Hors Bord Festival : immersion électronique aux Bassins à flot

« Ça fait quatre ans qu’on y réfléchit, on l’a enfin, notre festival de musiques électroniques. »

Depuis le pont de l’I.Boat, Benoît Guérinault, son directeur artistique, montre de la main le site qui va accueillir au printemps prochain la première édition du festival Hors Bord : la dalle située à l’ombre de la grue Wellman qui trône encore dignement près des cales sèches.

Complexe maritime

Pour piloter l’événement, l’I.Boat s’est associé aux structures Trafic et Amical Music Production (AMP). L’association Trafic est déjà connue sur Bordeaux pour avoir organisé les afters de l’Auditorium, les drive-in de l’Eté Métropolitain, ou avoir collaboré à la programmation artistique de la Semaine Digitale. Quant à l’agence de booking et société de production AMP, elle partage son temps entre Paris et La Rochelle – où on leur doit notamment le festival Roscella Bay. Ensemble, les trois partenaires ont bâti le concept de Hors Bord.

Pour être concret, Hors Bord ce sera trois journées, deux scènes, une trentaine d’artistes, 5000 mètres carrés exploités, un village, des foodtrucks et un espace chill out gazonné. Benoît Guérinault résume : « un vrai petit complexe ouvert sur l’eau ».

Dans le décor de chantier en perpétuelle évolution qu’est devenu le futur « Bordeaux Maritime », l’objectif des promoteurs du festival est de « se positionner avant l’installation même des premiers habitants » et d’éviter que les bassins ne deviennent « un quartier endormi ».

On/Off

Dormir, il n’en sera pas question, avec la programmation organisée en formats « on » et « off », avec un bon équilibre entre performance live et DJ.

« Musiques électroniques n’est pas synonyme de musique de club », tient à préciser Pierre-Louis Hirel de la société AMP, et ce « depuis le début de ces musiques : Pierre Schaeffer, Kraftwerk, etc. La réinterprétation de la musique électronique en musique de club date des années 90, mais à la base il s’agit d’une musique de composition comme une autre. Notre but est de chercher à représenter une identité globale de ces musiques, au travers de la diversité des artistes que nous allons inviter ».

Parmi les points forts de la programmation, on peut d’ores et déjà citer Pantha du Prince, pour un live à la fois audio et vidéo en compagnie de The Triad (« un projet rare », dixit Benoît), qui sera présent à Bordeaux « 24 heures à peine après la sortie de son album à venir – son premier disque après six ans d’attente ». Mais aussi le producteur anglais Leon Vynehall (« il a le vent en poupe en ce moment »), Bonnie Banane (« le renouveau du r’n’b français ») ou le trio danois WhoMadeWho, dont la venue à Bordeaux sera une exclusivité totale.

Les artistes bordelais à l’affiche seront dévoilés lors d’une deuxième vague d’annonces :

« J’attends encore une ou deux réponses », fait patienter Benoît Guérinault, soulignant que « l’idée du festival est de travailler avec des artistes référents au niveau international mais aussi avec du local, en faisant appel à des collectifs, comme par exemple L’Orangeade Crew en disco house. »

Festival autonome

La ville de Bordeaux soutient la manifestation, par une dotation de 10000€ du Fonds d’aide à la création – soit « 5 % du budget total », d’après les calculs des organisateurs. A part cela, on ne remarque nulle présence de partenaires institutionnels ou d’autres opérateurs historiques :

« Ce projet s’est vraiment monté entre nous, expose Benoît Guérinault. On  travaille sur un événement que l’on maîtrise complètement, que ce soit en termes de moyens, en termes techniques ou en termes artistiques. En fin de compte, on fait comme on a toujours fait : en étant autonome. »

« Etre indépendant n’exclut pas d’avoir l’intelligence de s’associer avec d’autres personnes », précise Pierre-Louis Hirel, se projetant volontiers dans des éditions futures : « On n’est pas des pirates ! »

A l’heure où le quartier connaît de fort enjeux de valorisation, Benoît de l’I.Boat estime toute tentative de récupération de l’événement Hors Bord « peu probable » :

« On raisonne en sens inverse : on impose notre projet, avec le but de s’ancrer dans le territoire des Bassins, au-delà des activités qui ont lieu toute l’année sur le bateau. »

Pour sa première édition, le festival Hors Bord mise sur une fréquentation de 4000 personnes par jour.