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Ce qu’on a regretté en 2016 à Bordeaux (et autour)

Malgré ses promesses, 2016 a été incontestablement une mauvaise année pour Alain Juppé. Pour les socialistes, elle a été plombée par la loi Travail. En gros, la gagne n’était pas vraiment au rendez-vous, même pour les footballeurs et les rugbymen…

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Ce qu’on a regretté en 2016 à Bordeaux (et autour)

Juppé, de la lèche à la lynche ?

Il était déjà sacré. Les sondages le désignaient grand vainqueur. Le Point barrait sa Une avec l’ « Enquête sur le président Juppé ». Le Journal du Dimanche titrait « A-t-il déjà gagné ? ». Qu’importe le programme politique qui penche clairement de droite, les électeurs de gauche étaient « tentés » par lui selon L’Obs et Libé. Comble même, Sud Ouest se demandait « Séduit-il seulement à gauche ? ». Society, Marianne et Valeurs Actuelles cédaient aussi à ses charmes. Bref, une large part de la presse française réduisait le champ des possibles et Alain Juppé devait rallier droite, centre et gauche et donc d’arriver au pouvoir.

Les électeurs de la primaire de la droite et du centre en ont décidé autrement. Et Alain Juppé a disparu des Unes des magazines. Deux mini-buzz ont fait parler de lui : son retour en son fief avec cette haie d’honneur « surprise » devant caméras et photographes, et la « petite saloperie » lâchée à l’encontre de Matthieu Rouveyre.

Conséquence directe, les tractations pour sa succession à la mairie de Bordeaux attendront finalement 2020. Conséquence indirecte, le président de Bordeaux Métropole aurait-il perdu de son autorité ? Le débat métropolitain pour l’installation d’une nouvelle aire d’accueil des gens du voyage semble en être le résultat. Le maire de Bordeaux n’arrive pas à convaincre (ni à forcer) les édiles, même de sa majorité.

En septembre dernier, Alain Juppé avait juste lustré sa vitrine bordelaise et ne souhaitait ouvrir aucun nouveau dossier. Le chabanisé qu’il est gardera-t-il ce cap pour les 3 dernières années de son mandat ? XR

Message de détresse tagué, près du Pont de la Maye, à Villenave-d'Ornon en octobre 2016. (XR/Rue89 Bordeaux)
Message de détresse tagué, près du Pont de la Maye, à Villenave-d’Ornon en octobre 2016. (XR/Rue89 Bordeaux)

Feltesse, Icare de la gauche bordelaise ?

Comment en est-il arrivé là ? L’installation de Vincent Feltesse dans le paysage bordelais a été fulgurante. Maire de Blanquefort, il s’implique ardemment dans le maintien de l’usine Ford. Les ouvriers se souviennent de ses passages – même de nuit – sur les piquets de grève. Bien implanté dans l’agglo, puis en tant que président de la Cub, le socialiste vise la ville-centre. Bordeaux et ses lumières attirent Vincent Feltesse.

Seulement, depuis 2014, il y a le bilan électoral. Une défaite écrasante aux municipales bordelaises. Une place de président de l’agglo qu’il doit quitter. Feltesse trouve un échappatoire parmi les hommes du président (de la République cette fois-ci). Avec le maire de Libourne, il est l’un des derniers à oser le conseiller.

Le style voulait paraître neuf et ouvert. La stratégie reste finalement solitaire. Ses camarades ne s’y trompent pas. Après 2012, où il choure à Emmanuelle Ajon la place de suppléante à Michèle Delaunay, députée et bientôt ministre… 2014, et son « je serai maire » qui ne passe pas au point de devoir corriger le tir pour ne pas « laisser croire qu’il est seul à décider de cela »… et quand en 2015, il a voulu une place au conseil régional, « ce qui va au contraire du respect que nous devons aux militants » claque Michèle Delaunay… Voilà qu’en 2016, les élus socialistes et apparentés de la mairie de Bordeaux le forcent à se retirer de la présidence du groupe.

