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Tout, tout, vous saurez tout sur le tram D

Après un feuilleton judiciaire qui a duré jusqu’à juillet dernier, c’est officiel : les travaux du tram D commenceront en janvier prochain. Rue89Bordeaux répond aux 5 questions incontournables sur la future ligne qui reliera Bordeaux à Eysines. Avant d’aller plus loin encore ?

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Tout, tout, vous saurez tout sur le tram D

La ligne D remontera toute la rue Fondaudège (WS/Rue89 Bordeaux)
La ligne D remontera toute la rue Fondaudège (WS/Rue89 Bordeaux)

Quel tracé va emprunter la ligne D ?

La nouvelle ligne s’étendra sur exactement 9,8 kilomètres et traversera quatre communes : Bordeaux, Le Bouscat, Bruges, Eysines. Quinze stations seront créées, dont une à la barrière du Médoc, une à la mairie du Bouscat, une à l’hippodrome du Bouscat et un terminus à Cantinolle à Eysines, à la frontière du Haillan.

La ligne partira de la place des Quinconces pour emprunter le cours Tournon, la place Tourny, la rue Fondaudège et la rue Croix de Séguey à Bordeaux ; l’avenue de la Libération, la route du Médoc et  l’avenue de l’Hippodrome au Bouscat ; la rue Jean-Jaurès, la rue du Tronc du Pinson, l’avenue Picot, la rue Gabriel-Moussa, la rue du Dées et l’avenue du Taillan à Eysines.

Combien de temps vont durer les travaux ?

Presque trois ans. Un temps annoncée pour 2017, la ligne D devrait voir le jour en 2019. Les travaux commenceront en janvier 2016 à Bordeaux, mi-2016 au Bouscat et à Bruges, et au second semestre à Eysines. La première étape sera la déplacement des réseaux (eau, gaz, électricité…) pour qu’ils restent accessibles aux interventions une fois le tramway en circulation.

Chaque opérateur (EDF…) sera responsable des travaux concernant son réseau, mais TIZYA, le groupement maître d’œuvre de la réalisation du tram, coordonnera  l’ensemble, ont expliqué des représentants de la Métropole lors d’une réunion d’information mardi 15 décembre. L’ensemble devrait coûter autour de 250 millions d’euros, mais selon le vice-président aux transports de demain, Michel Labardin, « la Métropole explore des pistes d’économie, l’arbitrage devrait être fait en janvier 2016 ».

Les travaux d’aménagement des infrastructures  du tram et des voies ferrées débuteront en 2017, et devraient s’achever courant 2019. L’appel d’offre pour choisir les entreprises qui œuvreront à la réalisation de la ligne devrait être lancé une fois les arbitrages financiers faits en janvier. Une partie d’entre elles seront des entreprises locales, « notamment en ce qui concerne le mobilier et les espaces verts ». Selon Bordeaux Métropole, la moitié du montant des marchés pourrait revenir à des sociétés locales.

La place Tourny réaménagée

La Métropole assure qu’elle veut limiter au maximum la gêne des habitants durant ces travaux, tout en reconnaissant qu’elle sera inévitable.

« Pour réaliser les travaux rue Fondaudège, nous devrons détourner les bus, mais nous le ferons le plus tard, aux vacances de février, afin de ne pas perturber le ramassage scolaire » a expliqué une représentante de la Métropole lors de la réunion publique du 15 décembre.

Du 12 au 20 janvier, les habitants de la rue devraient être consultés sur différents aspects des travaux.

Durant les travaux, la place Tourny devrait être réaménagée. Le projet a été soumis à un concours d’architectes, la Métropole est en train d’analyser la proposition des lauréats.

Les bus qui remontent la rue Croix-de-Seguey, à droite, seront déviés en contre-sens rue David-Johnston, à gauche, le temps des travaux (WS/Rue89 Bordeaux)

Comment vont cohabiter tram, autos, piétons et cyclistes ?

Le tram va devoir se faire une place dans des espaces de circulation parfois exigus. Pour permettre son installation, certains modes de transport seront affectés. Dès sa mise en service, plusieurs rues seront mises en sens unique, dont le cours Tournon, de la place Tourny à la place des Quinconces.

Dans certaines rues, les trams et les voitures devront cohabiter sur une même voie. La Métropole estime qu’au moins une des deux voies du tram sera partagée avec les voitures sur environ la moitié de la ligne.

Certains parkings seront détruits pour permettre l’installation des infrastructures, mais deux parcs relais (un à l’arrêt Le Sulky, près de l’hippodrome, et un au terminus à Eysines) ainsi que trois parkings de proximité (un à la mairie du Bouscat, deux dans le centre de Bordeaux) seront créés.

Cela n’est pas du goût de tous les habitants : les parkings de proximité ne sont pas situés exactement au même endroit que les parkings qui seront fermés. Un parking est notamment prévu Barrière du Médoc pour en remplacer deux autres, rue Thiac et rue Lebrun.

