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Le refit des yachts à Bordeaux, c’est (presque) pour demain

Le port de Bordeaux espère toujours lancer le démarrage de l’activité de refit (réparation et rénovation) de bateaux de plaisances avec le chantier du « Belem », le voilier actuellement à quai à Bordeaux. Que ce marché soit ou pas conclu, le projet industriel, jadis mal barré, est bien lancé.

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Le refit des yachts à Bordeaux, c’est (presque) pour demain

Un problème d’étanchéité sur une porte de la forme de radoub à Bacalan va-t-il empêcher le « Belem », fameux trois-mâts actuellement à quai à Bordeaux, de passer l’hiver au sec dans le port de la Lune pour des travaux de maintenance hivernale (peinture, accastillage, etc.) ?

Alors que ce chantier, prévu pour janvier, pourrait marquer la naissance du refit (réparation, rénovation) des bateaux de grande plaisance aux bassins à flot avec le chantier du « Belem », prévu pour janvier, il serait ballot que le bateau souque vers la Rochelle ou Saint-Nazaire pour un problème d’écluse.

L’association Bordeaux Superyachts Refit, qui rassemble les entreprises locales œuvrant dans l’entretien et la restauration des bateaux, a montré jeudi dernier lors de son assemblée générale à la CCI de Bordeaux, qu’elle était en tous cas mobilisée.

« Nous avons la possibilité de mettre le « Belem » au sec. Il faut réussir, sinon les investissements n’auront servi à rien, y a lâché Philippe Dorthe, le conseiller régional PS qui se bat pour le maintien des activités portuaires à Bordeaux depuis de nombreuses années. »

Dix millions d’euros pour les bassins

Il fait notamment référence aux deux millions d’euros qui vont être votés lors de la prochaine commission permanente du conseil régional. Dix millions d’euros sont prévus dans le cadre du contrat de plan état région (CPER) 2015-2020 pour faire renaître l’activité portuaire des Bassins à flot, en sommeil depuis 20 ans. Il s’agit notamment de remettre en service les deux formes de radoub, ces bassins qui permettent de mettre les bateaux au sec afin d’intervenir dessus.

Une des deux formes de radoub (cales sèches) des Bassins à flot, qui pourraient accueillir l'activité de réparation des yachts (Photo SB/Rue89 Bordeaux)
Une des deux formes de radoub (cales sèches) des Bassins à flot, qui pourraient accueillir l’activité de réparation des yachts (SB/Rue89 Bordeaux)

Christophe Masson,  directeur général du grand port de Bordeaux confirmait à la CCI que « l’accélération des travaux » avait été demandée.

Ce jeudi, il annonce dans « Sud Ouest » que le Grand Port Maritime de Bordeaux a finalement trouvé une solution pour mettre le voilier en cale sèche. Des batardeaux (sorte de digue) seront installés sur la forme de radoub n° 1 du port, ce qui pourrait permettre d’accueillir le ‘‘Belem » en respectant son calendrier.

Les entreprises trépignent. Elles n’ont pas encore finalisé leur réponse à l’appel d’offre pour effectuer le refit du voilier, ne sachant pas si elles pourraient le faire dans de bonnes conditions.

« Aujourd’hui, les entreprises peuvent répondre à l’appel d’offres, se réjouit dans « Sud Ouest » Stéphan Delaux, président de Bordeaux tourisme et adjoint au maire de Bordeaux. Selon la loi, il faudra qu’elles affichent des compétences techniques et des prix qui satisferont l’armateur. »

Pour Thierry Lausseur, président de Bordeaux Superyachts Refit et du groupement d’entreprises Aquitaine constructions navales industries portuaires (Acnip), cité par le quotidien régional, « même si ce marché n’est pas, financièrement parlant, l’affaire du siècle, l’enjeu de remise en route de l’activité et le symbole que représente ce navire sont très importants. »

Selon les professionnels, le marché est bien présent du fait de la saturation des chantiers en Méditerranée, et Bordeaux n’attend plus que les entreprises.

