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Les handicapés toujours plus éloignés de l’emploi

La Semaine pour l’emploi des personnes handicapées se tient du 17 au 23 novembre à Bordeaux sur fond de difficultés croissantes sur le marché du travail et une restructuration douloureuse de Cap Emploi en Gironde. Entretien avec Jean-Paul Parisot, délégué régional de l’Association Nationale de Gestion du Fond pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées (Agefiph Aquitaine).

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Les handicapés toujours plus éloignés de l’emploi

Visuel de la Semaine d'emploi pour les personnes handicapées (DR)
Visuel de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées (DR)

Rue89 Bordeaux : Près de 27000 travailleurs handicapés sont à la recherche d’un emploi en Aquitaine, 11 000 en Gironde. Un chiffre en nette progression. Comment l’expliquez-vous ?

Jean-Paul Parisot : La situation économique générale peut expliquer en partie ce phénomène : le chômage augmente pour tous, donc nécessairement aussi pour les handicapés. Mais il est important de noter que le niveau de chômage chez les personnes handicapées, qui a augmenté de près de 10% entre 2013 et 2014, a connu une hausse deux fois supérieure à celle qui frappe les travailleurs dits valides. De surcroît, cette progression a été très rapide depuis 2009 : la demande d’emploi des personnes handicapées a augmenté de 82% (46% pour les demandeurs d’emploi « tous publics »).

La crise touche donc davantage les « plus faibles ».

Oui. D’autant que le chômage des handicapés est un chômage de senior : près de la moitié des demandeurs d’emploi en situation de handicap ont plus de 50 ans, soit deux fois plus que chez les autres demandeurs d’emploi. Et chacun sait que la question de l’embauche des seniors est la plus délicate. Les personnes handicapées sont également davantage touchées par des situations de chômage de longue durée.

Dans une société où la notion de performance est érigée en valeur, les discriminations à l’égard des personnes handicapées se renforcent-elles ?

Oui, il existe un vrai problème de représentation. Il faut le marteler : le handicap ne signifie pas nécessairement une perte de productivité. Une personne handicapée moteur peut par exemple être un excellent informaticien. Bien sûr, il ne faut pas non plus se voiler la face : embaucher une personne handicapée demande parfois des aménagements. Mais nous avons les moyens de gommer matériellement et financièrement ces différences.

Pourtant près de la moitié des entreprises de plus de 20 salariées assujetties à l’obligation d’emploi de personnes handicapées (OETH) choisissent de ne pas embaucher de personnes handicapées et de verser en contrepartie une contribution financière à l’Agefiph…

En effet, mais il n’est pas toujours possible pour une entreprise de trouver une solution passant par la voie d’un recrutement de personnes handicapées. Sans sombrer dans l’angélisme, il faut néanmoins reconnaître que de moins en moins d’entreprises sont récalcitrantes. Reste que trop souvent, elles préfèrent la voie de la contribution à l’ Agefiph et surtout de l’emploi indirect. C’est la raison pour laquelle nous proposons un service Alther qui les informe et leur propose d’élaborer avec elles un plan d’action à même de faciliter l’emploi des personnes handicapées.

C’est-à-dire ?

De plus en plus d’entreprises préfèrent remplir leur obligation en passant par la sous-traitance et travaillent donc en lien avec des établissements et services d’aide par le travail (ESAT), que l’on appelait CAT auparavant. C’est le constat d’une récente analyse du ministère du Travail. Cette hausse de l’emploi indirect est une évolution récente qui pose de nombreux problèmes car elle ne répond pas à la nécessité de l’intégration des personnes handicapées dans le monde de l’entreprise. Les personnes handicapées ne doivent pas rester cloisonnées dans des milieux protégés… Ce serait une grave régression.

Que préconisez-vous pour que la situation s’améliore ?

Tout d’abord, il est clair que lorsque la situation économique globale sera meilleure, celle des personnes handicapées s’arrangera de fait. Mais cela ne suffira pas. Pour que l’accès à l’emploi des personnes handicapées soit facilité, il faut développer des leviers efficaces. Et notamment soutenir de manière qualitative et quantitative la solution de l’alternance qui permettra une vraie intégration des personnes handicapées dans le monde de l’entreprise et au-delà dans nos sociétés.

La restructuration de Cap Emploi en Gironde aboutit à la fermeture de l’agence sur la rive gauche pour ne garder que l’agence rive droite qui deviendra en 2015 l’unique agence pour la Gironde. 28 salariés ne sont toujours pas fixés sur leur avenir professionnel (voir encadré ci-dessous) !

Depuis deux ans, l’État a voulu revoir l’organisation de Cap Emploi dans un nouveau schéma régional. Il y a un an déjà, des regroupements ont eu lieu dans les Landes et dans le Pays Basque. Le processus était en cours en Gironde. Il y a eu un appel d’offre auquel ont participé Girpeh Aquitaine pour l’agence de la rive droite, et Rénovation pour l’agence de la rive gauche. La décision a été prise ce vendredi de retenir la proposition de Girpeh Aquitaine et de centraliser les services sur la rive droite. Les deux organismes n’ont pas encore approuvé le plan de réintégration des salariés mais les pourparlers sont toujours en cours et des entretiens avec les salariés sont prévus. La volonté est d’assurer avant tout la continuité des services auprès des 4000 personnes concernées et de mettre en place les équipes afin d’y arriver.


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