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Alain Juppé lustre sa vitrine bordelaise

A quelques mois de la présidentielle, pas question d’ouvrir les dossiers qui fâchent dans la métropole : pour sa conférence de presse de rentrée, Alain Juppé s’en est tenu à vanter son modèle bordelais.

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Alain Juppé lustre sa vitrine bordelaise

Alain Juppé, le 5 septembre 2016 (SB/Rue89 Bordeaux)
Alain Juppé, le 5 septembre 2016 (SB/Rue89 Bordeaux)

Sarkozy rattrapé par l’affaire Bygmalion ? No comment. La guerre des chefs sans femme chez Les Républicains ? Idem, ou presque. Pas question de parler de la primaire de la droite à la conférence de presse d’Alain Juppé, dédiée ce lundi aux sujets bordelais et métropolitains.

Mais il n’est pas interdit d’y penser, en se rasant ou pas. Nul doute que le satisfecit d’Alain Juppé sur sa politique locale, livré ce lundi à l’hôtel de Métropole, ne vise pas que l’auditoire le plus proche – à commencer par ses adjoints à la mairie de Bordeaux et les maires de la Métropole, sagement assis à ses côtés (à l’exception de la plupart des édiles socialistes, le premier vice-président Alain Anziani étant excusé).

« Notre métropole est en pleine forme, son attractivité ne cesse de s’affirmer année après années et les enquêtes toutes très positives nous mettent sur podium », attaque le maire de Bordeaux.

Et de citer notamment un récent sondage confirmant la ville comme destination rêvée des cadres parisiens, mais aussi la première place du CHU au palmarès des hôpitaux du Point ou encore les progrès de l’université de Bordeaux au classement de Shanghai.

Pour Alain Juppé, l’attractivité de la ville n’est bien sûr « pas le fruit du hasard mais du travail conduit ces dernières années pour améliorer la mobilité, développer l’offre culturelle, construire des logements… ».

Bordeaux à contre-courant

Symboles selon lui de ces politiques : la rocade, où « la congestion a disparu des tronçons passés à 2X3 voies », le logement social dont la proportion a augmenté dans la métropole de 21 à 22,7% « avec un rééquilibrage entre les communes  – de 70% à 50% à Lormont, de 11 à 23% à Artigues », ou encore la Cité du Vin, qui revendique 130000 visiteurs en trois mois – « si nous tenons ce rythme nous serons à l’objectif » de 450000 entrées par an, estime le maire.

Après un été marqué par l’Euro et la venue de 598000 amateurs de ballon rond à Bordeaux, le patron de la métropole insiste sur le boom du tourisme :

« Dans un contexte très difficile nous nous débrouillons plutôt bien car la fréquentation a augmenté chez nous de 5% alors qu’elle est en baisse de 11% en France », le trafic de l’aéroport de Mérignac attestant aussi de cette tendance à contre courant.

Même l’inversion de la courbe du chômage est effective à Bordeaux, avec 7 mois de baisse consécutive, voire 12 mois pour les jeunes, souligne Alain Juppé, qui mise beaucoup sur French Tech, Euratlantique ou les deux OIM (opérations d’intérêt métropolitain) pour attirer ou créer de nouvelles entreprises. Fort de son modèle bordelais, l’ancien Premier ministre espère fêter l’arrivée du TGV à Bordeaux, le 1er juillet 2017, avec une autre casquette que celle de maire…

Très cher logement

Quelques ombres au tableau, tout de même, sont rappelées, au premier rang desquelles la hausse des prix des logements, la plus forte enregistrée en France par le classement de SeLoger.com – +7,1% en un an. Comment freiner la spéculation ?

« En 1995 les prix étaient bas mais Bordeaux se vidait de ses habitants et beaucoup de secteurs avaient des logements vacants, répond le maire. La tension sur les prix est un signe d’attractivité et la seule réponse c’est de construire, de rééquilibrer l’offre par rapport à la demande. Les programmes mis en vente, comme Santé Navale, s’arrachent comme des petits pains. Aucune des communes de la métropole n’est en situation de carence par rapport à la construction de logements sociaux, le plus difficile c’est l’accession à la propriété du logement intermédiaire. »

Alain Juppé a répliqué au passage au délégué interministériel Thierry Repentin, qui s’est dit prêt à céder des propriétés de l’État si la ville construisait de nouveaux logements sociaux :

« Chiche ! Que l’Etat nous cède les espaces que nous attendons, comme les anciens locaux de l’Office national des anciens combattants, dans le quartier Renaudel. Mais cela ne garantit pas des miracles : l’ancien commissariat Castéja a été vendu si cher que nous avons été confronté un projet extrêmement dense. »

Autre tacle envoyé par le maire au pouvoir en place : la baisse continue des dotations de l’État, un manque à gagner qu’il chiffre à 225 millions d’euros pour la métropole entre 2013 et 2018, à 68 millions pour la ville.

Pas de remous dans le pré carré

Si le candidat Juppé demande toujours des coupes drastiques dans les dépenses publiques, le président de la métropole doit jongler avec celles-ci. Doit-on attribuer à cette question financière le peu d’annonces faites pour 2017 ? A moins que ce ne soit au manque de temps à y consacrer, ou à la volonté de ne pas faire de vagues dans son pré carré ?

Toujours est-il qu’aucun grand dossier ne sera semble-t-il ouvert dans les prochains mois : rien n’a été dit par exemple sur l’épineux chantier de la rénovation des boulevards, et du transport collectif qui va avec, ou sur les futurs investissements de l’agglomération. Alain Juppé a par exemple remis à la prochaine mandature le projet serpent de mer d’un grand contournement autoroutier de Bordeaux. Il n’a pas non plus voulu expliquer comment s’organiserait sa succession à la tête de la métropole en cas de désignation à la primaire, comme il l’a fait avec Virginie Calmels pour la mairie.

En revanche, alors qu’une polémique émerge entre les maires de la métropole sur le financement du futur stade nautique de Mérignac, le « bonze de Bordeaux » a apporté son soutien à son vice-président socialiste, Alain Anziani :

« La métropole est attractive car elle a su construire de grands équipements comme les quais, devenus un lieu emblématique. Nous savons qu’il existe un déficit de piscines dans l’agglomération, et sommes en train de travailler à un plan piscine. Certains étaient réticents vis à vis de la grande salle de spectacle, ils  le sont à nouveau sur le stade nautique. On va voir comment cela peut se programmer dans le programme pluriannuel d’investissements, mais cela pourrait être très utile. »

Même dans les piscines, Alain Juppé ne veut pas de remous.


#Alain Juppé

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