L’effet du « A »

Si ce n’est l’hypothèque « Belem », l’AG de l’association a été marquée jeudi dernier par une vision de l’avenir optimiste et un consensus général des élus et des entreprises sur la reprise de l’activité portuaire aux Bassins à flot. Ce qui n’était pas le cas il y a encore deux ans.

Le retour d’une activité industrielle ne semblait pas avoir sa place dans le projet urbain, et la vente de résidences de standing avec vue sur l’eau, en raison des nuisances qu’elle aurait pu causer. L’argument était peu vendeur pour attirer les nouveaux habitants. Aujourd’hui, les choses ont changé.

« En janvier 2014, nous avons discuté avec Alain Juppé qui, avant cela, écoutait surtout les promoteurs, estime Thierry Lausseur.. Il a donné son accord pour un refit léger. Il n’y aura pas de grosses grues ou d’éléments lourds, nous travaillerons en journée et en semaine uniquement afin de réduire les nuisances et respecter notre environnement ».

Le soutien de la ville au projet s’est traduit par la présence à l’AG du cluster de Virginie Calmels, première adjointe d’Alain Juppé, et de Marc Lafosse, conseiller municipal de Bordeaux.

Le départ de Bordeaux du super yacht "A" (SB/Rue89 Bordeaux)
Le départ de Bordeaux du super yacht « A » (SB/Rue89 Bordeaux)

Le (petit) ballet des bateaux sur la Garonne a fini de faire converger tout le monde – deux précisément entre juillet et septembre, dont le fameux super yacht des milliardaires russes, le « A ». Et trois bateaux sont actuellement en arrêt technique – trois autres bateaux seront en arrêt technique à Bordeaux – le paquebot fluvial « Scenic Diamond » à Bacalan pour quatre mois à partir de la semaine prochaine, le « River Royal » puis le « Vauban » à Bassens quand le démantèlement de la « Jeanne D’Arc » sera achevé.

« Ceux qui viennent à Bordeaux doivent savoir qu’en cas d’avarie, ils peuvent faire réparer leurs bateaux sur place », indique Thierry Lausseur.

Emplois et formation sur le pont

Tout est prévu pour refaire de Bordeaux une ville fluviale et maritime : le pont levant laissant passer les bateaux, les quais rénovés, les pontons… Ne manquait plus que le volet industriel, hier considéré comme une verrue et aujourd’hui indispensable.

« Ce sont des travaux de haute valeur ajoutée, explique Thierry Lausseur, il s’agit de 60 à 80 millions d’euros de chiffres d’affaires par an et entre 500 et 1 000 emplois directs et autant d’emplois indirects. »

Il s’agit là de prévisions liées à l’activité des trois formes de radoub. Aujourd’hui, seule celle de Bassens, la plus grande, fonctionne.

Ce secteur se réveille doucement après 20 ans de sommeil et doit désormais rattraper son retard. Il manque ainsi des métiers pour répondre de manière complète aux appels d’offres, liés à la climatisation, aux matériaux composite ou aux systèmes frigorifiques.

Un aspect du problème anticipé par Jérôme Verschave, directeur général de l’Aérocampus :

« Il y a deux-trois ans, nous avons élargi nos formations aéronautiques au volet naval, car les métiers comme la peinture, l’ajustage et l’accastillage sont similaires. Nous avons aujourd’hui un projet de Naval Campus sur la région. »

Cette démarche est illustrée par le bateau des métiers La Mie Câline d’Arnaud Boissières qui a pris le départ du Vendée Globe au début du mois. Il a été rénové à l’occasion d’un chantier formation, piloté par l’Aérocampus. Et dès 2017, un chantier insertion sur les métiers du nautisme va débuter sur le bateau America 2 de l’America’s cup.

Toutes les pièces du puzzle de la reprise d’une économie nautique à Bordeaux s’assemblent, il serait dommage que le refit se prenne une porte sur les doigts.


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