Reculs sur la neutralité du net, menaces sur les données personnelles, censures, directives anti-piratage, TAFTA, état d’urgence… « Les droits et libertés des citoyens sur internet » et « la libre circulation de la connaissance » sont-ils aujourd’hui menacées ? C’est ce que débattront ce mardi les intervenants à la table ronde de ce mardi à Darwin, « Que reste-t-il de l’internet libertaire ? »
Cependant, Frédéric Bardeau prévient d’emblée :
« L’internet libertaire n’a jamais vraiment existé et a toujours été conditionné. »
Le paradoxe internet
Fondateur de Simplon.co et auteur d’un ouvrage sur Anonymous « Lire, écrire, compter, coder », Frédéric Bardeau est l’un des intervenants de cette conférence. Il rappelle qu’à l’origine, internet est l’invention de programmes militaires, universitaires et de communication :
« Le tournant libertaire, proche de la tradition anarchiste, a été le résultat de la libre circulation des données et des opinions, sans maître ni lien central. Ce qui est inquiétant aujourd’hui est son extension à des grandes plateformes dans un esprit supermarché. »
S’appuyant sur les révélations d’Edward Snowden, Frédéric Bardeau pointe le paradoxe d’ « un espace d’expression génial » et « la mise en place d’une surveillance massive », en admettant qu’il « est compliqué de dire que tout est bien » sur le web où la moindre idée dangereuse « touche beaucoup de monde » :
« Il y a pourtant des hacktivistes qui pourraient partager leurs méthodes et créer des alternatives. Au lieu de ça, ils ignorent le bon peuple, stigmatisent son comportement sur internet où il lâche naïvement des informations personnels sur Facebook ou Google… »
Logiciel libre et environnement
Dans le collimateur des mobilisés pour l’internet libertaire, on trouve l’exploitation des données personnelles par les entreprises. Olivier Blondeau, autre intervenant au débat, s’inquiète aussi de « la manière dont les entreprises récupèrent le mouvement de ceux qui mobilisent leur intelligence pour travailler sur le logiciel libre ». Dans ce sens, l’internet comme espace de liberté est menacé, estime ce docteur en Science Politique, qui travaille également sur les formes de mobilisation politique sur Internet.
A travers nos renseignements fournis sur certains sites, nos déplacements sur la toile, nos pages consultées, nos achats en ligne, « on vit dans un monde de surveillance » concède Olivier Blondeau :
« Qu’on soit surveillé n’est pas le problème. Le problème est que cela donne un pouvoir qui n’est pas toujours utilisé à bon escient. Ce pouvoir risque de se retrouver dans les mains de dirigeants extrémistes et on pourrait s’en inquiéter. »
Le logiciel libre au service de l’environnement, c’est aussi le credo d’Olivier Blondeau qui encourage à travers des fablabs « des militants mobilisés sur des expérimentations à travers le monde ».
Aldi Takkal Bataille, étudiant en master de sciences du langages et diplômé de lettres classiques et d’entrepreneuriat, sera également autour de la table avec Frédéric Bardeau et Oliver Blondeau, au Magasin général de Darwin (87 quai des Queyries à Bordeaux) ce mardi 29 mars, à 18h30, pour ce débat animé par Gérald Elbaze gérant et cofondateur de Médias-Cité.
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