Que reste-t-il à Vincent Feltesse ? Chuchoter à l’oreille du président ? C’est mal barré alors que François Hollande n’est pas candidat. Les prochaines municipales ? Difficile, il a perdu le reste de sa légitimité en laissant son poste de chef de l’opposition socialiste. Les législatives ? Il a dû renoncer à la 3e circonscription après un imbroglio, dont il a le secret, avec Noël Mamère.

Ses ambitions lui ont-ils brûlé les ailes ? Sa terre d’asile se trouve encore loin du port de la Lune. Le 14 janvier, il quittera son poste des relations élyséennes avec élus et formations politiques pour être placé à la Cour des Comptes. Qui lui souhaitera bon vent ? XR

Le meeting de Le Foll qui tourne mal

En juin 2016, en plein tourmente sur la loi travail, treize parlementaires socialistes invitent Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture et porte-parole du gouvernement Valls, pour regonfler le moral des troupes à Bordeaux.

A l’Athénée municipal, il y a du beau monde côté PS mais aussi quelques mécontents de la politique du gouvernement socialiste. Quand les premiers ont applaudi, les seconds ont chahuté. Le service d’ordre n’a pas chômé. Il est passé rapidement à l’action et, en deux temps trois mouvements, a débarrassé la salle de ses « intrus ». Les bras musclés auraient pu s’en tenir là mais il y eut le plaquage de trop !

A la fin de la rencontre, et sous le nez du ministre en discussion avec des militants au pieds de la scène, un homme brandit une feuille sur laquelle il a inscrit à la hâte « Valls démission ». Plaqué aussitôt par le service d’ordre, celui-ci s’est relevé en grimaçant de douleur.

Selon nos sources, le militant malmené a souffert d’une fracture à la clavicule, ce qui l’a poussé à déposer plainte. Pour les besoins de l’enquête qui a suivi, certains dirigeants du PS girondin ont été entendus. WS

Stéphane Le Foll à Bordeaux (WS/Rue89 Bordeaux)
Stéphane Le Foll à Bordeaux (WS/Rue89 Bordeaux)

Les trous béants des logements

On va faire court. On ne va pas épiloguer sur ce sujet. Rue89 Bordeaux a consacré bien des articles à ce propos ainsi que son premier dossier. Les logements à Bordeaux se ferment pour les plus précaires. Nous révélions notamment comment l’immobilier bordelais peiner à atteindre ses objectifs de logements sociaux. Malgré l’obligation légale, la troisième aire de grand passage pour les gens du voyage ne sait toujours pas où s’installer.

Les squats qui s’ouvrent ça et là, pour offrir un toit à ceux qui n’en ont pas, sont évacués, ici « l’Ecole est finie« , là le Sherby, ou encore les Sahraouis, pendant que des familles roms – contraint aux sauts de puce – cherchent (vainement ?) à élire domicile. La même peine menace celui de l’Oasis à Eysines.

Autre face d’une même pièce, la solidarité existe toujours du côté des citoyens. Preuve en est ce message pour Noël sur le groupe Facebook Aide aux réfugiés sahraouis :

« Grâce à vos dons, lors de la hotte du partage, nous avons pu servir 110 sachets repas, 10 litres de soupe, 12 litres de chocolat, des kits d’hygiène, des dons alimentaires pour le camps, de la nourriture et des soins aux animaux des SDF, mais aussi des vêtements et des couvertures. »

Pendant ce temps, d’autres squats fleurissent à Bordeaux en toute tranquillité. Les offres sur Airbnb se multiplient. Une majorité des logements proposée ne serait plus dédiée qu’à la location saisonnière. Vivre et travailler au pays ne vont plus de pairs. XR

A ce stade, rien ne va plus !

Et qui revoilà ? Le Stade Matmut Atlantique.

