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Estuaire de la Gironde : les îles refont surface

Patiras, île Verte, Margaux… Les îles de l’estuaire sont un patrimoine secret de la Gironde. Au nombre d’une dizaine, elles méritent pourtant le détour quand le visiteur a la chance de pouvoir y accéder. Certaines se font et se défont au rythme de l’apport d’alluvions ou des brèches creusées par l’eau. Jusque dans les années 50, d’autres ont eu une vie, une économie, des habitants… Abandonnées jusqu’à peu, elles sont aujourd’hui au cœur de projets touristiques, pédagogiques, agricoles ou environnementaux. Prêts pour une petite croisière ?

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Estuaire de la Gironde : les îles refont surface

L'archipel de l'estuaire/ Photo Smiddest
L’archipel de l’estuaire (Photo Smiddest)

L’Île Nouvelle, la plus aboutie

Ile Nouvelle 140
Le village de l’île Nouvelle (Photo Conservatoire du littoral)

Face à Blaye, elle est la plus connue et la plus grande avec ses 300 hectares. Née au XIXe siècle de la réunion de l’île Bouchaud et de l’Ile Sans-Pain, elle est la propriété du Conservatoire du littoral et est actuellement fermée pour travaux. Une partie de l’île est occupée par un village et le reste est à l’état sauvage, en phase de renaturation. Si le conservatoire du littoral a envisagé dans un premier temps d’organiser des classes vertes sur cette île – un lieu ornithologique exemplaire – le projet a été revu à la baisse après la tempête et les inondations de 1999. L’île Nouvelle est lieu d’expérimentation écologique et scientifique qui sera ouverte au public à la journée début 2015, à l’issue des travaux réalisés sur les bâtiments.

« En 2009, une brèche s’est ouverte sur une partie de l’île, on l’a laissée, explique Guillemette Rolland, déléguée régionale du Conservatoire du littoral. Le processus de naturation se fait naturellement et on observe ce qu’il se passe avec l’entrée d’eau salée ».

Des résultats qui ne se font pas attendre car en quelques années, cette friche agricole anciennement recouverte de maïs est devenue un espace naturel intéressant que se réapproprient les espèces animales et végétales.  Elle est par ailleurs un lieu d’animations l’été puisque le conseil général y organise visites et évènements culturels.

Patiras, la plus touristique

Vue du refuge. Photo Conservatoire du littoral
Vue du refuge de l’île de Patiras (Photo Conservatoire du littoral)

Ce petit écrin de verdure bien calé dans l’estuaire face à Pauillac (Médoc) est un appel à la détente. La partie achetée par Philippe Lacourt, est la plus exploitée de l’estuaire d’un point de vue touristique. Bordeaux Cruise River organise la visite de l’île tous les jours en juillet et en août et le week-end en basse saison au départ de Pauillac, Bordeaux ou Blaye. Une fois sur l’île, on découvre le phare de Patiras, entièrement rénové, considéré comme un belvédère sur l’estuaire depuis son extinction en 1992.  Sur l’île se trouve également le Refuge, un restaurant vitré sur pilotis. En attendant le retour sur terre, une petite (la partie accessible est restreinte) ballade s’impose ainsi qu’un moment de détente sur un transat face à l’estuaire. Le reste de l’île est occupé par une exploitation agricole et une habitation.

Margaux, la plus viticole

Photo Lilian Marolleau
L’île Margaux (Photo Lilian Marolleau)

Quatorze de ses vingt hectares sont recouverts par les vignes, présentes sur l’île depuis 1830. Le vin que produit le domaine de l’île Margaux bénéficie d’un micro-climat : pas de gelées printanières, ni de problème de sécheresse grâce au fleuve et une bonne aération. Les îles ont permis de sauver les vignes bordelaises.

« Pendant l’épidémie du phylloxera (maladie qui a décimé les vignes françaises) au  XIXe siècle, les îles n’ont pas été touchées. On a laissé entrer l’eau de l’estuaire dans les parcelles. Les larves du phylloxéra ont alors été noyées », explique Sophie Boisseau, responsable de projet de développement durable pour la Vondation du littoral.

Cette île est une des escales des croisières organisée par Bordeaux River Cruise et comme le domaine  fait de la vente directe, le gérant va ponctuellement chercher des personnes sur la « terre ». Le contacter par mail domaine@ilemargaux.com.

L’île verte, la plus agricole

L'île verte / Photo Smiddest
L’île verte (Photo Smiddest)

L’île du Nord, l’île Verte et l’île Cazeau constituent la grande île.  Elle s’étend entre le Médoc et le Blayais. Autrefois distinctes, ces trois îles n’en forment plus qu’une. Sa vocation est agricole et environnementale puisque l’objectif est d’y rétablir une biodiversité. Le propriétaire la SCEA Atlantide exploite 350 hectares en  grandes  cultures, semences, maraîchage, viticulture et apiculture. C’est un projet exemplaire et certifié bio. La fondation du littoral, partenaire de la SCEA Atlantide souhaite tirer le meilleur du micro-climat et de la qualité de la terre pour développer une agriculture de qualité.

Pour l’heure, cette île n’a pas de vocation d’accueil du public. Paradoxalement, c’est elle qui a eu le plus grand nombre d’habitants – 1000 personnes avec les saisonniers – jusqu’à la fermeture de son école en 1976. Les bâtiments encore visibles aujourd’hui rappellent cette vie passée. Une famille vit encore aujourd’hui sur l’île du Nord.

L’île d’Arcins, la plus bordelaise

Entre Latresne et Bègles, l’île d’Arcins s’étend sur deux kilomètres dans un environnement très végétal. Propriété de l’Inra jusqu’en 2002, elle a été un lieu d’expérimentation national pour l’amélioration de certaines espèces végétales. Racheté par deux propriétaires, elle est ouverte au public depuis 2011 après un combat acharné pour mener à bien des travaux sur les digues endommagées et installer un ponton. Depuis ce site propose aux Bordelais en mal de nature de venir respirer, se perdre dans la forêt, découvrir la faune et la flore et pêcher.

Selon les conditions météo, l’île est ouverte de 9 heures 30 à 20 h chaque jour. Renseignements au 05 57 71 86 34 ou transmettre ou par mail à iledarcins@orange.fr

L’île Paté, la plus historique

Privée, elle a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2008 puisqu’elle abrite un fort réalisé par Vauban qui, avec la citadelle de Blaye et fort Médoc, forment le verrou de l’estuaire qui avait pour vocation de protéger Bordeaux des attaques ennemies. L’ensemble des sites majeurs de Vauban, ingénieur et architecte militaire, ont été classés. Elle est aujourd’hui en vente.

Conservatoire du littoral
(Photo Conservatoire du littoral)

L’île Macau

Propriété du port, elle était louée à un éleveur de chevaux pendant une période. Mais en raison des risques d’inondation, les îles ne peuvent ni servir de zones de pacage (où l’on fait paître le bétail) , ni abriter des animaux.

D’autres îles existent, elles sont laissées à l’état sauvage et utilisées uniquement pour la chasse. Certaines disparaissent  comme l’île de Croûte face à Bourg-sur-Gironde réservée au pacage ou apparaissent. Face à Plassac (Blayais), il y en a une en formation. D’abord banc de sable, la végétation commence à s’y accrocher, elle deviendra une île uniquement si les hommes l’investissent. Fragilisées par l’érosion, les îles disparaissent si elles ne sont pas endiguées.

Aller plus loin

Le site d’informations sur l’estuaire (visites…) : www.estuaire-gironde.fr


#Conservatoire du littoral

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