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La Ville de Bordeaux ne veut pas renégocier le contrat du nouveau stade

Toujours déficitaire, l’exploitant du stade Matmut Atlantique demande à la mairie la renégociation du partenariat public-privé qui le lie pour 30 ans à la métropole bordelais. Niet catégorique de la municipalité, et inquiétudes de l’opposition qui y voit l’amorce d’une « catastrophe financière » pour la collectivité. Le jeu de dupes commence.

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La Ville de Bordeaux ne veut pas renégocier le contrat du nouveau stade

Pour la deuxième année de suite, Stade Bordeaux Atlantique, la société exploitante du Matmut, enregistre un déficit, de 2 millions d’euros en 2016 (pour un chiffre d’affaires de 19 millions). Dans Sud Ouest ce jeudi, son président Bernard Hagelsteen en profite pour demander de revoir le contrat de partenariat public-privé (PPP), signé pour 30 ans avec Alain Juppé, maire de Bordeaux :

« Il faut reconsidérer certains des engagements pris en conséquence des dépenses par rapport à la Ville. Nous devons chercher le moyen, la formule, la solution pour rééquilibrer le contrat. Il faut améliorer la situation sans recourir aux actionnaires. »

En clair, le groupement Vinci-Fayat qui a conçu, construit et exploite le nouveau stade, souhaite que la collectivité mette davantage au pot. La réponse à cette « demande faite par voie de presse » ne s’est pas faite attendre, par l’entremise de Nicolas Florian, adjoint en charge des finances, lors d’un point presse ce jeudi à la mairie de Bordeaux :

« Nous ne sommes pas aujourd’hui disposés à renégocier un contrat signé en toute connaissance de cause par ceux qui nous l’ont proposé, selon un modèle établi par le constructeur et exploitant. On peut comprendre que sur ces premières années l’exercice soit en déficit, le lancement d’une exploitation nécessite période de rodage. J’espère pour eux que ces difficultés sont conjoncturelles, pas structurelles. Le temps doit faire son œuvre. On doit apprécier l’équilibre économique sur la durée. »

Péché originel

La mairie estime en effet que le « modèle économique du stade est faux en l’état », selon l’expression de Ludovic Martinez, directeur de cabinet d’Alain Juppé. Nicolas Florian pointe un « péché originel » – le contrat de naming avec les assurances Matmut rapporte un million d’euros de moins qu’escompté -, ainsi que l’absence de grande manifestation en 2016.

Loin d’avoir rapporté à SBA, l’Euro de foot a représenté selon l’exploitant un manque à gagner (en ressources liées au naming, justement, l’annonceur ayant du retirer son identité du stade pendant la compétition). Cela fait d’ailleurs l’objet d’un contentieux en cours devant le tribunal administratif, sur lequel ni l’exploitant ni la mairie n’ont voulu s’épancher.

Quant aux premiers concerts n’auront en effet lieu que cet été, à savoir celui de Céline Dion (complet) et des Vieilles Canailles (si Johnny Halliday est remis sur pied). Et Nicolas Florian estime que la mairie aide le stade à décrocher de telles affiches :

« La Ville a participé activement à leur amener un certain nombre de manifestations, comme les demi-finales Top 14 de rugby en 2015, et un soutien actif pour flécher les concerts dans cette enceinte. Nous incitons et accompagnons les tourneurs qui viennent nous trouver. Et si par bonheur la France organise la Coupe du monde de rugby en 2023, et Paris les JO en 2024, le stade de Bordeaux sera dans le lot. »

« Bon contrat »

Bref, la municipalité, régulièrement attaquée par l’opposition pour l’impact du stade sur les finances publiques, affirme boire du petit lait.

« C’est un bel équipement qui participe au rayonnement et à l’attractivité de la ville, rappelle Nicolas Florian. Et on se félicite de la façon dont il est exploité, de l’organisation des évènements et de l’accueil du public. Nous sommes contents de notre partenariat, cela nous conforte dans l’idée que nous avons fait un bon contrat. »

On sait désormais que SBA ne l’entend pas de cette oreille. Mais d’après l’adjoint d’Alain Juppé, la société n’a guère de moyens d’obtenir la renégociation demandée, et serait un peu coincée.

« Cela m’étonnerait que des groupes comme Vinci et Fayat disent urbi et orbi qu’ils n’arrivent pas à gérer un équipement de ce style, cela ferait passer un message difficile à assumer. Si ils se retrouvent en difficultés, ils devraient passer par un dépôt de bilan et un désengagement, mais on n’en est pas là. »

Dos au mur

Pour le conseiller municipal Matthieu Rouveyre, le message envoyé par l’exploitant est au contraire « la première étape vers une catastrophe financière pressentie », ayant motivé le recours de l’élu PS devant le Conseil d’Etat » :

« SBA est à cran, Vinci et Fayat ne veulent plus payer. S’ils disent leur volonté de renégocier, c’est qu’ils ont des outils pour la réclamer : Alain Juppé est dos au mur car il a accepté par avance la cession des créances aux banques pour la construction. Les actionnaires peuvent donc liquider SBA et arrêter de rembourser. Si SBA met la clé sous la porte, non seulement on pourra s’asseoir sur les 4,48 millions d’euros de recette garantie, mais on devra payer à la banque les 5,6 millions de loyers », destinés à rembourser les créanciers.

Soit plus de 10 millions d’euros par an à la charge de Bordeaux Métropole. Matthieu Rouveyre voit « la seule raison ayant poussé Alain Juppé à transférer le stade à la métropole, afin de faire supporter par 28 communes ce risque, s’il venait à se produire ».

Les résultats 2017 de SBA, qui compte par ailleurs baisser ses coûts d’exploitation pour retrouver des marges, donneront sans doute un tour décisif à l’affaire.


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