Certes, il a récolté deux récompenses des plus chics et passé un bon Euro 2016 avec des supporters des plus cools. Mais outre ces bonnes nouvelles, et les mauvais taux de remplissage des Girondins (voir plus bas), le Stade Matmut n’a toujours pas connu de gros concerts : les espoirs de voir AC/DC ou Rihanna ont vite été douchés par Marseille qui a raflé les furieux australiens, et Nice, la bimbo américaine.

Et en 2017 ? La société Stade Bordeaux Atlantique (SBA) qui exploite le stade est optimiste mais ne mise pas sur un avenir rose. En attendant, avec des finances dans le rouge, elle attaque la mairie de Bordeaux au Tribunal administratif et réclame 2 millions d’euros supplémentaires pour la mise à disposition à l’UEFA de l’équipement pendant l’Euro 2016 (soit 4 millions en tout).

Parallèlement, le Stade est devenu une affaire métropolitaine. Le transfert n’a pas manqué une levée de boucliers des opposants politiques. Ils ont contesté les chiffres et le report des coûts en accusant le maire de Bordeaux et président de la Métropole d’avoir masqué le litige avec SBA pour faire passer l’équipement en douceur. Matthieu Rouveyre a qualifié l’opération d’ « imposture » servant à faire « supporter aux contribuables communautaires le choix politique et dispendieux d’Alain Juppé ».

Vivement qu’arrive un concert. On sait tous combien la musique adoucit les mœurs. WS

Pour utiliser le stade Matmut Atlantique pendant l'Euro, Bordeaux doit passer à la caisse (WS/Rue89 Bordeaux)
Le stade Matmut Atlantique (WS/Rue89 Bordeaux)

Foot et rugby : le ventre mou

Les années passent et les équipes locales de foot et de rugby ne décollent pas ! L’UBB, comme les Girondins, sont toujours voués au ventre mou (bière oblige ?) de leur classement (6/14 et 10/20 pour la saison en cours).

Si les rugbymen de l’Union peuvent se vanter d’avoir quand même le meilleur public d’Europe la saison dernière, ils se mordent les crampons d’avoir raté leur dernier match contre des Palois revanchards, que les Bordelo-Béglais avaient vaincus au match aller. On pouvait entendre de ci de là, que cette malheureuse défaite survenue à la 14e journée du championnat, est à mettre sur le dos du jeune prodigue, Baptiste Serin, qui avait, dans un jour sans, manqué de réussite et raté trois pénalités. Ce serait alors assez inquiétant de voir le sort de cette équipe tenir tant à la forme d’un seul joueur !

A signaler qu’une victoire à l’aller, suivi d’une défaite au retour et à la maison, est aussi le scénario de l’UBB qui avait réalisé un gros coup chez les Anglais d’Exeter, avant que ces derniers viennent renverser la vapeur à Chaban-Delmas et compromettre le parcours des locaux dans le championnat d’Europe.

Quant aux Girondins, franchement on ne sait plus trop s’il faut céder à la pitié ou la colère : pitié de voir le public fondre comme neige au soleil, colère d’assister à des performances aussi lamentables sur le terrain, même celui de la maison. On peut comprendre finalement qu’il y a là un rapport de cause à effet, mais on comprend mal dans quel sens. WS

Pas de piste cyclable sur le tracé de la ligne D rue Fondaudège

En juin 2014, lors d’une réunion d’information sur la ligne D du tramway et après la présentation de son tracé à l’Athénée municipal, un homme dans le public a pris la parole :

« Aujourd’hui, à Bordeaux, nous avons une expérience sur les aménagements des voies du tram. Cette expérience doit tenir compte des erreurs faites. Parmi celle-ci, l’absence de couloirs réservés aux vélos cours Alsace-Lorraine ou cours de l’Argonne, pour ne citer que ces deux là, et le danger pour les cyclistes de circuler sur l’étroite voie des voitures qui pressent pour pouvoir doubler. On y ajoute les voies uniquement réservées au tram, comme la rue Vital-Carles, là pas de voies pour les voitures, pour les vélos non plus. Vous allez me dire que les vélos sont tolérés sur les voies du tram, mais jusqu’à quand ? Et quid des dangers des rails dans lesquels les roues peuvent se bloquer et causer la chute du cycliste ? »

Michel Labardin, vice-président de Bordeaux Métropole en charge des Transports et déplacements qui menait cette réunion d’informations lui a alors répondu qu’ils allaient noter cette remarque et en tenir compte pour la révision des plans.

