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Corps et âmes (2) : Tonia Leccese, boxe et culturisme à volonté

Depuis l’âge de 5 ans, Tonia Leccese enchaine les disciplines sportives en visant le haut niveau. Après la boxe américaine et la savate boxe française, elle vient de monter sur le podium du championnat de France de culturisme pour la troisième place en Culturis-Form.

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Corps et âmes (2) : Tonia Leccese, boxe et culturisme à volonté

Le moins que l’on puisse dire est que Tonia Leccese a la tête (pleine) sur les épaules (larges). Celle qui a été championne de France de boxe américaine, championne de France et de Belgique de savate boxe française technique, et championne de savate espoir en combat affiche une réussite insolente depuis l’âge de 5 ans.

Et comme les frontières sont étroites, elle se frotte au monde de la savate boxe française technique et devient championne du monde « à la maison », dans la région lyonnaise, à l’âge de 16 ans.

Tonia Leccese, en compétition depuis l'âge de 5 ans (WS/Rue89 Bordeaux)
Tonia Leccese, en compétition depuis l’âge de 5 ans (WS/Rue89 Bordeaux)

« Le combat perdu d’avance est celui auquel on renonce »

Âgée de 20 ans, elle rejoint l’Euro Fitness Sports & Loisirs au Bouscat en janvier 2015 pour se préparer au championnat de France de culturisme qui se déroule trois mois après à Lormont. Elle y décroche la troisième place en Culturis-Form devant des concurrentes entièrement vouées à cette discipline qui voit en elle une « arnaqueuse » :

« Je ne suis pas une arnaqueuse, se défend-elle. Au pire, une mercenaire ! J’ai des acquis sportifs et une musculation de part mes entrainements quotidiens, ensuite je me suis préparée pendant deux mois pour cette compétition avec une hygiène de vie et un régime alimentaire contraignants. C’est une compétition, j’y suis allée pour gagner, c’est tout ! »

Car pour Tonia Leccese, la devise est simple : « Le seul combat perdu d’avance est celui auquel on renonce ». Mise en confiance pour ces capacités à tenter le championnat de France de culturisme, elle s’attèle à des calculs de contraintes mathématiques :

« Il ne faut pas être très musclé pour pratiquer la savate sinon on perd en rapidité et souplesse, il a fallu donc un régime protéiné pour développer les muscles. J’ai du aussitôt passer à une “sèche”, un régime pour perdre la masse grasse et faire saillir les muscles. Il a fallu perdre 7 kilos en 2 mois. »

Chose qu’elle a accompli « au mental » et avec beaucoup de volonté. Ce qui lui a valu les compliments des pratiquants purs du culturisme.

« J’aime ressembler à une fille quand même ! »

Difficile d’imaginer à quoi peut bien ressembler une jeune femme plusieurs fois championne de boxe et de culturisme. Alors lorsque Tonia Leccese est arrivée à notre rendez-vous habillée d’une robe en dentelle rose et les ongles soigneusement manucurés, toutes les idées reçues ont pris la fuite.

« On est dans des sports d’homme, ce n’est pas forcément pour ça que je sors en jogging/basket. J’aime ressembler à une fille quand même, dit-elle en sirotant une grenadine à l’eau, même si ma mère a les cheveux presque rasés et s’occupe de mes entrainements ! »

Car chez les Leccese, la compétition est une affaire de famille. Née à Lille d’une famille italienne, père et mère adeptes de boxe, Tonia est l’ainée et emprunte aussitôt le chemin des rings ouvrant la voie à sa sœur, Gianna, qui compte bien rapporter elle aussi quelques coupes à la maison.

Installée à Saint-André-de-Cubzac depuis 3 ans, Tonia donne des cours de boxe et de fitness dans l’association TeamFF 33, fondée par sa mère, Florence, qui a également connu le haut niveau en haltérophilie et décroché la 2e place au championnat du monde de canne de combat.

Dans ses cours, comme dans sa vie de tous les jours, Tonia a une philosophie globale. Passée par des études en DUT Tech de co à Bordeaux, elle enseigne le sport sur la base de conseil en nutrition, en sophrologie, en naturopathie, et la pratique du TriggerPoint, une technique de soins des points douloureux dans la musculature :

« Le sport et le bien être du corps vont de paire. Il faut cultiver son sang froid, son assurance et sa force intérieur, car ce qui est important dans la pratique de sports de combats, c’est justement d’éviter de s’en servir. »

« Les embrouilles de tous les jours sont ridicules. »

Pourtant, passée de la savate forme à la savate combat à l’âge de 17 ans, Tonia Leccese n’abordait plus les rencontres de la même manière. La savate forme est une discipline alliant technique et gestuelle sans contact, la savate combat permet de porter des coups puissants et intègre le KO :

« Je n’ai jamais connu de KO, mes adversaires si, précise-t-elle avec malice. Je ne me réjouis pas de faire mal et parfois même, ça me fait de la peine de voir qu’un coup porté a cassé un nez. Dans les vestiaires, les autres cherchent l’intimidation avec des “je vais te démolir” par exemple. Moi, je ne rentre pas dans ce jeu là. »

Autour d’elles, ses amis proches savent à qui ils ont à faire. Les garçons, quand ils ne lui demandent pas conseil en musculation, la provoquent sans réussir à la sortir de ses gonds. Bien que discrète sur son parcours, ils ne cachent pas leurs fiertés de fréquenter une championne :

« Quand je dis que je fais de la boxe, on ne me croit pas. Alors je ne dis plus rien. Souvent, certains reviennent m’avouer qu’ils ont trouvé sur internet que j’étais championne du monde ! Mais ce n’est pas pour autant que je cherche à me battre, sinon je perds ma licence, le droit de participer à des championnats et même d’enseigner… Quand on atteint un certain niveau de la compétition, les embrouilles de tous les jours sont ridicules. »

Au quotidien, Tonia Leccese se sent décalée par rapport à son entourage. Avec son groupe d’amis, elle est « le Sam de la soirée ». Celle qui ne boit pas d’alcool et qui ne fume pas, ne se prive pas de danser « pendant six heures » parce que « si on est que dans le sport, on pète les plombs ». Sauf que le dimanche matin, quand les autres dorment après un samedi soir arrosé, « moi je fais mon jogging ».


#boxe française

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