Le mascaret annoncé a bien eu lieu. Non seulement les candidats de la République en marche (LRM) sont en tête des législatives dans les 12 circonscriptions de la Gironde, mais ils devancent partout très nettement leurs rivaux, frôlant ou dépassant les 40% dans 7 d’entre elles, oscillant entre 30 et 40 dans 4 autres.
Étant donnée la très faible participation (un peu plus de 50%), aucun candidat n’est parvenu à rassembler assez de suffrages exprimés pour se maintenir et donner lieu à des triangulaires. Il n’y aura donc que des duels au second tour, le dimanche 18 juin.
1 – Pour la Rose, c’est la lose
Le Parti socialiste est le grand perdant de la première manche. Détenteur de 10 sièges sur 12 dans la majorité sortante, il se retrouve éliminé dès le premier tour dans 7 circonscriptions, notamment les 3 concernant Bordeaux, et en grande difficulté dans les 5 autres.
Dans la 9e, Gilles Savary est à 17,38%, et sa rivale Sophie Mette (Modem-LRM) à 31,21% : pour être réélu, le député PS qui se proclame « macron-compatible » aurait probablement du imiter son collègue Florent Boudié, rallié plus tôt à Emmanuel Macron. C’est le seul député sortant en position de conserver son siège, dans la 10e (Libournais).
Dans la deuxième circo (Bordeaux centre), Michèle Delaunay est d’ores et déjà battue. Avec 10,69% des voix, la députée est seulement quatrième, derrière Catherine Fabre (LRM, 39,78%), l’adjointe au maire de Bordeaux, Anne Walryck (15,79%) et Aude Darchy, de la France insoumise (13,28%). Interrogée sur TV7 ce dimanche, l’ex ministre du gouvernement Ayrault n’a pas voulu donner de consigne de vote.
Dans la première (Bordeaux nord, Le Bouscat, Bruges), le socialiste Philippe Dorthe est hors course, alors que la circonscription était tenue par le PS. Elle verra ainsi se dérouler un duel entre macroniste et juppéiste.
2 – LR manque d’air
Mais la partie s’annonce ici aussi compromise pour le candidat Les Républicains (LR), Nicolas Florian, qui a obtenu 20,07%, contre 43,95% pour la « marcheuse » Dominique David. Autant dire qu’avec trois qualifiés au deuxième tour, les chances sont maigres pour LR d’obtenir des députés en Gironde : même Yves Foulon, le député sortant et maire d’Arcachon, est en ballotage très défavorable face à la macroniste Sophie Panonacle dans la 8e circonscription (23,99% contre 40,38%).
La défaite de la droite sur le Bassin serait une surprise, tout comme celle de la gauche dans la 3e circonscription (Bordeaux sud, Bègles, Talence, Villenave d’Ornon). Le député-maire écolo de Bègles Noël Mamère avait passé le témoin à sa suppléante, la socialiste Naïma Charaï. Mais la porte-parole de Benoît Hamon pendant la présidentielle est éliminée, largement devancée par l’adjoint d’Alain Juppé, Marik Fetouh (LRM, 33,43%).
3 – Insoumis vaut mieux que deux tu l’auras
Celui-ci affrontera au deuxième tour Loïc Prud’homme (19,02%), qui a plus de réserves de voix à gauche que son rival, mais un certain retard à combler. L’attitude de Naïma Charaï et de ses électeurs à son égard sera déterminante. Dans la 12e (l’Entre-deux-mers), Christophe Miqueu, l’autre candidat de la France insoumise parvenu à se qualifier est, avec 16,39%, largement distancé par la LRM Christelle Dubos (37,44%).
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon aurait pu espérer mieux : Maud Besson et Marie Duret-Pujol ratent le deuxième tour pour quelques centaines de voix dans la 4e circo (Lormont, Cenon, Floirac, Carbon-Blanc) et dans la 6e (Mérignac, Saint-Médard). Elles vont peut-être regretter ces suffrages qui se sont portés sur les candidats du Parti communiste, avec lequel la France insoumise n’est pas parvenue à faire alliance avant l’élection.
4 – La Gironde de la droite de la gauche à la gauche de la droite ?
Mais si plusieurs circonscriptions détenues par le Parti socialiste depuis des décennies, vont changer de couleur et de visage dimanche prochain, l’orientation politique plutôt sociale-libérale de leurs élus ne va pas être radicalement bouleversée.
Dans la 6e, la députée sortante PS Marie Récalde, qui s’affichait sur des photos de campagne avec Emmanuel Macron, ne réalise que 14,06%, 30 points de moins qu’Eric Pouilliat. Ce dernier, référent adjoint d’En Marche ! en Gironde, est un transfuge du Parti socialiste – il était directeur de cabinet de Serge Lamaison, ex maire de Saint-Médard.
Dans la 4e, Aziz S’Kalli Bouaziza (LRM, 31,35%), a milité 20 ans au PS, et est conseiller municipal à Lormont, dans l’équipe du socialiste Jean Touzeau. Il devance Alain David, le maire PS tendance vallsiste de Cenon, qui n’a recueilli que 16,31%.
Enfin, Benoît Simian, candidat macroniste dans la 5e opposé dimanche prochain à la députée sortante Pascale Got (18,56%), participait en 2012 à la campagne de cette dernière en tant que jeune militant PS.
5 – Le FN confirme dans le couloir de la pauvreté
C’est historique : le Front national sera présent au deuxième tour des élections législatives dans deux circonscriptions de Gironde. Mais ses chances de l’emporter sont minimes : dans la 10e, le macroniste Florent Boudié compte avec 40,27% des suffrages une avance plus que confortable sur Sandrine Chadourne (15,89%).
C’est nettement plus serré dans le Blayais (11e circonscription), où Véronique Hammerer (LMR, 27,79%) sera opposée à Edwige Diaz (FN 23,65%). Mais la secrétaire départementale frontiste a très peu de réserves de voix. Reste que cela confirme l’implantation du Front national dans le nord du département. Ailleurs, sa percée est plus limitée. Même le score de Grégoire de Fournas dans le Médoc (15,97%) est relativement décevant par rapport aux résultats de Marine Le Pen à la présidentielle.
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