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Les nounous enfilent leur gilet rose contre la réforme de l’assurance-chômage

À l’initiative de cinq assistantes maternelles de Gironde, le mouvement des gilets roses a été créé en novembre pour protester contre la réforme de l’assurance-chômage, en cours de négociations. A Bordeaux, elles étaient quelques dizaines rassemblées place de la Victoire ce samedi pour alerter sur la baisse de leurs compléments de revenus en cas d’activité réduite.

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Les nounous enfilent leur gilet rose contre la réforme de l’assurance-chômage

Ce samedi matin, quelques dizaines de personnes sont rassemblées sur la place de la Victoire. Mais pas de jaune à l’horizon. Ce sont environ 50 gilets roses qui occupent le pavé, dansant devant la sono de la CGT et interpellant les passants avec des tracts. « Ass-Mat en colère », « Touche pas à mon assistante maternelle ! », « La précarité, c’est pas notre métier ! »…

Motivées malgré la pluie fine, ces femmes –  pour l’essentiel – comptent bien faire entendre leur voix. Peu habituées à descendre dans la rue, les assistantes maternelles ont décidé de se mobiliser dans 29 villes de France face à ce qu’elles estiment être une étape de plus vers la précarité de leur métier.

11000 assistantes maternelles en Gironde

Elles jouent un rôle important dans la vie des enfants et sont une aide précieuse pour les parents. Pourtant, les quelque 330 000 assistantes maternelles exerçant en France (dont 11 000 en Gironde) sont inquiètes de l’évolution de leurs conditions de travail. Leurs craintes sont dirigées vers la réforme de l’assurance-chômage en cours, le gouvernement ayant lancé une renégociation de la convention Unedic qui prévoit plus de trois milliards d’euros d’économie sur trois ans.

Le texte prévoit notamment de limiter dans le temps voire de réduire les allocations chômage pour les personnes à activité réduite qui ont plusieurs employeurs, comme les assistantes maternelles. Actuellement, lorsqu’elles perdent un contrat suite à l’entrée de l’enfant à l’école, un déménagement ou la perte d’emploi d’un des parents, elles touchent l’Allocation de Retour à l’Emploi (ARE) en attendant d’accueillir un nouvel enfant. Le montant de cette indemnité représente 57 à 75 % du salaire initial. Selon la future convention, elles pourraient subir une réduction de 100 à 200 euros de ce complément d’activité, même si peu d’informations filtrent sur le contenu de la réforme.

« Au début, on nous a dit que le texte prévoyait une suppression du complément d’activité. Maintenant, il s’agirait plutôt d’une diminution du montant des indemnités, de la durée du chômage et une révision du mode de calcul. On va de toute façon y perdre », se désole Laurence Joly, assistante maternelle à Langon.

Les assistantes maternelles girondines à l’origine des Gilets roses (CB/Rue89 Bordeaux)

Avec quatre autres nounous de Gironde, elle a créé la page Facebook des gilets roses qui compte 9 000 membres sur toute la France.

« Si cette réforme passe, beaucoup de nos collègues vont arrêter ce métier et rechercheront un contrat fixe, s’inquiète Émilie Ferbos, assistante maternelle depuis huit ans à Gradignan, elle aussi impliquée dans la création du collectif. Notre statut est déjà peu valorisé, on peut faire 50 heures par semaine avec trois enfants pour gagner en moyenne entre 1 000 et 1 500 euros. Si on perd un contrat à temps plein, soit entre 500 et 600 euros, l’allocation chômage nous permet de tenir le coup quelques mois jusqu’au prochain contrat. »

La situation est d’autant plus délicate pour les personnes qui exercent en milieu rural, où les possibilités d’accueillir de nouveaux enfants sont plus rares qu’en ville.

Un métier exigeant

Valérie, nounou à Mérignac, est venue pour « faire comprendre aux gens la réalité de notre situation. En temps normal je garde trois enfants en cumulant des temps pleins et partiels, mais en ce moment je n’en ai que deux. Si je n’avais pas le complément de Pôle Emploi ce serait compliqué ».

Pour elle et ses collègues, l’enjeu est de sauvegarder une activité qui rend service à de nombreux parents.

« 86 % des familles font appel à des assistantes maternelles », insiste Florence Cazenave, qui exerce à Fargues.

Le métier d’assistante maternelle est très exigeant, même si les nounous estiment qu’il manque parfois de considération. « Contrairement à ce que l’on peut croire, on ne reste pas là à ne rien faire ! », rappelle Laurence Joly. Avec l’agrément pour quatre enfants, elle atteint péniblement 1 200 euros par mois.

« Je cumule plusieurs petits contrats pour des journées de 12 heures, entre l’accueil tôt le matin, les repas, les activités, les couches à changer, le ménage… Au final, je touche en moyenne 3 euros à 3,50 euros de l’heure… »

« On ne compte pas nos heures »

Pour Mallaury Vautier, de Saint-Denis-de-Pile, « assistante maternelle est un vrai métier. On peut garder les enfants tard le soir, la nuit, les week-ends… On ne compte pas nos heures ». Bien qu’elle possède trois agréments, elle ne garde que deux enfants à temps plein actuellement, avant l’arrivée d’un troisième en avril.

« Je n’ai pas encore le complément du contrat perdu car les procédures sont longues avec Pôle Emploi. C’est une dépense d’énergie énorme. Il faut envoyer chaque mois les documents pour chaque employeur, mais on ne reçoit pas toujours les indemnités en temps voulu. Pour l’instant, je gagne environ 1 100 euros. Je suis en couple donc à deux, on y arrive. Mais pour les femmes célibataires, avec un seul salaire, c’est la galère… »

Les négociations sur la réforme du cumul chômage-emploi, qui concerne aussi les auxiliaires de vie ou les femmes de ménage, doivent s’achever fin février.


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