En décembre 2015, d’autres cyclistes ont manifesté leur inquiétude à nouveau. Alain Juppé avait alors répondu qu’ ‘ »il ne faut pas être prisonnier de l’idée que le développement du vélo passe nécessairement par des voies adaptées. En ville, partager l’espace est une nécessité ».

Si l’on se réfère aux images de synthèse publiées sur le site de la Métropole, et maintenant que les travaux ont démarré, c’est donc la parole d’Alain Juppé qui a prévalu. En effet, rue Fondaudège, et sa continuité au-delà des boulevards, avenue de la libération, ne présentent aucune voie de vélos. Certes, celle-ci apparaît plus loin vers le Bouscat et Bruges, mais à Bordeaux intramuros, tramways, voitures et vélos vont devoir parfois partager la même voie. Pour les amoureux de la petite selle, va falloir serrer les fesses. WS

Le tram rue Fondaudège (©Bordeaux Métropole)
Le tram rue Fondaudège (©Bordeaux Métropole)

Une Cité du Vin coûte que coûte

Au sommet du bâtiment, ils ont trinqué au champagne le jour de l’inauguration. Alain Juppé n’était pas peu fier de partager cette flûte avec François Hollande. La Cité du Vin de Bordeaux a ouvert ses portes, en grandes pompes le 30 mai et ce malgré la mobilisation contre la loi Travail et contre les pesticides, et malgré la coupure électrique provoquée pour tenter de perturber le moment.

La Cité du Vin a d’ailleurs plutôt fait dans la grosse coupure. La construction a vu son devis initial dévissé et grimpé de 17 %. La ville s’est alignée, passant de 13 à 31,1 millions d’euros. L’inauguration avec quelques invités triés sur le volet a fait tiquer par son prix : 300000 euros.

Dernier épisode, la mairie a dû racheter les droits à l’image de la Cité : 450000 euros, une polémique au conseil municipal et un droit de réponse de l’agence d’architectes. A croire que le lieu ne connaît pas la modération. XR

 

La Cité du Vin (SB/Rue89 Bordeaux)
La Cité du Vin (SB/Rue89 Bordeaux)

Quand les pesticides coulent à flot

Le sujet aurait pu être dans le top. Tout avait bien commencé avec un reportage choc de « Cash investigations ». Le tabou est enfin tombé : une émission populaire redore le blason du service publique en dénonçant les pesticides qui touchent la vigne, les gens qui la travaillent et ceux qui vivent autour.

Les témoignages affluent, notamment sur notre site. Une manifestation spontanée remporte un beau succès (surtout pour un jour de pluie). Une alliance rouge et verte se dessine même. Les opposants aux pesticides et ceux à la Loi Travail se retrouvent pour une manif à l’occasion de l’inauguration de la Cité du Vin à Bordeaux.

Mais, en réponse, l’État annonce des mesures de protection bien timorées face aux enjeux. L’une d’entre-elles oblige les travailleurs de la vigne à porter un équipement de protection individuel (créant des rassemblements regroupant CGT et anti-pesticides). La justice renvoie dos à dos bio et pesticides dans les cas d’intoxication des écoliers dans le Blayais. La mairie, pour la Fête du Vin, a programmé du bio à l’écart de l’évènement. Le CIVB promet lui que ses vins sont engagés à 45 % dans une démarche environnementale, mais notre dossier vient doucher les espoirs d’une sortie véritable et efficace des pesticides.

Les mobilisations citoyennes seront donc encore nécessaires. Rue89 Bordeaux co-organisera d’ailleurs les 11 et 12 février le salon du vin naturel « Sous les pavés, la vigne« . XR


#Alain Juppé

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