« On ne peut pas tenir des discours sur l’épanouissement des enfants, qui est le sens de la réforme des rythmes scolaires à laquelle nous souscrivons totalement, et dans le même temps détricoter l’encadrement pédagogique, en ne proposant qu’une classe pour 47 élèves de 3 à 6 ans. »
Maire de Cenac, Catherine Veyssy a donc fait voter à l’unanimité de son conseil municipal une motion contre la fermeture d’une des deux classes de maternelle du village. Elle a demandé à être reçue par l’Inspection académique, à l’origine de cette fermeture, et elle soutient l’occupation de l’école à laquelle ont appelé les parents ce vendredi 2 mai. Une date choisie pour avoir beaucoup de personnes disponibles à l’occasion du pont, tout en ayant la possibilité d’échanger en direct avec l’Inspection, qui sera ouverte.
« A 13h30, à l’heure de la reprise de la classe, les parents, les villageois et les élus vont prendre possession des locaux, des classes et de la cour, l’objectif étant de faire un maximum de bruit pour manifester notre incompréhension de la situation », explique Emma Cox, une représentante des parents d’élèves.
5 fermetures de classes contestées en Gironde
Vote des élus, affiches, pétitions signées dans les commerces… Cénac, bourgade de 2000 habitants située dans l’Entre-Deux-Mers, s’élève ainsi contre une décision prise début avril par l’Inspection Académique. Sur les 22 fermetures de classe décidée dans le département pour la rentrée de septembre, celle de la maternelle de Cénac était alors une des cinq contestées par les syndicats.
« Nous avons été reçus à l’Inspection Académique le 2 avril, avec des enseignants et des conseillers municipaux, raconte Emma Cox. L’Inspecteur nous a informé que le seuil de maintien des 7 classes était fixé à 153 enfants, et que nous n’en aurions donc plus que six, puisque l’Inspection ne comptait que 137 élèves à Cénac. l’école avait pourtant transmis des chiffres faisant état d’un effectif confirmé de 154 enfants. Malgré cela, le couperet est tombé une semaine plus tard, et une des deux institutrices de Maternelle a reçu son courrier dans la foulée, lui demandant de se mettre au premier mouvement de mutations ».
Résultat : sur les six classes de l’école, une seule est prévue pour les 47 enfants actuellement inscrits pour la rentrée en maternelle. Le seuil maximal est de 30 élèves par classe à ce niveau : si la situation reste en l’état, l’école serait ainsi contrainte de créer des classes à double niveau, et de faire par exemple travailler ensemble des enfants de 5 et 9 ans, dans des salles sous-dimensionnées.
Situation surréaliste
Des situations « surréalistes », selon Catherine Veyssy. La décision de l’Inspection lui parait d’autant plus absurde qu’un programme de logements sociaux est en cours de livraison près de l’école. 11 familles vont s’y installer, qui comptent probablement quelques enfants en âge d’être scolarisés.
« On a perdu deux classes sur les cinq dernières années, rappelle Emma Cox. Mais on va probablement assister à l’arrivée de nouveaux habitants car le plan local d’urbanisme, bloqué pendant des années, a été modifié il y a quelques mois, et des projets de construction divers et variés démarrent sur des terrains en attente ».
Rue89 Bordeaux n’est pas parvenu à joindre mercredi l’Inspection. Agnès Dumand, cosecrétaire départementale du SNUIPP-FSU, livre néanmoins quelques éclairages sur le processus de décision :
« L’administration ne fait pas confiance aux directeurs d’école qui font remonter les chiffres, estime ainsi Agnès Dumand, cosecrétaire départementale du SNUIPP-FSU. Mais la première phase de modification de la carte scolaire est suivie en juin d’une deuxième phase d’ajustement, après la période des inscriptions qui en train de se dérouler. Une troisième phase intervient peu avant la rentrée, pour tenir compte des mouvements de populations survenus pendant l’été. Il reste une quarantaine de postes d’enseignants, que l’Inspection garde en réserve, et qui devrait donc permettre d’ouvrir les classes nécessaires. »
Trop d’élèves par classe
Si Agnès Dumand est plutôt optimiste sur l’avenir de la maternelle de Cénac, elle estime que l’affaire est révélatrice de la situation actuelle de l’école :
« On doit faire entendre que si les 54000 créations de postes actuelles dans l’Education nationale sont salutaires, elles n’équilibrent pas encore la balance après les 80000 suppressions de postes sous Sarkozy. La dotation de 116 postes en Gironde permet juste de répondre aux besoins, pas de rattraper notre retard. Nous avons ainsi 24,4 élèves par classe en école primaire dans le département, un des plus mal placés en terme d’encadrement, car la moyenne nationale est de autour de 22,7 ! »
Un retard en partie lié à la vague démographique sur le département, particulièrement forte dans la périphérie de l’agglomération bordelaise. Dans l’Entre-Deux-Mers, et ailleurs.
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