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Le Bootleg risque la fermeture pour son quatrième anniversaire

Quatre années de procédure avec le propriétaire de l’immeuble du Bootleg risquent de se solder par un avis d’expulsion. Réponse le 16 mars. Une pétition en ligne et un rassemblement ce samedi sont organisés pour soutenir l’Irem et la salle de concert.

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Le Bootleg risque la fermeture pour son quatrième anniversaire

Ce n’est pas vraiment le cadeau qu’attendait Cyril Beros pour le 4e anniversaire du Bootleg. Le directeur de ce lieu culturel bordelais, qui réunit 22000 adhérents et accueille 3 concerts en moyenne par semaine, est inquiet pour l’avenir de cette salle et de l’Institut régional d’expressions musicales (Irem).

En cause, un bras de fer judiciaire avec le propriétaire de l’immeuble où il est installé risque d’aboutir à la résiliation du bail et à une expulsion. Ces décisions, déjà prononcées par le tribunal de grande instance de Bordeaux le 19 février 2017, ont poussé la direction du Bootleg-Irem à faire appel. La nouvelle décision est attendue le 16 mars.

Cyril Béros, patron du Bootleg (WS/Rue89 Bordeaux)

Deux procédures judiciaires en cours

Le conflit remonte à 2013, date du procès qui oppose le propriétaire des murs à la direction du Bootelg-Irem. Locataire depuis 2011, cette dernière considère, expertise à l’appui, que 25% de la surface des lieux « étaient impropres à la destination du bail ». Elle avait donc décidé de déduire au prorata une somme du loyer à verser.

En plus de ce qu’elle considère comme une surfacturation d’environ 73000€, l’expertise fait également valoir une perte de jouissance, d’exploitation et de pas de porte. Elle se réfère à un projet de brasserie qui n’a pas vu le jour à l’angle de l’immeuble et, à l’étage, à une école de loisirs et une plateforme de professionnalisation qui n’ont pas pu être installées :

« Au lieu de faire 40% de croissance et du développement chaque année, souligne Cyril Béros, nous sommes dans une procédure qui nous coûte 60 000€/an. »

A ce conflit, s’ajoute une procédure avec AFTC Avenir. L’association française des traumatisés crâniens, qui loue l’immeuble voisin au même propriétaire depuis 2010, y a installé des personnes handicapées qui se plaignent du bruit émis par la salle :

« En 2011, le propriétaire nous avait loué la salle connaissant notre projet. Comment il avait pu oublier que de l’autre côté des murs il y avait des traumatisés crâniens qui, de plus, sont logés sans droit ni titre ? »

Le directeur, qui affirme que les nuisances émises sont de 2 à 3 décibels en moyenne (jusqu’à 100 décibels un soir de concert), voit là une manœuvre « de diabolisation » menée par le propriétaire « qui exige que l’immeuble du Bootleg soit aux normes pour l’insonorisation, alors que celui d’à côté hébergeant des handicapés au troisième étage est sans ascenseur ».

Bâtiment dangereux ou dépôt de bilan ?

La suite est une série de décisions du tribunal. Le propriétaire a été condamné à verser 135 500€ de dommages et d’intérêts, et le Bootleg-Irem à payer 72 954,89€. Mais ce qui difficile à avaler, c’est la résolution du bail exigée par le juge à cause, selon Cyril Béros, de la dangerosité du bâtiment.

« C’est incompréhensible ! L’étude menée dans le cadre de la commission de sécurité après les travaux de 2014 a confirmé que l’exploitation de la salle ne posait aucun problème ! »

Le responsable fait référence aux travaux de mise aux normes effectués en 2014 après des plaintes pour nuisances sonores.

« Ce n’est absolument pas la raison de la résiliation du bail », dément le cabinet de Jacques Horrenberger, avocat du propriétaire. Contacté par Rue89 Bordeaux, il affirme que le montant des loyers impayés dépasse « largement » la surfacturation évoquée par la direction du Bootleg-Irem. Si celui-ci n’a pas dévoilé le chiffre exact, il rappelle que la structure « est sous procédure de redressement judiciaire après un dépôt de bilan » et que « le tribunal de commerce de Bordeaux statuera dans les jours qui viennent sur la poursuite de son activité ou nom ».

Rassemblement et pétition

Face a ces difficultés, l’équipe du Bootleg en appelle au soutien politique et public.

« Je ne suis pas un chef d’entreprise classique, je suis engagé dans une entreprise socio-culturel, dit Cyril Béros. L’Irem est une société coopérative d’intérêt collectif qui, avec le Bootleg, a acquis sa place d’acteur culturel. Elle mène des projets d’utilité sociale. »

Le directeur dit avoir interpellé Alain Juppé sur la situation de la structure dans une lettre datant de décembre 2014 et restée sans réponse.

En attendant, il a mis en ligne une pétition de soutien et appelle à un rassemblement ce samedi 11 mars à 14h30, place de la République à Bordeaux.

« Nous faisons appel au soutien de tous ces gens qui viennent chez nous et qui s’engagent pour un lieu qui leur est destiné. »


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