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L’autoroute ferroviaire Atlantique abandonnée

Le gouvernement a annoncé ce jeudi qu’il renonçait au projet d’autoroute ferroviaire Atlantique, entre Dourges (Pas-de-Calais) et Tarnos (Landes). Elle aurait pourtant permis un report de 7% des camions de la route vers le rail.

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L’autoroute ferroviaire Atlantique abandonnée

Le lorryrail, l'autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg, passant à Port-la-Nouvelle (Aleix Cortès/flickr/CC)
Le lorryrail, l’autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg, passant à Port-la-Nouvelle (Aleix Cortès/flickr/CC)

Cette nouvelle ligne dédiée au fret, et consistant à transporter les remorques des poids-lourds, devait voir le jour en janvier 2016 et transporter 85 000 poids lourds par an. Soit autant qui auraient pu éviter de traverser la France par la route, notamment via l’axe Bordeaux-Espagne…

« L’Etat ne va pas signer ce contrat pour la mise en oeuvre de l’autoroute ferroviaire », a déclaré Alain Vidalies ce jeudi à France Bleu Gascogne.

Selon le secrétaire d’Etat aux transports, « l’équilibre total de ce dossier a amené à constater qu’il y avait des conséquences pour les populations, que ce projet n’était pas financièrement équilibré, qu’il y avait un gros risque pour l’Etat ».

375 millions d’euros d’investissement

Il affirme que le dossier avait reçu « un avis négatif du conseil général de l’investissement » : l’autoroute ferroviaire coûterait les 375 millions d’euros de financement public, principalement de l’Etat et de Réseau ferré de France (devenu SNCF Réseau) et présenterait une rentabilité négative.

Selon le ministre landais,  le projet est aussi « considérablement fragilisé sur le plan juridique, par le fait que, au moment de l’enquête publique, on n’a pas suffisamment pris en compte les conséquences en matière d’environnement ». Pourtant, ces conséquences étaient jusqu’à présent plutôt considérées de façon positive : le ministère des Transports avait présenté ces autoroutes ferroviaires comme une concrétisation de la transition énergétique, et fait état d’ « un report modal de la route vers le rail de l’ordre de 7% du trafic, 480 poids lourds par jour, sur la traversée de la France du nord au sud ». En 2014, le ministère de l’Ecologie concluait que le projet était d’intérêt général, bénéfique pour l’environnement et la sécurité.

L’ouverture de l’autoroute ferroviaire atlantique avait été annoncée en septembre 2013, en même temps qu’une nouvelle commande de wagons spéciaux à la société alsacienne Lohr. Le contrat de concession entre l’Etat et VIIA Atlantique, filiale de la SNCF, a été signé le 20 mars 2014.

« Le lobby routier passe avant la population »

La FNAUT, fédération nationale des usagers des transports, a aussitôt dénoncé une « décision incompréhensible » :

« 375 millions d’argent public : c’est moins de la moitié de la somme qui sera versée par l’Etat à la société Ecomouv suite à l’abandon de l’écotaxe… La FNAUT rappelle qu’un centime de taxe additionnelle sur le gazole peut rapporter 400 millions d’euros par an à l’Etat. (…) Le projet permettait de réduire une partie des coûts externes (congestion de la voirie, accidents, bruit et pollution de l’air, émissions de gaz à effet de serre) engendrés par le trafic des poids lourds et assumés par la collectivité. »

La FNAUT regrette qu’ « une fois de plus, le gouvernement fasse passer les intérêts du lobby routier avant ceux de la population ».

« Les effets d’annonce sur l’excellence environnementale et la transition énergétique ne suffisent pas. Et l’organisation de la prochaine conférence internationale sur le climat à Paris doit se traduire par des décisions concrètes cohérentes. »

Actuellement, deux autoroutes ferroviaires existent: la ligne Bettembourg-Le Boulou (Luxembourg-Perpignan) a vu son trafic croître de 9% entre le premier semestre 2012 et le premier semestre 2013 et a transporté 55 000 poids lourds en 2012. L’Alpine franchit les Alpes et transporte environ 25 000 poids lourds par an.

Pour Alain Rousset, président de la région Aquitaine, on ne pourra pas faire l’économie d’une troisième autoroute ferroviaire :

« Le ministre a cédé au conflit sur Tarnos. Mais l’autoroute ferroviaire, elle va être nécessaire. C’est inéluctable. Vous ne pouvez pas mettre que 2,5 % des marchandises sur le fer. La région est la voiture-balai, la honte, du report modal. En plus, j’entends certains qui refusent la LGV en disant qu’on peut tout faire passer sur des voies qui vont être saturées très vite. Ça n’a pas de sens. Il faudra ressortir le dossier de l’autoroute ferroviaire, comme il faudra qu’on reprenne l’analyse de l’enquête sur la LGV parce que la mobilité c’est l’avenir. »


#Alain Vidalies

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