Portée par le candidat PS Benoit Hamon, l’idée du revenu de base fait largement débat à droite comme à gauche. Mais avant ces questionnements électoraux et politiques, la Gironde a voulu tenter l’aventure d’une expérimentation, et pour se faire lancé des études avec la Fondation Jean-Jaurès (proche du PS). Depuis près de trois mois, une série de rencontres a réuni près de 120 personnes membres de l’économie sociale et solidaires, d’entrepreneurs, d’associations de solidarité ou de défense des droits de chômeurs, de jeunes en services civiques, des services du départements.
Ce jeudi, ces membres de la société civile ont présenté un avis citoyen au président du conseil départemental (PS), Jean-Luc Gleyze. Comme « éradiquer la pauvreté n’est pas un espoir [mais] un objectif », leur conclusion propose un montant au niveau du seuil de pauvreté. Soit 60% du revenu médian, autrement dit 1000 euros « minimum », précise l’avis. Indexé sur le coût de la vie, ce revenu serait abondé par 800 euros versés nationalement, par l’Etat, et 200 euros en monnaie locale.
Les bénéficiaires devraient avoir au minimum 18 ans, déclarer leurs revenus sur le territoire et y vivre depuis deux ans. En dessous de 18 ans, chaque enfant pourrait toucher 30% du revenu de base soit 300 euros. Ce dispositif, souligne le document, maintient les acquis sociaux : retraites, assurance maladie, droit du travail, prestation de compensation du handicap, aides au logement, à l’alimentation…
« Bonne conscience »
L’avis citoyen exprime de nombreux espoirs placé dans le revenu d’existence, dont celui de mettre fin à l’ « étiquette d’assistés », ou encore de « briser la norme du travail ». Mais quelques craintes sont aussi à lever, « surtout liées à une dérive possible » : comment prévenir l’augmentation incontrôlée du coût de la vie ou les déplacements de populations (sur les axes urbain-rural et territoires riches-territoire pauvres) ? Comment accompagner les personnes sans logement et donc sans résidence fiscale ?
« Sans un vaste débat de société, ce beau projet ne fera que déplacer les inégalités. Notre crainte est que le revenu universel soit une curiosité politique du moment et que, dénaturée, l’expérimentation soit une concession qui donne bonne conscience à la société. »
Le financement est aussi l’inconnue de ce système, voire même la principale critique – même à l’intérieur du PS que celle-ci émane de Manuel Valls ou de Gérard Filoche. Pour permettre de se faire une idée, le département vient de lancer une plate-forme sur son site.
Jeu d’enfant
L’internaute se met dans le peau du ministère de l’économie, choisit le montant du revenu universel (de 0 à 1500 euros), le public visé (mineurs, majeurs, actifs, retraités) mais surtout, donc, le fléchage du financement (en provenance d’une compilation des aides déjà existantes, de l’impôt, de la suppression des niches fiscales, de la traque de l’évasion fiscale, etc.).
Le but du jeu : trouver l’équilibre financier. Possible, mais pas simple. Une fois la simulation effectuée, elle peut être validée et figurer (anonymement) parmi les contributions à l’étude du département. Ce simulateur de financement montre d’ailleurs que le ressort du dispositif girondin dépend aussi largement du bon vouloir de l’Etat central…
Le 13 mars, le conseil départemental débattra de cette question. Si Jean-Luc Gleyze estime que le gouvernement actuel porte un regard bienveillant sur ces travaux, des apports législatifs devront selon lui être effectués. Il prévient déjà que la magistrature suivante décidera (ou non) du lancement d’une expérimentation en 2018.
S’il est élu, Benoit Hamon récupérerait un « projet clé en main » explique son porte-parole girondin et conseiller départemental Mathieu Rouveyre. Si c’est un autre locataire à l’Élysée, le revenu de base girondin risque d’être mort-né…
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