A gauche, les maires de la communauté urbaine (enfin, pas tous). A droite, les adjoints au maire de Bordeaux. Et au centre, le patron, devant une photo aérienne de sa ville. Voila pour la scénographie soignée de cette conférence de presse de rentrée d’Alain Juppé. Pendant celle-ci, le candidat à la primaire de l’UMP a écarté toutes les questions sur les enjeux nationaux pour s’intéresser uniquement aux dossiers locaux, avant d’aller inaugurer officiellement la Cité municipale. Voici les annonces du président de la Cub, dans les grandes lignes :
« Rentrée réussie »
Le maire de Bordeaux a d’abord salué le succès de l’été bordelais et de la rentrée écoulés, se félicitant notamment de l’augmentation de la fréquentation touristique à Bordeaux (400000 visiteurs, +15% pour les touristes étrangers, +35% pour les croisiéristes). Il a souligné que la ville avait obtenu un satisfecit de l’inspection d’académie pour la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. Le problème soulevé par les parents de l’inscription à la cantine du mercredi réservée aux écoliers restant ensuite en centre de loisirs, est selon lui résolu :
« Nous avons reçu à peine 130 demandes de dérogation, dont les 3/4 ont été acceptées. Il faudra par ailleurs simplifier les dossiers d’inscription, et des choses sont à améliorer concernant le passage du temps scolaire au périscolaire. »
Mutualisation des services entre la Cub et les communes : objectif juin 2015
La Cub sera en 2015 une métropole, héritant de nouvelles compétences (protection contre les inondations, développement durable…) et sommée sous peine d’amendes de mutualiser les services concernés.
« Nous avons l’obligation de présenter un schéma de mutualisation en mars 2015, la concertation des agents aura donc lieu de décembre à février, pour que chaque agent puisse savoir en juin où il travaillera », indique Alain Juppé.
Il précise que la Cub déléguera aux services communaux certaines de ses compétences, comme la propreté ou l’organisation du marathon de la Lune.
Finances : se serrer la ceinture, avant d’augmenter les impôts
Selon Alain Juppé, la « contrainte budgétaire d’une ampleur jamais vue » imposée par l’Etat aux collectivités locales (11 milliards d’euros d’économie pour les trois prochaines années) se traduit pour la Cub par un manque de 21 millions d’euros en 2015 (sur un budget de fonctionnement de 674 millions).
« Il faut faire des économies, il est normal que nous participions à l’effort de réduction des dépenses publiques », estime-t-il.
Résultat : une note de cadrage des services va entraîner une baisse de 10% des crédits de fonctionnement sur l’ensemble de la mandature, soit 1,7% par an, une baisse similaire des dépenses de communication, et une réduction de 5% de toutes les subventions de la Cub. Sauf pour trois secteurs « sanctuarisés » : la petite enfance, l’école, les centres communaux d’action sociale.
« L’effort sera-t-il suffisant ? Sans doute pas, a aussitôt ajouté le président de la Cub, qui dit vouloir agir sur les recettes. Après l’augmentation des tarifs de transports, « une augmentation de la fiscalité locale est à prévoir en 2015. »
Transports : quatre chantiers prioritaires
Malgré ce contexte budgétaire pour le moins tendu, Alain Juppé affirme que la Cub ne renoncera pas à ses projets d’infrastructures de transports, forte notamment d’une bonne capacité d’endettement. Plusieurs études opérationnelles vont ainsi être lancées pour de nouvelles lignes de trams et de bus :
– La desserte de l’aéroport de Mérignac par deux liaisons – prolongation de la ligne A du tramway pour relier le centre-ville de Bordeaux, et le raccordement à la gare de Pessac-Alouette d’un bus à haut niveau de service (BHNS) afin de rallier la gare a ligne de chemin de fer circulaire. Livraisons « en 2019 au plus tôt ».
– Une nouvelle ligne de tramway Gradignan-Talence-CHU Pellegrin, afin de soulager les trams saturés qui traversent le campus, et son prolongement sur les boulevards de Bordeaux, puis vers la rive droite.
– un TCSP (Transport en commun en site propre), tramway ou un bus à haut niveau de service, entre Bordeaux-Cracovie avec une connexion au futur tram-train du Médoc et Parempuyre d’une part, et le pont Chaban-Delmas d’autre part.
