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Flashmob pour la reconnaissance du passé esclavagiste

Le 5 mars dernier, la Fondation du mémorial de l’esclavage lançait sa campagne « rebaptisez les rues de négriers » dans les villes de Marseille, Le Havre, Nantes, La Rochelle et Bordeaux. Objectif : profiter de la campagne des municipales pour « ouvrir un débat sur le bien-fondé de la persistance de ces noms de rues qui honorent des criminels, et …

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Flashmob pour la reconnaissance du passé esclavagiste

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Le 5 mars dernier, la Fondation du mémorial de l’esclavage lançait sa campagne « rebaptisez les rues de négriers » dans les villes de Marseille, Le Havre, Nantes, La Rochelle et Bordeaux. Objectif : profiter de la campagne des municipales pour « ouvrir un débat sur le bien-fondé de la persistance de ces noms de rues qui honorent des criminels, et qui sont une offense aux victimes et résistants de l’esclavage », comme l’explique Karfa Diallo, le président de la Fondation du mémorial de l’esclavage.

Cette fondation, créée le 10 mai 2006 à l’Assemblée Nationale Française, sous la Présidence d’honneur de Patrick Chamoiseau, Noël Mamère, Roni Brauman et Françoise Vergés et installée à Bordeaux, œuvre notamment pour la promotion « d’un travail de mémoire serein et apaisé autour des héritages de la traite des noirs et de l’esclavage au niveau local, national et international ».

A Bordeaux, 22 rues [voir encadré] portent ainsi toujours le nom de négriers (contre 11 à Nantes, 6 à Marseille et 5 au Havre et La Rochelle).

« C’est la ville qui compte le plus de rues portant des noms de négriers, alors même que ce n’est pas à Bordeaux que la traite des noirs fut la plus importante, précise Karfa Diallo. Cela reflète bien l’honneur que l’on accorde à ces personnes et la prégnance de l’idéologie colonialiste dans notre ville ».

Déjà en 2009, une campagne, appelée cette fois, « Débaptisez les rues des négriers » avait été menée dans ces mêmes villes, à l’exception de Marseille.

« Alors que les maires de Nantes, du Havre ou de La Rochelle nous avait alors fait part de leur compréhension, précise Karfa Diallo, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, n’avait pas daigné nous répondre. »
« Nous espérons cette fois que nous parviendrons à nous faire entendre, mais avec Alain Juppé, c’est très compliqué, poursuit Karfa Diallo. D’ailleurs la seule avancée que nous avons réussie à Bordeaux, c’est sous la mandature de Hugues Martin quand Juppé alors condamné était au Québec. »

Avancée qui eut comme conséquence l’ouverture de salles du musée d’Aquitaine consacrées à « Bordeaux au XVIIIe siècle, le commerce atlantique et l’esclavage », en 2009. « De même, plus récemment, alors que Vincent Feltesse proposait d’appeler le pont reliant Bacalan à la rive droite, Toussaint Louverture, Juppé s’y était opposé », poursuit Karfa Diallo.

Et chacun sait que ce pont a finalement été baptisé Chaban-Delmas… « A Bordeaux, le nom de Toussaint Louverture est associé au nom d’une impasse dans le quartier Nansouty , c’est assez révélateur… », conclut le président de la Fondation du mémorial de l’esclavage.

Aussi pour marquer le coup, un flashmob sur le thème de la plantation coloniale sera organisée, le 12 mars, rue Saige, du nom du grand armateur négrier et premier maire élu de Bordeaux, François-Armand de Saige. Une pétition sera également lancée.

Karfa Diallo espère que des personnalités bordelaises connues pour leur position abolitionniste, tels André-Daniel Laffon de Ladebat, né le 30 novembre 1746 à Bordeaux et remarqué en 1788 pour son célèbre Discours sur la nécessité et les moyens de détruire l’esclavage dans les colonies à l’Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, verront bientôt leur nom apposé au coin de nos rues…


#Bordeaux

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