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Le web libre tisse sa toile en Gironde

Les hackers du monde entier sont réunis depuis ce dimanche à Hambourg pour le 32e congrès du Chaos Computer Club. Au milieu des 12000 personnes présentes se trouvent Aquilenet et LaBx, des militants girondins pour un monde numérique libre.

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Le web libre tisse sa toile en Gironde

Le L@Bx a été fondé en 2010 (DR)
Le LaBx a été fondé en 2010 (DR)

Le LaBx, critique de la technologie

« Les hackers sont des idiots » lance Pierre Grangé-Praderas avec un large sourire. Il sait de quoi il parle, puisqu’il en est un. Ce Bordelais fait même partie de la crème de la crème des hackers : il a co-fondé le LaBx (pour Laboratoire Bordeaux mais prononcez Lab-X). Il explicite aussitôt son propos :

« Je dis ça au sens grec de l’idiot : les non-spécialistes. »

Le LaBx, installé à la Fabrique Pola, a pour but d’exercer « des bidouilles en tout genre, dans un but de partage et d’échange », selon leur site. D’ailleurs, la première chose qu’il bidouille c’est le principe commercial d’avoir un objectif et d’y mettre les moyens. Au LaBx, on regarde d’abord les moyens qu’on a et on voit ce qu’on peut faire avec.

Tous les mardis et vendredis soirs, la soixantaine de membres se réunit et buche sur leurs projets : du four solaire au serveur informatique en passant par des imprimantes 3D ou une voiture qui roule toute seule. Electronique, informatique et un peu de mécanique sont au programme de ce « hacker space », cousin éloigné du Fablab.

« Dans un Fablab, il y a un fab-manager qui explique comment travailler, détailler Pierre Grangé-Praderas. C’est très américain et évangéliste sur la technologie à utiliser. Et c’est très vertical : les spécialistes expliquent aux moins spécialistes. Le hacker space c’est le contraire, avec une horizontalité totale. On a des chercheurs en biologie, des anciens profs de techno, d’autres sont totalement autodidactes. L’un dit je veux faire ça et chacun propose des idées. »

Inspiré par le Chaos Computer Club (CCC) en Allemagne, le LaBx garde un point de vue critique sur la technologie, loin des « extasiés comme ceux du mouvement transhumaniste » ajoute Pierre Grangé-Praderas. Il préfère détourner des machines et des programmes informatiques pour en créer de nouveaux.

Aquilenet, l’Internet bio

Aquilenet est un peu au web ce que les Amap sont au shopping de fruits et légumes et Enercoop à l’énergie. Et ce FAI (fournisseur d’accès à internet) associatif cause VPN (réseau privé virtuel) comme les écolos parlent permaculture : avec une facilité déconcertante.

Le jargon est austère mais on comprend aussi qu’Aquilenet propose « l’Internet tel qu’il devrait être », c’est-à-dire le plus libre possible. L’actuel projet de loi sur le numérique affirme un de leur principe de base : la neutralité du net inscrite dans le texte de la ministre Axelle Lemaire, stipule que la diffusion d’Internet deviendrait la même pour tous, contrairement aux pratiques actuelles des fournisseurs d’accès commerciaux.

Avec Aquilenet, les adhérents payent un peu plus cher mais n’ont pas d’Internet bridé, savent où les données sont stockées et d’où vient leur connexion. Les comptes de l’association comme la bande passante sont ouverts, et les données personnelles des usagers ne sont pas utilisées.

Créée en 2011, l’association a connu une progression constante avec une douzaine d’adhérents en plus chaque année. Fin 2015, ils sont 70 membres.

« Comme ils consomment bio, ils achètent l’Internet proprement », ajoute Samuel Thibault, membre d’Aquilenet

Les plus experts se font un plaisir de jouer les services après-vente pour tout souci de connexion. Aquilenet voudrait aussi relier les zones mal desservie par Internet et promouvoir la création de régies municipales du web.

Aquinum, le web « un peu schizo »

Aquinum est « un peu schizophrène » avoue son cofondateur François Moraud. Il faut dire que l’association fait le grand écart. En mai dernier, elle prend position contre la loi sur le renseignement mais reçoit dans la foulée la directrice de la communication… de Facebook France.

Certes, ils organisent des rencontres régulières autour de l’encyclopédie libre Wikipédia mais, début décembre, Aquinum propose aussi un atelier « pour optimiser les leviers de performance » prônant notamment les outils de Google. François Moraud s’en explique  :

« Il y a du pragmatisme dans le travail avec Google mais il faut rappeler que toute utilisation générale a une incidence. Donc si vous ne voulez pas l’utiliser d’autres solutions existent. »

C’est le message que transmet depuis 5 ans l’association. Ses 400 membres environ se retrouvent au Node, espace de co-working installé dans le quartier Saint-Pierre à Bordeaux. Et s’ils ne sont pas des « libristes purs et durs », ils connaissent parfaitement les rouages de l’économique numérique et de ses dérives, rappelant que « si vous ne payez pas, c’est vous le produit ».

Giroll, logiciel et liberté chérie

Firefox pour Internet, VLC pour le son et la vidéo et Open Office pour le traitement de texte sont des logiciels autant populaires qu’éthiques et que promeut Giroll (Gironde Logiciel Libre). Au départ, en 2005, le collectif se concentre sur Linux-Ubuntu, sorte de Windows libre et gratuit, puis les logiciels libres poussent comme des champignons (notamment grâce à Framasoft) et désormais toute une culture libre est à défendre. Yuric membre de Giroll s’explique :

« On part du principe que si le libre était impulsé par une mouvance informatique, il a depuis dépassé l’informatique pour aller vers le livre libre, la musique libre, la bière libre, les manuels pour cultiver sa terre libre, la nourriture libre, la voiture électrique libre. »

Le libre est en fait la possibilité d’avoir accès au mode d’emploi et de fabrication. Le partisan du Fais-par-toi-même (Do it yourself, dans la langue de Richard Stallman) continue :

« On a l’objet, le mode d’emploi et son mode de fabrication. On va pouvoir modifier sa fabrication et si ça marche on va pouvoir le distribuer. »

Au centre d’animation Saint-Pierre de Bordeaux, Giroll s’adresse aux professionnels comme à un large public pour promouvoir les outils de bureautique, de retouches de photos, les jeux vidéos ou encore comment contribuer à Wikipedia. Et inutile de préciser que chez Giroll, on critique aussi l’utilisation des données personnelles par Google et Facebook, ou encore qu’on dénonce la loi sur la surveillance numérique.

Et aussi

  • Abul : L’association bordelaise des utilisateurs des logiciels libres peut se rendre fière d’avoir contribuer, il y a 15 ans, à la naissance des rencontres mondiales du logiciel libre. Dans un esprit similaire à Giroll, l’Abul prend aussi régulièrement position sur les grands enjeux politiques.
  • Aquinetic : L’association veut faire de l’Aquitaine un pôle d’excellence en matière de développement de technologies libres et ouvertes. La voiture libre n’est pas loin.
  • Médias-Cité : Cette plateforme bordelaise réunit innovation sociale et numérique dans la région Aquitaine. Après les attentats du 13 novembre à Paris, elle avait lancé le site participatif Educ-Attentats pour aider parents et enseignants à en parler aux enfants.
  • Les Quadr’apéro : Lancés à Bordeaux en novembre dernier pour soutenir la campagne de soutien au site la Quadrature du Net, les prochaines dates sont attendues.

#Aquilenet

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