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Prêt contesté de la région Aquitaine à Sud Ouest

Les élus d’opposition de la droite et du centre au conseil régional d’Aquitaine ont dénoncé ce lundi la volonté d’Alain Rousset d’octroyer, en pleine campagne électorale, un prêt de 900 000 euros à Sapeso, la société éditrice du journal Sud Ouest, sans remettre toutefois en cause le bien fondé de cette aide. Nicolas Florian, des Républicains, …

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Prêt contesté de la région Aquitaine à Sud Ouest

Les élus Modem et Les Républicains, ce lundi 14 septembre au conseil régional (SB/Rue89 Bordeaux)
Les élus Modem et Les Républicains, ce lundi 14 septembre au conseil régional (SB/Rue89 Bordeaux)

Les élus d’opposition de la droite et du centre au conseil régional d’Aquitaine ont dénoncé ce lundi la volonté d’Alain Rousset d’octroyer, en pleine campagne électorale, un prêt de 900 000 euros à Sapeso, la société éditrice du journal Sud Ouest, sans remettre toutefois en cause le bien fondé de cette aide.

Nicolas Florian, des Républicains, dénonce « le calendrier » de ce prêt – d’un taux de 3,06%, similaire aux taux des banques, sur 7 ans –, qui a été présenté et voté ce lundi en commission permanente du conseil régional.

Il permet à Sapeso de boucler un plan de refinancement de 7,7 millions d’euros, dont 4,8 millions de prêts bancaires, 2,1 millions avancés par la Banque publique d’investissement (BPI) et 0,9 million par le conseil régional d’Aquitaine, comme l’indique la direction du quotidien régional à Rue89 Bordeaux.

Accordé à deux mois des élections régionales, ce prêt offre toutefois au président sortant Alain Rousset l’occasion « d’afficher son volontarisme et de se présenter comme le chevalier blanc volant au secours de la presse », assure Nicolas Florian.

« Comme nous serons aux affaires en décembre, anticipe en plaisantant le conseiller régional et adjoint au maire de Bordeaux, il n’y a pas de raison que ce projet soit remis en cause : il est normal que la région aide les entreprises et soutienne la presse. »

« Mélange des genres »

Contestant « la méthode » d’une décision prise en urgence et « en catimini », il ajoute que les Républicains et le Modem auraient même été d’accord pour « donner un million, pas les prêter, puis apparaître aux côté du président de région pour l’annoncer ».

Pour Jérôme Peyrat, conseiller régional Les Républicains, par ailleurs directeur de campagne de Virginie Calmels, Alain Rousset « mélange les genres et fait campagne avec les moyens de la région, inaugurant à tour de bras, ou se faisant inviter chez ses vassaux du Limousin et du Poitou-Charentes ».

Urgence

Le président de la région Aquitaine rétorque que la situation de Sapeso, éditeur du quotidien régional, et « l’avenir de ses 1200 emplois » (1019, selon le site du groupe, NDLR) ne permettait pas « d’attendre 6 mois » et la réunion d’une prochaine commission permanente après les élections :

« Le cœur de métier de la région, c’est d’aider les entreprises. C’est un dossier incontournable, et nous faisons la même chose pour Sud Ouest que pour Gascogne ou Turbomeca. Nous ne le faisons pas passer en catimini : dès que les derniers éléments nous ont été transmis, à la veille des vacances, nous les avons fait passer. Cela démontre l’incompétence notoire de ces personnes concernant l’aide à la restructuration des entreprises. »

« Alain Rousset ne nous a pas achetés »

« Notre calendrier n’est pas celui d’une élection », renchérit Patrick Venries, directeur de la publication du quotidien régional. « Dans un tour de table, tout est lié », et l’apport du conseil régional permettait de débloquer les autres financements. Une urgence pour le quotidien, qui, après plusieurs années difficile, un plan de départ volontaire et la cession des Journaux du Midi (Midi Libre), est revenu l’an dernier à l’équilibre.

« Je comprends bien l’ambigüité que cela peut susciter, mais Alain Rousset ne nous a pas achetés », juge par ailleurs utile de préciser Patrick Venries.

Presse libre

Alain Rousset balaye aussi les accusations de vouloir ainsi peser sur la ligne du quotidien :

« Est ce que vous pensez que j’ai quelque autorité que ce soit sur les journalistes ? C’est une relation que la droite entretient avec les médias, comme Bolloré (propriétaire de Canal Plus, NDLR) ou Dassault (propriétaire du Figaro, NDLR). Moi je suis un adepte de la presse libre. »

Les conseillers régionaux Modem et Républicains ont pour leur part démenti toute velléité d’attaque indirecte contre le journal, bien que, comme le leur ont rappelé des journalistes lors de la conférence de presse, certains membres de l’équipe de Virginie Calmels se sont plaints du ton de certains articles de Sud Ouest, jugé trop favorable au président sortant.

Ils ont en revanche regretté que les élus ne soient pas plus associés au suivi de l’avenir du titre, à l’image du contrat d’objectif et de moyens conclu avec TV7, la chaine de télé du groupe Sud Ouest, qui reçoit 1,025 million d’euros par an du conseil régional.

Politiques se défendant de vouloir retirer aux médias leurs perfusions d’argent public ou se défendant de les acheter, journalistes considérant qu’un média doit être soutenu est une entreprise comme une autre et doit être soutenu par les collectivités : lundi au conseil régional d’Aquitaine, tout le monde marchait sur des œufs.


#Alain Rousset

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