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Bordeaux Métropole décroche le label French Tech

Bordeaux est sur la liste des villes labellisées French Tech, annonce Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique dans Le Monde. C’est une excellente nouvelle pour l’écosystème numérique local. Mais en quoi consiste au juste ce Graal après lequel courent les Bordelais depuis le début de l’année 2014 ?

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Bordeaux Métropole décroche le label French Tech

Opération French Tech à la Chambre du commerce et de l'industrie (WS/Rue89 Bordeaux)
Opération French Tech à la Chambre du commerce et de l’industrie (WS/Rue89 Bordeaux)

Le milieu du numérique bordelais trépigne depuis quelques jours. Le 12 novembre était la date du verdict : Label French Tech ou pas ? Axelle Lemaire l’annonce dans Le Monde de ce mercredi : Bordeaux fait partie des neuf villes labellisées.

Sur quinze dossiers, « nous avons décidé d’attribuer le label à neuf candidats : French Tech Aix-Marseille, Bordeaux Métropole numérique, Digital Grenoble, Lille is French Tech, Lyon French Tech, Nantes Tech, Montpellier Métropole numérique, La French Tech Rennes, French Tech Toulouse », annonce la secrétaire d’Etat chargée du numérique au quotidien.

L’idée, explique la ministre, est de « valoriser les écosystèmes existants afin d’impulser un mouvement local, mais aussi de les fédérer pour créer un réseau national (…) afin que les investisseurs internationaux voient la France comme une nation innovante, un acteur incontournable du numérique, qui dispose d’un écosystème vibrant et dynamique. »

C’est une explosion de joie chez les startups bordelaises. Mais quand on n’est pas du milieu, on ne voit pas vraiment de quoi il s’agit. French quoi ? On vous explique.

Le label « Métropoles French Tech »

La mission du label « Métropoles French Tech » est de rendre identifiables à l’international les écosystèmes les plus dynamiques et les plus prometteurs. L’initiative bénéficie d’une enveloppe de 15 millions d’euros pour le marketing et la promotion de la France numérique et de 200 millions d’investissements dans les villes choisies via la Bpifrance (la Banque publique d’investissement voulue par François Hollande en lien avec la Caisse des dépôts). Cette somme sera consacrée à l’accompagnement des entreprises à l’international.

Une fois les villes labellisées, un audit sera à nouveau conduit en 2015 avant une attribution du label pour une durée de trois ans.

Plusieurs programmes d’accélération sont déclenchés dès la labellisation. Ils visent à aider les startups à se développer plus rapidement. Au moins un programme devrait démarrer la première année de la labellisation. Les acteurs du projet s’engageront à mettre en œuvre les autres dans les trois ans.

« La Bpifrance présente un plan de financement pour constituer une équipe d’entreprises de 100 pépites qui pourraient devenir les Google français. Nous sommes prêts ! Nous sommes la seule région à avoir constitué un jury capable de fournir une liste de startups à très forte croissance comme AT Internet et Mobiles Républic », déclare Agnès Grangé, porte-parole de la candidature French Tech Bordeaux et déléguée régionale de La Poste.

L’ « équipe de France » du numérique

Cependant, la sélection se veut à l’image d’un sport de haut de niveau. Les métropoles choisies constitueront l’ « équipe de France » du numérique qui pourra se frotter au niveau international.

15 candidatures avaient été déposées : French Tech Aix-Marseille, Bordeaux Métropole Numérique, Brest Tech, Digital Grenoble, Lille is French Tech, Lor’n Tech (Nancy-Metz), Lyon French Tech, Nantes Tech, Montpellier Métropole Numérique, French Tech Côte d’Azur (Nice-Sophia Antipolis), La French Tech Rennes, Rouen-French Tech CREA, Saint-Etienne Atelier Numérique, Toulon-La Ruche Digitale, French Tech Toulouse.

Bordeaux Métropole, qui a déposé sa candidature le 6 juin 2014 suivi d’un dossier complémentaire sur les actions de croissance mi-septembre, avait sorti ses gros bras. Dans son dossier, onze entreprises reconnues en France et à l’international, ont dynamisé sa candidature : Cdiscount, Lectra, Cheops, Cap Ingelec, Conecteo, ConcoursMania, AT Internet, Asobo Studio, Immersion, BeTomorrow, e device et Mobiles Republic.

Le numérique « 3e révolution industrielle »

Lors de la Semaine digitale, le vice-président de Google et président de Google Europe, Carlo d’Asaro Biondo, était présent à la Grande jonction. Une venue interprétée comme un signe encourageant.

« Il a rencontré des entreprises locales et compte apporter un soutien. Ce n’est pas forcément des financements, c’est du capital technologique, un savoir-faire au niveau management, faire profiter de toute la richesse d’une société comme Google notamment sur l’aide à l’international », avait précisé Virginie Calmels, adjointe à la mairie de Bordeaux, en charge de l’économie, de l’emploi et de la croissance durable.

