Si Bordeaux est candidate au label national French Tech, ce n’est pas pour rien : sur la CUB, 800 entreprises sont entièrement ou en partie vouées au numérique, et les emplois liés à ce secteur augmentent de 14,1% par an depuis 10 ans. Et cela continue : les « jeunes pousses » locales grandissent, et recrutent. Lors de la Startup Assembly qui se déroule jeudi, vendredi et samedi, 40 entreprises ouvrent leurs portes, à la pépinière éco-créative des Chartrons, au Node, à Darwin ou à la Cité numérique. Objectifs : proposer des ateliers de découverte de leurs activités, échanger… mais aussi dénicher d’éventuels talents.
Plateforme de vote sur internet, Multivote propose un atelier jeudi après-midi qui affiche déjà complet. Il est vrai que cette société, basée à la pépinière éco-créative des Chartrons, et qui emploie déjà 20 personnes, a fait savoir qu’elle recherchait des développeurs, community manager ou encore commerciaux.
Mines de données
Mais les visiteurs curieux des nouvelles activités qui émergent sur la Toile auront la possibilité de pousser d’autres portes. Toujours à la pépinière des Chartons, ils pourront par exemple mieux cerner l’activité d’une société « big data », comme Weenove :
« Nous aidons les entreprises à valoriser et exploiter des données qu’elles ont déjà ou qui sont à leur portée, explique Julien Barbot, son cofondateur. Fichiers de prospects clients, trafic sur leur site web… Ce sont des mines sous exploitées, qui peuvent constituer des tableaux de bord d’aide à la décision. »
Si Myam ne recrute pas pour l’instant, cette startup dit être à l’affut de créatifs indépendants qui souhaiteraient travailler sur des projets ponctuels. Les visiteurs de la pépinière éco-créative inscrits à leur atelier pourront mesurer la réalité de leur travail de A à Z : ils seront invités à imaginer le scénario d’un film humoristique, le mettre en scène, le jouer, le tourner et le monter.
« On se définit comme une agence de scénarisation, explique son cofondateur, Mathieu Bossard. On cherche à donner plus de relief à la communication des entreprises en écrivant une histoire autour de ce qu’elle souhaite mettre en avant. Nous le faisons à travers des films publicitaires, de la série web ou du « team building », pour serrer les liens des salariés lors d’ateliers théâtre ou vidéo. »
Leurs clients ? « On est assez ouverts, à condition qu’ils ne vendent pas d’armes aux petits enfants », sourit Mathieu Bossard. Cela laisse en effet une certaine marge, des négociants en vin bordelais à la banque Populaire, en passant la mairie de Bordeaux, pour laquelle Myam a produit une série web.
Des bulles et du vin
Toujours dans le champ de la com’, So Loon se démarque aussi par son utilisation novatrice des nouvelles technologies, puisque son activité se fonde sur la réalité augmentée. Elle va par exemple présenter lors de la Fête du Vin une BD interactive, « Esprit du vin » : sur certains stands des vins du Médoc, les visiteurs pourront télécharger une application contenant des informations sur les châteaux, et leur permettant de réaliser un jeu de piste dans les rues de Bordeaux, pour résoudre l’énigme de la BD.
Moins virtuel, mais très en prise avec les préoccupations des gens, 180° Ingénierie participe également à la Startup Assembly, au titre de membre de la pépinière éco-créative. « On est sur un autre créneau innovant », souligne Julien Coeurdevey, cofondateur de ce cabinet d’ingénierie, qui planche sur l’énergie passive et la bioclimatisation des bâtiments. 180° va prochainement doubler ses effectifs… de deux à quatre personnes.
Ethique et TIC
Plusieurs sociétés qui participent à ce festival des startups concilient d’ailleurs écologie et nouvelle technologies. Des jeunes pousses bordelaises se sont par exemple lancée dans l’économie de fonctionnalité, qui permet grâce à internet d’échanger ou louer des biens et des services, plutôt que d’acheter. C’est le cas de Jelouemoncampingcar.com, ou Jestocke.com (garde meuble entre particuliers), deux boîtes de la Cité numérique.
Si certaines entreprises (Multivote, JeLoueMonCampingCar ou Fabzat) ont récemment réussi des levées de fonds qui leur permettent de développer leurs activités, d’autres ont plus difficilement accès aux investisseurs. D’où l’émergence du crowdfunding, le financement participatif, dont Happy Capital est un acteur phare en France. La société basée à l’écosystème Darwin (dont elle vient d’acquérir 10% du capital) soutient actuellement sept projets, dont cinq portés par des Bordelais. A la différence d’autres systèmes de financements, dans lesquels les particuliers prêtent ou donnent des fonds, Happy Capital leur permet d’être actionnaire de l’entreprise
« Ce nouveau mode de placement commence à réconcilier le public et les entrepreneurs, c’est plutôt sympathique, se réjouit son fondateur, Philippe Gaborieau. Pour certains projets, le démarrage est timide. Mais nous venons de boucler une des plus grosses levées de fonds dans l’histoire du crowdfunding, 800000 euros pour un vaccin thérapeutique contre le sida, développé par Biosantech. »
Quand l’intérêt public est là, les donateurs sont au rendez-vous, et vont permettre à Happy Capital de recruter. Tout comme une autre entreprise bordelaise active dans le financement participatif, HelloAsso, qui collecte des dons pour des associations. La solidarité et les largesses créent toujours de la richesse.
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