Les cheveux trempés par la pluie, l’air un brin fatigué, un membre de la Nuit Debout et d’On vaut mieux que ça a le sourire :
« Je crois qu’on a gagné une première manche : ne pas se faire virer le premier soir. »
Ce vendredi, la police municipale de Bordeaux n’a pu que constater l’occupation de l’ancienne MDSI implantée rue du Cloître, dans le quartier Saint-Michel. Dans l’après-midi, elle a été prévenue par ses nouveaux occupants qui se sont installés mercredi dans des locaux vides depuis le mois de janvier dernier.
Au balcon du premier étage de cette belle maison bordelaise, un drap annonce en lettres capitales : « La maison du mouvement résiste ! » Devant, une quarantaine de personnes est venue soutenir les occupants et près d’une dizaine de voitures de police remplit la petite rue. Le militant, 26 ans, continue :
« L’objectif c’est de faire une maison de la grève, une maison du mouvement. Depuis le début, on manque de lieu à la Nuit Debout. Un lieu où on se croise qui soit lié au mouvement avec des débats, des conférences… »
D’autres parlent pourquoi pas d’y organiser les assemblées générales qui se déroulent toujours sur la place de la République, même les jours de pluie, même en plus petit comité quand aucune déclaration d’occupation n’a été faite (comme ce fut le cas à plusieurs reprises durant la semaine).
« Vous n’êtes pas couchés »
Dépêché sur les lieux, un bob vissé sur la tête, le directeur de cabinet d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, Ludovic Martinez harangue les 5 personnes au balcon :
« A qui on parle ? A qui peut-on parler ? Et pourquoi vous êtes masqués ? »
Pas de réponse. Il est informé qu’il n’y a pas de porte-parole car le mouvement est « horizontal ». « Et bien vous n’êtes pas couchés », s’agace Ludovic Martinez.
Maître Romain Foucard, avocat convié par les occupants, joue le médiateur argumentant qu’il n’y a pas eu de flagrant délit constaté dans les 48h premières heures ce qui empêche toute évacuation d’urgence. Ludovic Martinez conclut pour « ne pas y passer la nuit » (sic) :
« On a proposé aux occupants de rester dans la bâtiment jusqu’à lundi. On leur a demandé deux choses : que tous les gens dans la rue ne rentrent pas dans la bâtiment. Il est en bonne état et on craint les dégradations. Ils ont promis d’évacuer la rue. Ils nous ont promis de respecter la bâtiment jusqu’à lundi et là on rediscute : soit on évacue, s’il le faut, soit on trouve d’autres solutions dans le cadre purement légal. »
Le dir’cab’ du maire assure que des associations à vocation sociale, dont Promofemmes, devaient visiter ce lundi les locaux. Des conventions d’installations ont déjà été signées et il ne resterait qu’à ouvrir les compteurs. Quand ? « Très prochainement » indique plus évasivement la maire adjointe au quartier Bordeaux Sud, Emilie Kusiew.
Fermé la nuit
Sous la pluie l’assemblée générale prévue place de la République est tombée à l’eau et autour du squat, on hésite. Les conditions posées par la mairie de Bordeaux questionnent, sinon divisent. En effet, elles excluent pour l’heure la tenue dans ces murs des AG qui ont réuni depuis les débuts de Nuit Debout Bordeaux entre 500 et 2000 personnes.
Depuis le balcon, une femme lance : « On n’a rien gagné si ce n’est trois jours de séquestration. » Son voisin poursuit « On était en attente d’un lieu. On ne va pas rester à six dedans. » Dans la rue, certains répondent qu’il faut d’abord « demander qui peut avoir du matos, appeler des copains pour qu’on tienne un rapport de force ». Finalement, le lieu reste fermé ce vendredi soir. Les questions devraient émerger à nouveau durant le week-end lors des assemblées générales qui se tiendront place de la République.
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