– Quatrième et dernière étude, un bus à haut de niveau de service (c’est-à-dire de grande capacité et roulant dans un couloir dédié) entre Bordeaux-centre, Le Haillan, Saint-Médard et Saint-Aubin.
Par ailleurs, le maire de Bordeaux annonce d’autres études pré-opérationnelles : le prolongement de la ligne D du tram vers Saint-Médard, une ligne pont à pont sur la rive droite (de Chaban-Delmas au futur pont Jean-Jacques Bosc), la desserte de la presqu’île par les quais.
En attendant, et sous réserve « que tout cela rentre dans les enveloppes budgétaires », Alain Juppé rappelle que d’autres améliorations de service vont entrer en vigueur, comme l’augmentation des fréquences de tram en centre ville ou l’arrivée de 40 nouvelles stations VCub.
Rocade : « Je ne lâche pas le morceau »
Après l’abandon de l’écotaxe poids lourds, il reste 100 millions d’euros à trouver pour boucler le passage à 2×3 voies de la rocade. Partisan de l’adossement (financement des travaux par les sociétés d’autoroute en échange de la prolongation des concessions), le maire de Bordeaux attend un avis de Bruxelles qui pourrait faire jurisprudence en la matière. Et croit savoir que Ségolène royal, la ministre de l’écologie, ne serait « pas hostile » à un tel système.
Le logement « résiste à la crise », lui
Avec 1000 logements sociaux neufs livrés cette année, 4700 logements en construction aux Bassins à flot, 4400 à venir à Brazza, le secteur du bâtiment ne faiblit pas, estime Alain Juppé. D’autant que de grands chantiers vont démarrer : Euratlantique, la ZAC Garonne-Eiffel, l’Aéroparc. Le président de la Cub estime que pour répondre à la demande, il faut mobiliser chaque année 30 hectares, une mission confiée au service foncier de la Cub et à la Fab.
En revanche, l’ancien Premier ministre avoue devoir jouer au VRP pour convaincre les entreprises de venir s’installer à Bordeaux. Il souhaite par exemple que davantage d’emplois, sur les 15000 attendus dans le quartier d’affaires Euratlantique, viennent de l’extérieur de l’agglomération.
« Seulement 25% de ces emplois seraient exogènes, nous ne nous satisfaisons pas de cette répartition, même si c’est un problème qu’ont aussi rencontré lors de leurs lancements EuraLille ou EuroMed, à Marseille. »
Il se dit optimiste quant à l’obtention du label French Tech, vu le dynamisme des start-up bordelaises. Et a annoncé la première réunion du nouveau Conseil des entrepreneurs de la ville, le 22 septembre.
La culture bien équipée ?
A une question suggérant à Alain Juppé que la culture serait le parent pauvre de sa politique, le maire a rappelé les différents projets qui sortiront de terre dans les prochaines années : la grande salle de spectacle de Floirac, la rénovation du Museum d’histoire naturelle ou encore les Magasins généraux Sud à Bastide Niel, pour lesquels « un des deux candidats à leur aménagement propose un pôle culturel de première importance, avec la réinstallation de la Fabrique Pola ».
Il a par ailleurs confirmé que la biennale Agora serait maintenue, voire amplifiée. Alain Juppé voudrait fêter l’arrivée de la LGV, en 2017, par un évènement de dimension régionale, sur le modèle d’Estuaire à Nantes et Saint-Nazaire.
Réagissant sur ce point, Christine Bost, maire (PS) d’Eysines et vice-présidente de la Cub, estime que la culture n’était pas seulement une affaire d’équipement, et redoute que la baisse des subventions annoncées ne se traduise par de nouvelles difficultés, notamment pour les associations participant à l’Eté métropolitain.
Quid du candidat Juppé à Bordeaux ?
Interrogé pour savoir qui dirigerait la ville et la Cub pendant la campagne d’Alain Juppé à la primaire de l’UMP (si celle-ci a bien lieu), celui-ci a ainsi répondu :
« Moi. D’autres l’ont fait : Martine Aubry n’a pas démissionné de la mairie de Lille pendant la primaire du Parti socialiste. »
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