Les travaux du parking prévu à la barrière du Médoc ont déjà démarré (WS/Rue89 Bordeaux)

Les cyclistes inquiets

Ce sont les cyclistes qui s’inquiètent le plus. Lors de la réunion publique du 15 décembre, plusieurs habitants ont pris la parole pour demander des voies adaptées aux vélos. Or, à de nombreux endroits, les vélos ne disposeront pas d’une piste propre, mais circuleront sur la chaussée avec les voitures et/ou le tram. Et le double sens pour les vélos ne sera pas institué sur toute la ligne.

« On espérait qu’à partir de la barrière du Médoc on pourrait aller dans le centre de Bordeaux, on pensait qu’on pourrait circuler dans les deux sens. Or, ce n’est pas le cas. Rien n’a été fait pour la circulation des vélos » s’exaspère un habitant.

Mais pour le président de Bordeaux Métropole, Alain Juppé, « il ne faut pas être prisonnier de l’idée que le développement du vélo passe nécessairement par des voies adaptées. En ville, partager l’espace est une nécessité ».

Les piétons devraient, eux, bénéficier d’une place confortable pour circuler : la Métropole s’est engagée à ce que les trottoirs fassent au minimum 1,5 mètres de large, jusqu’à deux mètres quand c’est possible.

Rue Charles Gruet, c’est avec les arbres qu’il faudra cohabiter : il était impensable de les couper, aussi « le mobilier sera réduit au strict minimum » selon la Métropole. A l’arrêt Marie Brizard, par manque de place, il n’y aura qu’un seul quai central.

Et après ?

Les tracés de la ligne D du tramway (en rose) et du tram-train (en bleu) (CUB)

En 2019, à la mise en service, le tram D aura pour terminus Cantinolle, à Eysines. Mais un prolongement est déjà prévu : il devrait aller jusqu’à Saint-Médard-en-Jalles, soit un allongement de la ligne de quatre kilomètres.

Pour l’instant, aucun calendrier précis n’a été fixé. Selon le vice-président de la Métropole aux transports de demain, Michel Labardin, le projet de cette extension est acté, et il sera inclus dans le Schéma directeur opérationnel des déplacements métropolitains (SDODM), qui devrait être validé en janvier 2016.

« Le projet d’extension est encore à l’état d’étude pré-opérationnelle », précise-t-il.

Le maire de Saint-Médard, Jacques Mangon, et le collectif Urgence Grande Ligne D, continuent de militer pour accélérer les choses.

« On essaye de mettre en exergue la nécessité de réaliser l’extension le plus vite possible, explique le maire. On a besoin d’une équité territoriale forte. L’impact de la liaison dépassera Saint-Médard, elle affectera l’ensemble du Médoc. »

Pourtant, le projet est loin de faire l’unanimité : les élus du Haillan ont voté à l’unanimité une motion contre cette extension, « qui soulève de nombreuses interrogations techniques, juridiques et financières », et dont le tracé passe par des zones protégées (zone Natura 2000, ZPENS, proximité de la zone de captage). Les élus du Haillan proposent plutôt de prolonger le tramway A, qui s’arrête actuellement au Haillan.

Entre 2021 et 2027à Saint-Médard

Jacques Mangon balaie les arguments de ses adversaires et espère une mise en service en 2021, mais Michel Labardin assure que les travaux seront réalisés durant la prochaine mandature, soit entre 2021 et 2027.

Le maire veut faire de Saint-Médard un centre d’échange qui réunirait le tramway, les bus du département, et des parkings de rabattement suffisamment grands pour accueillir les voitures des Médoquins. Ceux-ci pourraient ensuite prendre le tram pour rallier Bordeaux.

Saint-Médard-en-Jalles se trouverait ainsi à moins de 40 minutes du centre de Bordeaux. Selon son maire, le coût du projet serait inférieur à 50 millions d’euros, un coût modéré rendu possible par la présence de rails sur le tracé du tram (il suit une ancienne voie ferrée, reconvertie en voie verte) et un nombre limité de stations. Mais Michel Labardin indique que pour l’instant, aucun chiffre n’a été validé par la Métropole.

« Il faut trouver un moyen de sortir les voitures de la rocade. Le tramway permettra des gains considérables pour les conditions de vie, l’écologie, le dynamisme de la zone », affirme Jacques Mangon.

En parallèle, la Métropole doit aussi faire démarrer son tram-train du Médoc, des bus à haut niveau de service, une desserte de l’aéroport en tram, et un tramway entre Talence et Gradignan, trois projets inclus dans le SDODM qui sera validé en janvier. Le tram Talence – Gradignan devrait voir le jour durant la prochaine mandature.

Comment calmer les riverains ?

La Métropole assure qu’elle sera à l’écoute des citoyens : un service Médiations Riverains est actif pour renseigner les habitants sur le déroulé des travaux (lettres d’information, réunions), et un médiateur est déjà responsable de chaque secteur pour dialoguer avec les riverains, recueillir leurs remarques, organiser les déménagements et les livraisons lorsque les travaux empêcheront la circulation.

« Nous préférons que vous nous appeliez avant d’être vraiment très énervés », assure la responsable du service, Monique Bourland.

Cela n’empêche pas la Métropole de penser à ceux qui seront aussi lésés. Elle a mis en place une Commission d’indemnisation à l’amiable à destination des professionnels qui constateraient un préjudice commercial suite aux travaux.


#Alain Juppé

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