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Effets Lonely Planet et LGV pour le tourisme à Bordeaux ?

La saison touristique bat son plein à Bordeaux : au lancement de la LGV a coïncidé un record de fréquentation de l’aéroport en juillet, et le nombre de nuitées ne cesse de progresser.  La cité de pierre prend-elle le chemin du tourisme de masse ? L’office de tourisme de Bordeaux Métropole affirme veiller au grain.

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Effets Lonely Planet et LGV pour le tourisme à Bordeaux ?

Qui a connu le centre-ville de Bordeaux quasi désert au mois d’aout il y a seulement quelques années ne peut qu’être frappé par l’animation qui y règne actuellement jour et nuit, par la diversité des langues entendues dans la rue, par les foules de touristes devant les « must-see » de la ville, ou même par ceux égarés dans des coins plus excentrés.

La réalité des chiffres conforte-t-elle ces impressions visuelles ? Du côté de l’Office de tourisme de Bordeaux Métropole, on fait état d’une « relative stabilité » de la fréquentation en juillet par rapport au même mois de 2016. Sans pouvoir encore avancer de données précise, son directeur Nicolas Martin évoque des « mouvements de visiteurs différents » :

« Nous avons reçu plus de touristes d’affaires (des visiteurs venus passer au moins une nuit à Bordeaux pour raison professionnelle, NDLR) début juillet, et la fin du mois a été un peu plus molle ; entre la canicule et la fraicheur, il n’y a pas eu de juste milieu côté climat. »

L’effet LGV serait-il à tempérer ? Les premiers résultats détaillés de la ligne Paris-Bordeaux ne seront communiqués qu’en septembre par la SNCF, qui doit faire face aux conséquences de la panne sur le nouveau réseau.

Jointe par Rue89 Bordeaux, la compagnie signale cependant que ses 33,5 allers-retours quotidiens (dont 18,5 directs, 6 de plus qu’avec l’ancienne ligne) sont pleins à 90%. Et « 18% des professionnels de Bordeaux notent l’effet positif de l’ouverture de la LGV », selon une note de conjoncture touristique de l’Observatoire de la région Nouvelle-Aquitaine.

Séance photo sur le miroir d’eau (SB/Rue89 Bordeaux)

Tout le monde surferait ainsi sur la vogue pour le port de la Lune, symbolisée par le classement du Lonely Planet, qui place Bordeaux N°1 des villes à visiter en 2017. Une des motifs de ce choix était justement… l’arrivée de l’Océane, « pile à l’heure pour les agapes », écrit le guide touristique.

« Car la Cité du Vin, fraîchement inaugurée, vient parachever l’impressionnante transformation des berges de la Garonne, tandis que les tables bordelaises n’en finissent plus de se réinventer », s’enflamme le Lonely.

Une destination qui décolle

A-t-on déjà enregistré des retombées de ce palmarès établi à l’automne dernier ? Selon Nicolas Martin, Bordeaux a certes enregistré au printemps une hausse continue du nombre de visiteurs, mesurable par une croissance des nuitées de 5 à 7% par mois jusqu’en juin.

« Mais il est difficile de dire quel a été l’effet Lonely Planet ou celui de la LGV, enchaîne le directeur de l’office de tourisme. Car tout cela s’additionne, comme le classement Unesco en 2007, ou le label European Best Destination ont été des éléments parmi d’autres contribuant à l’attractivité de la ville. Ce qui est plus facile à mesurer, c’est l’évolution des nationalités des visiteurs, conséquence directe de l’ouverture de nouvelles lignes aériennes. Les Allemands sont ainsi en forte progression avec les nouveaux vols depuis Hambourg, Berlin ou Francfort. »

Pour mesurer l’affluence dans les rues de la ville, il faut donc sans doute regarder en l’air : l’aéroport de Bordeaux s’est réjouie d’un trafic record en juillet 2017. 667 000 passagers ont transité par Mérignac, soit 61 000 voyageurs de plus que l’année dernière. Sur ce nombre, 49,5% sont des arrivées, c’est à dire des visiteurs venant à Bordeaux, et 50,5% des départs de Bordelais ou d’habitants de la région.

Et plus de la moitié de ces voyageurs (391 000) ont emprunté des vols internationaux, principalement depuis/vers l’Angleterre et l’Irlande (96000 passagers mensuels), l’Espagne et le Portugal (79900) et l’Italie (34000). Même si 75% des visiteurs de Bordeaux sont encore des Français.

« On a aujourd’hui cette chance que les Bordelais soient encore fiers d’entendre parler toutes les langues et que le tourisme ne devienne pas une contrainte, poursuit Nicolas Martin. Cela commence à poser de gros problèmes à Venise et à Barcelone. Mais nous n’avons pas le même genre de touristes qu’en Catalogne, où vont les jeunes pour ses boites de nuit géante et son alcool pas cher. Et Venise est devenue une ville musée, une mono-industrie sans habitant, ce dont Bordeaux est très loin. »

Éviter les ghettos de touristes

Si Bordeaux reçoit environ 6 millions de visiteurs par an (contre 8,3 millions à Barcelone, sans compter les croisiéristes), le directeur de son office de tourisme vante « une croissance harmonieuse, bien répartie dans le temps et dans l’espace » :

« Il ne faudrait pas que les Bordelais ne se sentent plus chez eux dans le centre-ville et sur les quais, c’est donc intéressant que le tourisme se fasse aussi lors des mois creux, et que les flux ne soient pas concentrés sur l’hypercentre, mais se dirigent aussi vers Darwin et la rive droite, le château du Taillan, ou la Cité Frugès à Pessac. Nous voulons que la clientèle touristique qui vient profiter de Bordeaux découvre ses alentours, c’est ce que propose notre City Pass. »

Dans cette optique Nicolas Martin salue la décision de la métropole de plafonner le nombre de nuitées de locations de logements entre particuliers à Bordeaux :

« Airbnb, c’est très bien. Mais il faut que cela profite aussi à Mérignac, à Pessac ou à Carbon-Blanc. Et cela doit permettre d’aller chez l’habitant, pas dans des meublés convertis en para-hôtellerie dans des quartier transformés en ghettos pour touristes. »

Pour le boss de l’office de tourisme, l’enjeu va désormais consister à « favoriser les mélanges entre touristes et habitants » :

« Les meilleurs vecteurs de rencontres, c’est la culture et le sport. Au marathon, tout le monde court ensemble, c’est un excellent moyen de mélanger habitants et visiteurs – qui ne sont pas seulement des touristes, mais peuvent être des étudiants ou des créateurs d’entreprise  installés pour quelques mois à Bordeaux. Nous allons mieux mettre en avant tous ces évènements via un nouveau site internet qui sera lancé en novembre, pour signaler la diversité des loisirs sur le territoire – où faire du poney avec les enfants, réparer son vélo dans un atelir collaboratif, ou découvrir un groupe de musique local… – et inciter les gens de Pessac à aller voir ce qui se passe à Carbon-Blanc. »

Une commune sur laquelle devrait décidément se pencher le Lonely Planet.


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