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Au bord de la Garonne, Chez Alriq sauvé des eaux

La guinguette Chez Alriq va connaître un nouveau départ grâce à une nouvelle équipe. Un an après une fermeture imposée qui a précipité sa liquidation judiciaire, sa réouverture est annoncée pour le 13 juillet : Virginie Alriq sera aux commandes.

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Au bord de la Garonne, Chez Alriq sauvé des eaux

La nouvelle de la guinguette d'Alriq (WS/Rue89 Bordeaux)
La nouvelle équipe de la guinguette Chez Alriq (WS/Rue89 Bordeaux)

Le bonnet vissé sur la tête, Christian Alriq, qu’on appelle Alriq tout court, regarde la nouvelle équipe s’affairer et préparer l’ouverture de la guinguette. Un brin fier, un brin nostalgique, il avoue :

« Je suis très content que ce soit eux. Je suis surtout content que ce ne soit pas repris par quelqu’un qui aurait vendu l’âme de ce lieu. »

Une deuxième vie s’annonce pour cette guinguette bordelaise devenue mythique sur les bords de Garonne. La première vie fut interrompue brutalement par un arrêté préfectoral après une inspection des agents sanitaires qui constatent « des manquements graves aux règles d’hygiène » et « un défaut de nettoyage et de désinfection de l’ensemble des locaux ». Un coup qui sera fatal et conduira l’entreprise à la liquidation judiciaire après 23 ans d’activité.

La nouvelle vie de la guinguette démarre ce dimanche 13 juillet, au lendemain des autorisations qui sont tombées cette semaine, après deux mois de travaux menés tambour battant sous l’impulsion d’un duo qui se rencontre tout naturellement autour de cette aventure : Virginie Alriq, la nièce de l’ancien patron, et Philippe Barre, le voisin venu de la maison Darwin.

Une affaire de famille

La restauration chez les Alriq est une histoire ancienne. Virginie a grandi dans l’agitation de la brasserie de l’Hippodrome que tenait son père au Bouscat. Elle se souvient des débuts de la guinguette en 1990, l’année où la Cutty Sark à Bordeaux avait fait venir 150 voiliers dans le port de la Lune. Chez Alriq, on était aux premières loges.

Pour ses études d’histoire et une passion pour l’archéologie, elle s’installe à Paris avec son compagnon Pierre qui a une formation de comptable. Mais l’envie de tourner la page parisienne devient pressante et Bordeaux revient à l’esprit.

De retour au bercail en 2005, la restauration reprend le dessus. Une saison sur le Bassin et une saison à la guinguette donnent au couple des ailes qui le mènent aux Chartrons où il crée le café Ballon. Une aventure qui dure cinq ans et qui prend fin avec une autre idée derrière la tête : Alriq s’empêtre dans la gestion de sa boutique et la nièce voudrait venir en soutien.

« Mon envie était d’abord d’aider mon oncle par solidarité familiale », explique-t-elle en joignant ses deux mains.

Un projet qui s’accélère

Les événements de juillet 2013 changent la donne. Virginie Alriq assiste impuissante à l’arrivée des voitures de police et au ballet des forces de l’ordre qui débarquent pour annoncer la fermeture des lieux.

De l’autre côté de la route, Philippe Barre s’inquiète de l’avenir de la guinguette qui ne manquera pas d’attirer les convoitises :

« Ce lieu est unique à Bordeaux. Sa philosophie ne peut pas s’envoler avec un simple arrêté. Il y a eu une énergie et une magie qu’on ne peut pas laisser nous échapper. »

La reprise se précise. Philippe Barre prend la défense du projet auprès de l’administration. Virginie Alriq se pose comme professionnelle du métier et initie la révision de toutes les installations dans le cadre des obligations professionnelles.

Les deux repreneurs créent une société qui rachète le fond de commerce et sollicite une convention d’occupation du domaine public. En janvier dernier, le Conseil municipal vote la signature de cette convention. En effet, si le terrain relève du domaine fluvial qui appartient à l’État, la Ville en a la gestion.

Il n’y a plus qu’à obtenir l’autorisation d’ouverture.

La nécessité d’un plan B

Premier constat : le chantier de mise aux normes est colossal et les investissement nécessaires sont lourds : 500 000 euros environ. On repense l’affaire autrement et on établit un plan B.

Un « kiosque » est construit en face des installations vétustes. Une grande cabane avec de larges ouvertures et des installations neuves offriront dans l’immédiat les premières solutions : glaces artisanales, boissons fraîches et chaudes, planches de charcuteries, huîtres, légumes et fromages…

« Un panier qu’on emporterait pour une balade en forêt, pour grignoter en plein air, en ramassant des champignons… », explique la nouvelle patronne. « Ce qui nous intéresse en premier, c’est réouvrir la maison, dépoussiérer les lieux, ouvrir les volets et les fenêtres, montrer aux gens qu’il y a de la lumière… Le restaurant qui servira du chaud, c’est pour 2015. »

Dans cette configuration, la météo sera la deuxième maîtresse des lieux. Le beau temps dictera les horaires d’ouverture. L’été est forcément le plat principal. Il faudra donc scruter le ciel pour savoir si la boutique est ouverte.

La culture aussi est au menu

Pour ceux qui n’ont pas connu la première version, Chez Alriq était une scène avec une programmation unique. Des groupes de musique tzigane et d’autres de musique brésilienne sont venus animer des soirées et susciter l’enchantement du public bordelais.

Cet esprit, Virginie Alriq souhaite le garder et lui apporter de nouvelles perspectives et de nouvelles ouvertures. Elle espère organiser aussi bien des bals que des soirées de théâtre et de cirque.

« Je voudrais assurer une continuité et laisser la porte ouverte à d’autres propositions. Je n’ai pas de grands projets de changement. L’évolution viendra d’elle même. »

Avec le souci de garder le sourire et de promettre un accueil chaleureux pour que les Bordelais retrouvent leur guinguette, on l’aura compris, Virginie Alriq ne veut surtout pas trahir la nature originale des lieux. Au contraire, elle espère se fondre dans le paysage et, ici, le paysage est beau en compagnie du fleuve.


#Chez Alriq

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