Dans le dossier de candidature de la métropole, 7275 entreprises ont été recensées en Aquitaine par la CCI de Bordeaux. Avec 23 327 salariés en Aquitaine, le numérique devient le 3e secteur économique et donne à la région la 4e position sur le plan national. Elle tient la 1ère place en matière de croissance la plus forte pour l’emploi dans le numérique.

« C’est la 3e révolution industrielle. Le numérique impactera tous les types de métiers et changera tous les modèles économiques. Ne pas s’y intéresser, c’est laisser mourir son entreprise. En plus des convergences avec le marché de l’emploi, il y a un travail mené avec l’éducation nationale, les universités et les écoles d’ingénieurs pour envisager l’avenir. Dans le développement prévu, 4 emplois sur 5 n’existent pas encore et sont à définir », annonce Agnès Grangé.

Sur la métropole bordelaise, l’écosystème numérique est en constante augmentation, comptant en 2012 environ 1700 entreprises de taille intermédiaire et plus petites pour un effectif de près de 17 250 personnes. 50 entreprises possèdent un chiffre d’affaires supérieur à 5 millions d’euros, dont 5 dépassent les 50 M€.

Le dossier fait également valoir les efforts en matière de fonds levés : 35 M€ depuis 2012 par une quinzaine de startups aquitaines et, en 2013, des levées de fonds supérieurs à 1M€ ont totalisé 18,4 M€, soit +19,2% par rapport à 2012.

Soirée pour la candidature de Bordeaux au label French Tech, le 8 avril dernier à la CCI (FrenchtechBordeaux/Facebook/DR)
Soirée pour la candidature de Bordeaux au label French Tech, le 8 avril dernier à la CCI (FrenchtechBordeaux/Facebook/DR)

Lancement de l’opération

Dans ses recherches pour optimiser l’emploi avec l’arrivée de François Hollande et son gouvernement Ayrault, la France constate que le secteur du numérique génère aux États-Unis plus d’un point de croissance annuelle depuis trente ans : soit deux fois plus qu’en France.

Grâce aux premiers audits, les premiers constats tombent et sont publiés aussitôt sur le site du gouvernement : Sur les douze premiers objets connectés les plus vendus aux États-Unis sur l’Apple Store, cinq sont français. Les entreprises françaises du web réalisent en moyenne 39% de leur chiffre d’affaires à l’international contre 3% pour les autres PME. Dans les startups numériques en France, 87% des contrats sont des CDI.

Le paysage jusqu’alors méconnu du numérique dévoile un potentiel sur lequel le gouvernement Ayrault veut miser pour développer l’emploi. Le premier ministre confie, en février 2013, à la Caisse des Dépôts l’étude de faisabilité. Dans son rapport, la Caisse livre ses recommandations et propose de « reconnaître Paris comme métropole numérique et vitrine internationale » et énumère les atouts du nouveau quartier dit Paris Rive Gauche (13e arrondissement, avec la halle Freyssinet, entre autres). Le rapport préconise également d’améliorer la fiscalité des business angels et de sélectionner 5 à 10 entreprises prometteuses à l’international.

Un label peut en cacher un autre

Le projet d’un label est né : Quartiers numériques. Il est essentiellement parisien, ce qui ne plaira pas aux pouvoirs locaux en Province qui veulent leur part du gâteau. En novembre 2013, l’initiative Quartiers Numériques devient l’initiative French Tech. Ce nouveau label consiste à coaliser les entreprises sous la bannière des métropoles. La halle Freyssinet à Paris restera le lieu de rassemblement des acteurs du territoire national.

Le 27 novembre 2013 est lancée l’opération French Tech par Fleur Pellerin pour « faire de la France la Startup République ». Lors de la présentation du label, la ministre de l’époque cite deux exemples des plus belles réussites françaises : le lancement au Nasdaq du champion de la publicité Critéo, et le rachat de Neolane par Adobe pour quelques 600 millions d’euros. Pour la ministre, il faut que la France devienne une nation « où il fait bon investir ».

Le 12 février est inauguré la French Tech Hub par François Hollande au cœur de la Silicone Valley en Californie. Le Président de la République est accompagné d’une délégation dans laquelle se trouve Alain Rousset, le président de la Région Aquitaine.

En juin 2014 a lieu le festival French Tech. Il englobe, entre autres, des manifestations en Ile-de-France (Futur en Seine), à Nantes (Web2Day) et à Lyon (Salon des entrepreneurs). En vérité, il n’y avait rien de vraiment nouveau puisque tous ces événements existaient déjà. A Bordeaux, une quarantaine d’entreprises ont ouvert leurs portes pour la Startup Assembly.


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