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Bordeaux : ça sent le pavé chez Mollat

Une manifestation d’intermittents et précaires a entraîné le blocage des caisses à la librairie de Denis Mollat, trésorier du Medef Gironde. L’organisation patronale est ainsi visée pour son rôle dans les négociations sur le régime d’assurance chômage.

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Bordeaux : ça sent le pavé chez Mollat

Echange entre militants et clients ce mercredi chez Mollat (SB/Rue89 Bordeaux)
Echange entre militants et clients ce mercredi chez Mollat (SB/Rue89 Bordeaux)

Il faut être patient, ce mercredi à 17H30, pour acheter un livre chez Mollat. Depuis une demi-heure, une quarantaine de militants bloquent les caisses, et les clients font la queue pour passer à la seule laissée ouverte côté rue de la Porte Dijeaux. Déployant une banderole exigeant « la séparation du Medef et de l’Etat », ils sont mobilisés contre les propositions du patronat, visant à imposer des économies au régime des intermittents du spectacle. N’est ce pas paradoxal de viser une librairie pour défendre la culture ?

« Notre cible, ce n’est pas la librairie Mollat, c’est Denis Mollat, trésorier du Medef Gironde, explique Bernie, de  la CIP (coordination des intermittents et précaires). Donc représentant d’un syndicat qui représente 50% des partenaires soi-disant sociaux lors des négociations sur l’assurance chômage. »

Les manifestants expliquent leur situation aux clients. Certains râlent en silence ou s’en vont sans achat. D’autres sont exaspérés : « Vous vous trompez, et c’est vous qui êtes manipulés par la CGT ! », lance un monsieur de 86 ans, donnant le bras à sa femme, infirme.

« Ce genre de manifestation ne fait qu’énerver les gens, nous explique ensuite le vieil homme, prénommé Yves. Les manifestants n’ont pas compris la nécessité de fluidifier le système de l’emploi », poursuit ce retraité.

On lui fait alors remarquer que les militants ne visent ce jour là pas la loi travail, mais la sauvegarde du régime des intermittents.

« Une de mes nièces est intermittente, et c’est vrai que le régime est nécessaires, mais à la condition qu’il y ait moins d’abus des sociétés ».

Voix au chapitre

Monsieur n’est donc pas si loin des positions de la CIP…  Une autre cliente applaudit carrément le mouvement.

« Il y a plein de choses qu’on ne sait pas ; on nous parle sans arrêt des attentats, mais à côté de ça on nous cache plein de choses », estime cette technicienne de surface de 57 ans.

10 minutes plus tard, un militant remercie « l’accueil de la librairie Mollat, qui nous a permis de nous exprimer » :

« Le N°2 du Medef en Gironde peut s’attendre à d’autres actions. Nous reviendrons encore et encore, et nous serons des millions. »

Directrice de la librairie, Emmanuelle Robillard assure leur avoir donné voix au chapitre, avec son aval au blocage des caisses :

« Ils ont le droit à la manifestation et à la liberté d’expression. J’ai accueilli les manifestants, je leur ai laissé un temps pour s’exprimer, en toute sympathie. J’ai laissé faire et tout s’est très bien passé », indique la responsable du lieu, qui ne souhaite pas donner son avis sur le conflit des intermittents lui-même.

Peu avant 18H, les militants prennent la pose devant la boutique, et partent en cortège vers l’AG de Nuit Debout, qui a regroupé ce mercredi près de 300 personnes place de la République. Les membres de la CIP continuent ensuite leur chemin vers le TnBA, dont ils ont décidé de prolonger l’occupation.


#Coordination Intermittents & Précaires 33

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