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Bernard Laporte frappe à la porte de la FFR

Bernard Laporte vient de se porter candidat à la présidence de la FFR. Il a confié ses ambitions dans L’Equipe du 25 avril. Pas sûr qu’il devienne le président de tous les clubs, celui de Toulon et de l’UBB, comme celui de Cadillac et de Saint-André-de-Cubzac.

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Bernard Laporte frappe à la porte de la FFR

Bernard Laporte (Wikipedia)
Bernard Laporte (Wikipedia)

Ainsi s’est-il déclaré. Il sera bel et bien candidat à la présidence de la FFR en 2016. Lui, c’est Bernard Laporte. Il est las d’un système sclérosé et entend apporter du sang neuf dans la citadelle verrouillée. Il se livre à un réquisitoire en règle contre la vieille dame.

Après tout notre homme fut secrétaire d’Etat aux sports lors du premier gouvernement Fillon. Il est vrai que ce passage n’a pas laissé de traces particulières, voire pas de traces du tout. D’où un doute légitime sur ses capacités à avoir une vision politique et à la mettre en œuvre.

La sanction qui l’a frappé, suite à ses propos peu amènes sur l’arbitrage de M. Cardonna lors de la rencontre Toulon-Grenoble, a beaucoup joué dans sa décision. Il s’est senti victime d’une injustice. Il n’est cependant pas revenu sur l’outrance de ses propos, sur ses attaques contre un homme qui allaient au-delà de l’arbitre. On attendait plus de mesure et de distinction de la part d’un ancien secrétaire d’Etat. Le parler vrai n’est pas tenu d’utiliser une langue vulgaire qui, par ses excès, sonne faux. Quand bien même l’arbitrage français nous paraît médiocre.

Bernie veut que la FFR soit un bouillon d’idées à défaut d’être un bouillon de culture. Et il demande que l’on vire, sans autres formes de procès, l’establishment actuel. Il y a du Poutine chez l’ancien entraîneur du XV de France qui fut pourtant un bon compagnon de route lorsqu’il exerçait les fonctions qui lui furent confiées par ceux qu’ils vilipendent aujourd’hui. Toutes choses qui ne l’empêchent pas de comparer à celui de la STASI le fonctionnement de dirigeants en place depuis trente ans. En quoi, il su accepter alors ce qu’il dénonce à présent.

L’attaque de Bernard Laporte vise surtout le comportement d’hommes dont il faut bien reconnaître qu’ils ne brillent ni par leur audace ni par leur efficacité. On eût aimé néanmoins qu’il proposât une vision, l’amorce d’un projet et qu’il dépasse le stade exclusif de ses rancœurs. S’en tenir à la durée de mandats, qu’il limiterait à deux ans, est un peu court comme programme. Sa diatribe est, au bout du compte, assez égocentrique. En fait, il n’est question que de lui-même. On ne sent pas le moins du monde la dimension collective dont on nous rebat les oreilles avec le rugby.

Qu’il faille une autre gouvernance, tout le monde en convient. Elle nécessite une remise à plat de l’organisation actuelle, des comités à la fédération. Elle exige un lien indéfectible entre le rugby dit amateur et celui de l’élite. Or, il y a fort à penser que le rugby de Bernard Laporte s’arrête au rugby des sommets. Et je doute que ceux qui le poussent à s’engager appartiennent au rugby de peu qui rassemble l’immense majorité des joueurs, éducateurs, dirigeants.

Pourquoi le rugby ne devrait-il être géré que par des figures médiatiques ? Il a besoin de dirigeants responsables, ouverts qui ne soient pas exclusivement acteurs du haut du pavé. Entre le notabilisme ancestral et vermoulu qui prévaut et les tenants du haut de l’affiche, il y a un équilibre à trouver.

Les clubs, tous les clubs sont-ils prêts à faire une nécessaire révolution ? Qui pour les entraîner dans ce rebond salutaire ? On aura compris que je ne crois guère à la révolution Laporte, révolution portée par un seul homme, prisonnier de son orgueil et de ses rancunes. Pas plus que je ne crois au salut venant du dauphin programmé, Serge Blanco, dont la principale affaire est la construction d’un grand stade au mépris des attentes des clubs qui tirent à hue et à dia pour maintenir leurs clubs sur de bons rails. Et, bien entendu, je parle de tous les clubs. Aussi bien de Cadillac, Saint-André-de-Cubzac que de l’UBB.

La démocratie reste à inventer en rugby. Elle ne naîtra que du peuple du rugby. Bernard Laporte est d’abord redevable à ce sport qui lui a quand même énormément apporté. Plus qu’à beaucoup. Par la grâce d’un système qu’il est temps de changer en profondeur.

Cela ne remet pas en cause ses qualités d’entraîneur, de meneur d’hommes. Elles ne suffisent pas à légitimer son ambition présidentielle qui doit, encore une fois, reposer sur une vision. Et s’asseoir sur une réelle prise en compte des problèmes du rugby français, de tout le rugby français ! Cela exige autre chose que des effets de tribune. Un voyage au cœur des réalités est, sans doute, le premier devoir de tout prétendant. Nous en sommes bien loin.


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