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Vin du Bordelais : les absents de la liste des 300 riches

La publication de l’article sur les acteurs du vin bordelais présents sur la liste des 300 fortunes françaises aura suscité quelques interrogations, notamment sur l’absence de « grands noms » propriétaires de châteaux réputés. Éclairages et éléments de réponse.

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Vin du Bordelais : les absents de la liste des 300 riches

Vignoble dans le Bordelais (WS/Rue89 Bordeaux)
Vignoble dans le Bordelais (WS/Rue89 Bordeaux)

Et les Lurton ? Et les vieilles familles Kressmann (Latour Martillac), Schyler Schröder (Château Kirwan), De Bethman (Olivier), Cruse (Le Taillan, Château d’Issan) ? La publication de l’article sur les acteurs du vin bordelais présents sur la liste des 300 fortunes françaises aura suscité quelques interrogations.

Il ne faut pas oublier l’effet de la grande crise du milieu des années 1970, qui a éliminé pas mal de familles des Chartrons qui avaient spéculé à la hausse sur des stocks de vin : un rabot a été passé qui a rongé le négoce, même si plusieurs familles ont réussi à préserver alors leurs biens fonciers et immobiliers.

Par ailleurs, avoir un « grand nom » et un château réputé ne suffit pas à grimper tout en haut de l’échelle des fortunes ! Il faut cumuler des actifs (plusieurs domaines de renom, une maison de négoce, etc.) et parvenir à assurer le relais transgénérationnel. Avouons-le : les Lurton sont tout près des 300, au 305e rang ! Si l’on suit le classement du magazine Challenges (9 juillet 2015), plusieurs grands noms se positionnent juste en dessous des 300 plus fortunés, ce qui permet de combler l’attente de lecteurs avides de données sur les « riches » du vin…

A propos des Lurton

Des dynasties des Chartrons sont encore présentes à ce niveau (Castéja, Barton, Sichel), et elles ont été rejointes en effet par les Lurton. Leur site internet évoque la percée de François Lurton qui, en 1923, a épousé une héritière Récapet, d’une famille qui gérait une distillerie à Branne et s’était dotée de domaines viticoles, dont Château Bonnet : la première génération de ce qu’on peut appeler « les vrais Lurton » apparaît alors, avec André, né en 1924, Lucien en 1925, Simone en 1929 et Dominique en 1932.

« Léonce Récapet gère les propriétés, aux côtés de son gendre, jusqu’à son décès en 1943 ; André et Lucien secondent alors leur père François jusqu’à la majorité de Dominique en 1953, date à laquelle les quatre enfants Lurton héritent chacun d’un domaine : André (Château Bonnet), Lucien (Château Brane-Cantenac), Simone (les propriétés de Franquinotte et de Montremblant) et Dominique (Château Reynier) ; Clos Fourtet leur revient en indivision au décès de leur père François en 1971 », et quelque deux douzaines d’enfants ont pris le relais, eux-mêmes dotés de leur propre filière ! Les entremêlements familiaux (Récapet/Murton) sont équivalents chez les Joanne et les Castéja, l’essentiel étant d’avoir assuré la pérennité de leur maison.

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Des « parvenus » défient les dynasties

Ce sont les « parvenus » prestigieux qui ont réussi à venir défier ces dynasties en créant leurs propres dynasties, depuis deux (Cathiard) ou plusieurs générations. Comment les caractériser puisqu’ils ne vivent plus dans les Chartrons ? puisqu’ils mènent une vie sociétale et économique dans leur terroir, à l’échelle nationale et souvent internationale ?

Les Vauthier, de toute façon, gèrent Ausone sur Saint-Emilion : le château Ausone appartient à Alain Vauthier et à sa sœur Catherine, depuis le rachat des parts de leur tante Hélyette Dubois-Challon en 1997, et eux-mêmes ont pris le relais de leur père Marcel, décédé en 2015 (époux de Cécile Dubois-Challon, maire en 1970-1988), dans le sillage de deux siècles de propriété Vauthier et Dubois-Challon. Les Janoueix, comme les Moueix, sont des Corréziens, venus prospecter le commerce du vin dès 1898, avec un fief dans le Libournais.

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Le Bordelais face aux terroirs qui s’affirment

Paradoxalement, les vieilles familles des Chartrons ne figurent pas dans le reste du classement établi par Challenges… Il faut quitter le Bordelais et rejoindre d’autres terroirs pour dénicher des fortunes viti-vinicoles d’envergure, y compris dans l’ensemble de l’économie des alcools. Le défi à l’histoire girondine se trouve là : d’autres terroirs se sont affirmés, avec une forte image de marque et des marques, avec eux aussi un « snobisme » international et relationnel.

Or le vide qu’on constate en Gironde dans ces fortunes allant du 300e au 500e rang est surprenant : au-delà d’une couche de très haut niveau (la crème de la crème), le capitalisme girondin s’est-il suffisamment renouvelé ? Reste-t-il ouvert à des entrepreneurs conquérants ? On peut en débattre, en priant Bacchus et Mercure pour que la créativité reste affûtée dans le vignoble, au lieu de se contenter d’apprendre le chinois !

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