui souhaiter bon appétit. En effet, Alain Juppé a demandé qu’on le laisse « déjeuner tranquillement ».
Pendant le temps du déjeuner, avant de se retrouver à 14h au TNBA pour une assemblée générale, les intermittents retournent sur les lieux du lancement de l’Été Métropolitain pour expliquer au public les raisons de leur action :
« Le 18 juin va être signée une réforme du régime du chômage. Ce régime, en temps de crise, est nécessaire pour compenser les effets de la crise sur les plus pauvres.
Or, cette réforme va creuser les inégalités. Elle vide de sens la raison d’être des indemnités du chômage et met à mal le souci de solidarité qui avait prévalu à son existence. Elle fait de nous des consommateurs de droits sociaux.
Un esprit libéral et commerçant est entrain de s’introduire dans le régime de l’assurance chômage qui se voulait solidaire. Nous, intermittents du spectacle, ce que nous défendons nous le défendons pour tous. Nous demandons donc à Me Rebsamen, le ministre du travail, de ne pas agréer les accords de l’Unedic. »
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