« Je serai maire de Bordeaux » déclarait Vincent Feltesse dans un post sur sa page Facebook le 1er septembre 2014. Un mois plus tard, il corrige le tir sans quitter sa cible en précisant cependant : « Je suis trop respectueux des électeurs pour laisser croire que je suis seul à décider de cela ».
Que s’est-il passé entre ces deux déclarations ? La réponse est simple. Après un post Facebook fait sur un coup de tête, les amis socialistes n’ont pas manqué de lui remonter les bretelles et de lui rappeler que dans des élections, ce sont les électeurs qui décident. Élémentaire !
Une stratégie solitaire ?
Mais si le conseil d’amis est bien passé, on ne peut pas s’empêcher de souligner l’évidente stratégie solitaire qui persiste dans le retour du candidat socialiste à la municipale bordelaise. Si à l’intérieur du parti des voix s’élèvent sans se dévoiler pour réclamer plus de « respect envers les militants », certains voient d’un bon œil le calcul de Vincent Feltesse. Est-il bon ou pas ? Les conséquences sont maîtrisées. Autrement dit s’il se plante, le parti est préservé, s’il réussit, le parti se regroupe et se met en ordre de marche.
Pour Michèle Delaunay, ce retour est une évidence. La députée PS de Gironde et conseillère municipale de Bordeaux considère Feltesse comme « le chef de l’opposition municipale et le chef du futur socialiste à Bordeaux », et elle assure que « tout le groupe municipal est derrière lui ». Matthieu Rouveyre ne cache pas non plus sa satisfaction :
« Je suis plutôt content de le voir sortir de son silence et je suis surtout ravi qu’il annonce son retour à Bordeaux. C’est un leader qui retourne au travail et on ne peut que s’en féliciter. »
« La voix de son maître »
Mais est-ce le cas de tous les élus et acteurs socialistes ? C’est beaucoup moins sûr. Celui qui est devenu en mai 2014, pour « retrouver un emploi », conseiller de François Hollande est, en ces temps impopulaires du président de la République, considéré par certains de ses camarades girondins comme étant la « voix de son maître » sur les questions politiques qui divisent les socialistes.
Non seulement on lui reproche d’être le porte-parole du chef de l’État, mais de s’être ainsi éloigné de la CUB et du conseil municipal. Dans l’entretien donné à Sud-Ouest ce samedi, il promet donc une présence « lors des conseils municipaux et de communauté urbaine », présence effectivement assurée lundi dernier au Palais Rohan et le vendredi précédent à l’Hôtel de Cub. Mais s’ils ne l’avouent pas ouvertement, certains membres du parti ne croient guère à son assiduité.
Michèle Delaunay prend le problème à rebrousse-poil :
« Vincent Feltesse a déclaré qu’il reste jusqu’à l’été 2016 auprès du Président. Je trouve cela regrettable, François Hollande a besoin d’être accompagné jusqu’au bout. »
Des groupes de la société civile
Pour préparer son retour, Vincent Feltesse a mis en place neuf groupes de travail composés de trois à quatre personnes. « A ma connaissance, il y a un seul socialiste », déclare dubitatif un responsable du PS. Que faut-il comprendre ? Est-ce un intérêt exclusif pour la société civile ou un manque de ralliement de la part de sa famille politique ?
Michèle Delaunay penche pour la première hypothèse et confirme qu’il s’agit là d’une ouverture vers la société :
« Le parti socialiste, comme tous les autres partis, a plus que jamais besoin de s’ouvrir vers la société et les Français. C’est notre dernière chance. »
C’est une volonté de donner la parole à tout le monde, confirme Matthieu Rouveyre, qui promet : « quoi qu’il en soit, je serai toujours là ».
Contacté par Rue89 Bordeaux, Vincent Feltesse n’a pas donné suite à nos sollicitations.
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