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Les Bordelais invités à descendre dans la Grand Rue

Fidèle à son « urbanisme laboratoire et complémentaire à celui qui est fait pour durer », Bruit du Frigo propose un projet d’expérimentation artistique et sociale dans les quartiers Belcier et Carle-Vernet. Ce samedi, premier volet de La Grand Rue, place Ferdinand-Buisson, autour des projets nés des collaborations entre artistes et habitants.

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Les Bordelais invités à descendre dans la Grand Rue

La Grand Rue, samedi 31 mai place (Bruit du Frigo)
La Grand Rue, samedi 31 mai place Ferdinand-Buisson (Bruit du Frigo)

« C’est notre première action publique pour la Grand Rue », précise Gwenaëlle Larvol, chargée du projet pour le collectif Bruit du Frigo avec Anne-Cécile Paredes. Ce samedi 31 mai, sur la place Ferdinand-Buisson, vient clôturer une semaine de résidence d’artistes dans le quartier et sera l’occasion de dévoiler les projets à développer dans le cadre de l’opération Un Lieu Possible. Ce sera « une fête, une balade urbaine, un bal et une guinguette, une occasion de porter un regard décalé. »

La coopération autour d’un cadre de vie

Le Bruit du Frigo est un collectif basé à Bordeaux qui regroupe des architectes, des urbanistes et des artistes autour d’une démarche de coopération avec les usagers, sur la transformation du cadre de vie. En activité depuis 1997, il se consacre à l’étude et l’action sur la ville et le territoire habité, à travers des démarches participatives, artistiques et culturelles.

Initié par Yvan Detraz et Gabi Farage, ce dernier – disparu en 2012 –, déclarait que, souvent, « la fabrication de la ville reste une affaire de spécialistes et de professionnels. Des personnes se chargent de l’imaginer pour les autres. Pourtant, chacun, passant comme habitant, a aussi sa propre vision de l’aménagement et de l’évolution des lieux qu’il fréquente. »

Le collectif a ainsi mit en œuvre des dispositifs qui mêlent des aménagements temporaires, à l’art et à l’action collective et citoyenne. Ils ont investi différents lieux des villes de France, pour installer des architectures éphémères issues d’un échange entre la population et des artistes ou des architectes. Le résultat fut visible à Lyon, Marseille et la région parisienne.

A Bordeaux, on leur doit les refuges périurbains ainsi que les randonnées périurbaines ; une démarche qui remet en question la maitrise de l’homme sur la ville en installant de nouveaux modes de découvertes.

A la conquête de la rue

Belcier et Carle-Vernet forment l’îlot qui se trouve derrière la gare Saint-Jean. Dans un quartier qui vit d’une manière le jour, et d’une autre manière la nuit, la rue ne peut être qu’une source inépuisable de rencontres. C’est sur ces rencontres que la démarche de La Grand Rue s’appuie pour faire se rencontrer des publics et des acteurs qui n’en auraient jamais eu l’occasion, des employés de la Poste, des services de propreté de la ville, des habitants, des architectes, des artistes.

« Belcier et Carle-Vernet sont des quartiers qui se prêtent à notre démarche. L’occupation de la rue change au cours de la journée. Le jour, l’activité y est classique : des résidents et des entreprises actives. La nuit, le quartier bascule avec la proximité des boites de nuit. La rue appartient à une autre population. La vie est continue. Nous avons voulu poser un regard particulier, pour prospecter et amorcer un travail collaboratif, humain, philosophie et politique », précise Gwenaëlle Larvol.

Dans ce quartier en devenir, en mutation annoncée par le projet Euratlantique, Bruit du Frigo s’est librement rapproché des associations déjà implantées dans le quartier. « Des associations enclines à porter la parole des habitants ». L’une d’entre elles se reconnaît dans le projet, une association déjà active depuis 2006, cette association est le moteur d’ « Un quartier qui bouge ».

Un quartier qui bouge avec le centre d’animation Bordeaux Sud

« Un quartier qui bouge » est une manifestation créée en 2006 pour accompagner la mutation de cette partie de la ville. Il s’agit de favoriser la rencontre entre les nouveaux et les anciens habitants. Cet événement permet d’exprimer les savoir-faire et de mettre en relation les publics comme, par exemple, autour du sport ou d’une scène ouverte à rapper, à slamer, à danser et à chanter.

Gwenaëlle Larvol et Anne-Cécile Paredes ont lancé le projet de la Grand Rue fin 2013 et sa place fut trouvée dans la manifestation « Un quartier qui bouge ». Elles ont choisi la thématique, le lieu et ont entrepris un commissariat pour la sélection des artistes dans le but de les mettre en lien avec une structure locale :

« C’est ainsi que des artistes on travaillé toute cette semaine en binôme avec les entreprises du quartier : Geneviève Rando avec le Service de propreté de la Ville, Anne de Sterk avec la SNCF, et Marie Bouts avec La Poste. Trois autres artistes mènent un travail personnel sur des projets in situ : Bruce Bégout ; philosophe et écrivain, Diane Berg ; illustratrice et architecte, Samuel Boche ; photographe et vidéaste. Enfin un concept de cuisine mobile est mené par Nous Sommes avec le Centre d’animation Bordeaux Sud. »

D’autres structures associatives et entreprises se sont mobilisées pour s’impliquer et apporter à ses échanges des collaborations qui viennent nourrir une réflexion urbaine à taille humaine, souvent délaissée par les manœuvres des grands chantiers d’aménagement.

Investir la Grand Rue

Le 31 mai, à partir de 18h, tous les projets proposés par ces artistes sont visibles. Ils nécessitent l’implication des habitants qui auront pour mission « d’écrire le cahier des charges ». Ce cahier des charges sera établi le 16 septembre et servira à définir la deuxième étape du projet qui est la création de La Grand Rue à « taille réelle » avec le concept d’un « Lieu Possible » dans le cadre du festival « Un quartier qui bouge » prévu en juin 2015.

Pour mener à terme ce projet, un budget de 60000 € est nécessaire la première année. Comme pour la plupart des initiatives soutenues par les pouvoirs publics, les financements sont revus à la baisse – quand ils ne sont pas supprimés. Le collectif Bruit du Frigo continue d’agir malgré ces restrictions, armé d’une conviction : la ville appartient à ses habitants.

La première édition de Lieux possibles, en 2008, quais de Queyries à Bordeaux (Bruit du Frigo)

 


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