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Plutôt marché de Noël ou chaîne pour le climat ?

Les organisateurs bordelais de la marche pour le climat appellent à une chaîne humaine, dimanche à 14h, en lieu et place de la manifestation. L’interdiction de celle-ci par l’Etat indigne plusieurs élus et citoyens.

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Plutôt marché de Noël ou chaîne pour le climat ?

Visuel partagé sur Facebook par les partisans de la marche (DR)
Visuel partagé sur Facebook par les partisans de la marche (DR)

« Ce ne sera ni un rassemblement ni une manifestation, notre démarche se veut toujours pacifique et joyeuse. Elle symbolise la fraternité entre les peuples et notre détermination à exister dans le débat public. »

En appelant à former une chaîne humaine, dimanche 29 novembre à 14h place de la Victoire à Bordeaux, les organisateurs n’entendent pas braver l’état d’urgence, ni contourner l’interdiction préfectorale frappant la marche pour le climat, et toute manifestation de vendredi minuit à lundi 00h.

« L’arrêté a été pris pour nous protéger, souligne Thibault, un des coorganisateurs. Mais nous avons de notre côté beaucoup de frustrations, de demandes de la part de citoyens qui risquent de venir à la Victoire soit parce qu’ils n’ont pas eu information de l’annulation, soit parce qu’ils veulent manifester malgré tout. Il était de notre responsabilité de les prendre en charge, et nous avons cherché un moyen de se conforter à ce qui nous est dit par la préfecture. »

Limiter les risques

La chaîne humaine, option également choisie par Alternatiba et Attac à Paris, a en effet des principes d’organisation distincts d’une manifestation sur la voie publique : elle devra se dérouler sur les trottoirs et espaces piétons, non sur la voirie, être encadrée par des gens postés aux intersections, et ne pas se rendre près des monuments commémorant les victimes d’attentats. Ce qui, selon les juristes d’Alternatiba, limiterait pour ses organisateurs les risques d’être inquiétés par la justice.

« Les participants sont des passants, pas des manifestants, poursuit Alain Blanc. Nous entendons le message de la préfecture, qui dit manquer de moyens pour nous protéger. La chaîne humaine nous permet d’exprimer notre mécontentement et de faire pression sur la COP21, tout en limitant le risque terroriste, puisque les gens sont répartis dans l’espace. »

« Je serai dans la rue avec mon écharpe »

Aux yeux des organisateurs, mais aussi de plusieurs élus de l’agglomération bordelaise qui se sont exprimés contre l’interdiction de manifester ce vendredi en conseil de métropole, les citoyens doivent pouvoir se faire entendre.

« Je serai dimanche dans la rue avec mon écharpe » (tricolore), a même tonné le communiste Max Guichard, adjoint au maire de Cenon, sans même connaître alors la tenue de la chaîne humaine.

Pour Pierre Hurmic, conseiller écologiste de Bordeaux, les risques sont bien moindre lors d’un happening écolo qu’au marché de Noël ou à un match de foot ou de rugby, manifestations autorisées :

« A qui fera-t-on croire, après les attentats du 13 novembre, que les enceintes sportives et les lieux de consommation ne sont pas susceptibles de constituer des cibles potentielles pour les terroristes ? Le préfet déclarait que la vie doit continuer. Oui mais pour consommer. »

Absence d’ambitions commerciales

Conseiller municipal PS de Bordeaux, Nicolas Guenro exprimait le même point de vue sur sa page Facebook :

« Rassurons-nous, le marché de Noël sera bien inauguré samedi à 12h allées de Tourny. Il s’agit en effet d’un “événement culturel” et non pas d’une manifestation publique. Nuance. Ce dimanche également près de 120 magasins ouverts dans Bordeaux. On peut donc en conclure que l’interdiction vise moins la concentration de personnes (sinon la rue Sainte-Catherine serait fermée) que l’absence d’ambitions commerciales des manifestations citoyennes. »

Marche virtuelle

Le premier vice-président de la métropole, Alain Anziani, qui présidait la séance de vendredi, a également dit son embarras quant à cette décision du gouvernement. Anne Walryck, vice présidente en charge du développement durable, a en revanche tenté de la justifier :

« Je suis extrêmement désolée de l’annulation de cette marche par le gouvernement et la présidence de la COP21, en raison de la vulnérabilité des participants. Mais la menace terroriste suscite des besoins conséquents de sécurité et on peut comprendre qu’ils soient mobilisés par ailleurs. Annuler le marché de Noël aurait été un symbole à contresens de la nécessité de rester debout. Pour manifester malgré tout pour le climat, on peut trouver par March4me une personne dans le monde entier qui marchera à sa place. »

Adjoint au maire de Bordeaux en charge de la sécurité, Jean-Louis David, interrogé par Rue89 Bordeaux, précise que le marché de Noël a pu être autorisé à la condition de renforcer le dispositif de sécurité – 17 agents de sécurité privée seront sur le pont, au lieu de 12 initialement prévus, et la police municipale sera mobilisée. L’objectif est double : que les gens n’aient pas les boules, et en achètent pour leur sapin.


#Bordeaux métropole

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