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Pour la sauvegarde du patrimoine, le Louvre passe par Eysines et Rions

En 2013, l’École du Louvre et la Sauvegarde de l’art français lancent une opération pour mieux protéger le patrimoine menacé des communes : Le plus grand musée de France est né. Il s’agit de venir au secours des œuvres en péril et les mettre en valeur. Deux œuvres en Gironde ont été repérées, l’une à Eysines, l’autre à Rions.

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Pour la sauvegarde du patrimoine, le Louvre passe par Eysines et Rions

L'École du Louvre à Paris (DR)
L’École du Louvre à Paris (DR)

A l’extérieur de ses musées, la France abrite des trésors artistiques inestimables. Ceux-ci demeurent trop souvent dans l’ombre d’édifices peu fréquentés où ils subissent les dégradations du temps. La campagne « Le plus grand musée de France » – portée par la Junior entreprise de l’École du Louvre – envoie sur les routes de l’Hexagone une cinquantaine d’élèves dans le but de repérer des œuvres en danger. Une véritable chasse aux trésors, dont la première édition a remporté un grand succès en 2013, est reconduite pour l’année 2014.

En Gironde, Karen Mounier et Arnaud Darrioumerle ont repéré deux œuvres qui nécessitent une restauration urgente : la sculpture d’une Vierge à l’Enfant du XIIIe siècle sur la commune d’Eysines et un tableau figurant Saint Régis prêchant de 1850 sur la commune de Rions.

Vierge à l’Enfant et à la Colombe, église Saint-Martin à Eysines. A droite la statue telle qu’elle était couverte d’enduit (DR).

Les mésaventures de la « Vierge à l’Enfant et à la Colombe »

C’est une histoire invraisemblable ! Cette sculpture de la Vierge à l’Enfant dormait depuis plusieurs années dans l’église Saint-Martin d’Eysines. Sa valeur, à première vue insoupçonnable, est mise au jour à l’occasion de la réfection des peintures murales de l’église. L’architecte en chef des monuments historiques fut intrigué par sa posture. Il demanda alors à gratter l’enduit et découvre ainsi la sculpture en bois.

Cet enduit de type mastic repeint de couleurs vives est une technique courante fin XIXe pour « retaper » les œuvres défraichies. Une fois soigneusement gratté, se révèle alors une magnifique Vierge sculptée dans le bois datant du XIIIe siècle !

L’état de cette œuvre ne permet pas sa présentation au public. Elle fut mise à l’abri dans un presbytère à Blanquefort dans l’attente de trouver des solutions pour sa restauration. La statue est repérée par Karen Mounier, élève en première année de l’École du Louvre. Elle est originaire du Taillan-Médoc et a fréquenté le collège d’Eysines. Son dossier pour la restauration est validé et l’intervention d’un restaurateur afin de traiter le bois et ralentir son usure est estimée à 5000 €.

Début février, une bougie met le feu dans une salle du presbytère de Blanquefort. L’œuvre, fraichement débarrassée de son enduit, est en partie noircie par les flammes. La réparation de ces dégâts est à l’examen.

Un concert gratuit dans l’église d’Eysines sera donné le dimanche 30 mars par les élèves du Conservatoire de Bordeaux. Il sera également l’occasion de présenter pour la première fois au public la statue de la Vierge.

Saint Régis prêchant, église Saint-Seurin à Rions. A droite, détail présentant les craquelures (DR).

Le monumental « Saint Régis prêchant »

L’église Saint Seurin à Rions conserve en son sein un magnifique témoignage de son passé avec un tableau représentant Saint Régis prêchant. Faute de moyens pour entretenir une œuvre d’une dimension imposante, des craquelures et des écaillements jalonnent désormais sa couche picturale.

Comme beaucoup d’églises de villages en France, celle de Rions voit ses portes s’ouvrirent uniquement le dimanche. Les fidèles ne sont pas alors forcément conscients des trésors cachés dans leur lieu de culte. Ce tableau de Saint Régis, situé sur le bas-côté nord de la nef, reste ainsi peu visible.

Arnaud Darrioumerle est en troisième année de l’École du Louvre. Sa grand-mère habitait Rions et il se souvient parfaitement du Saint Régis de l’église. La mairie de Rions n’a pas les moyens d’une restauration estimée à 4000 €. Dans le cadre de l’opération de son école, il signale l’œuvre qui se retrouve rapidement inscrite sur la liste du patrimoine en péril.

L’intervention d’un professionnel sur la toile sera nécessaire pour fixer les pigments et les écailles provoquées par l’usure. C’est une opération qui ne demande pas de grands moyens mais s’avère importante pour redonner toute la finesse et la clarté de ce tableau.

À la recherche de mécénat

Hormis le désir de faire connaître les richesses de nos communes et susciter l’intérêt de la population pour le patrimoine local, l’opération « Le plus grand musée de France » espère aussi trouver des financements permettant le travail de restauration.

L’opération est soutenue par le Ministère de la Culture ainsi que par l’Association des Maires de France et la Fondation Bettencourt Schueller. En plus d’avoir la satisfaction d’œuvrer pour le patrimoine, les étudiants sont heureux de disposer avec cette campagne d’un formidable outil pédagogique pour leur formation. Une sorte de stage grandeur nature.


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