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Cheminots et intermittents solidaires dans la lutte

Les agents SNCF et les intermittents du spectacle ont manifesté ensemble, ce mardi, sur le parvis de la gare Saint-Jean. Pour les deux mouvements, les prochains jours seront décisifs. L’Assemblée Nationale entame les débats sur la réforme ferroviaire et le ministre du Travail doit valider ce mercredi l’accord refusé par une partie des intermittents.

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Cheminots et intermittents solidaires dans la lutte

Cheminots et intermittents étaient côte à côte pour renforcer la pression sur le gouvernement (Yoann Boffo/Rue 89 Bordeaux)
Cheminots et intermittents étaient côte à côte pour renforcer la pression sur le gouvernement (Yoann Boffo/Rue 89 Bordeaux)

Ils ont en commun leur désaccord avec des politiques menées par le gouvernement. Mardi à midi, les banderoles colorées de Sud Rail et de la CGT côtoyaient le noir et blanc de celles des intermittents du spectacle. Forts de plusieurs centaines de manifestants, les deux mouvements ont interrompu la circulation du tramway pendant plus d’une heure devant la gare Saint-Jean.

« Elargir la lutte nous permet de gagner en visibilité. Nos combats sont différents mais ils touchent tous les deux aux droits sociaux. Les cheminots luttent, comme nous, contre la précarisation et pour de meilleures conditions pour les usagers », explique Frédéric Klein, représentant de la coordination intermittents-précaires.

Lors d’une tribune partagée, les représentants syndicaux de la SNCF et ceux des intermittents ont pris la parole tour à tour pour affirmer leur solidarité et leur détermination à poursuivre la lutte. Une nécessité pour Stéphane Adam, représentant de Sud Rail dans la région :

« Tant que le gouvernement continuera de nous prendre à tous pour des guignols, il est nécessaire que les travailleurs en souffrance mettent leurs luttes en commun. »

Selon Sud Rail, il y avait ce matin 35 à 45% de grévistes en Aquitaine et seulement un TGV sur deux sur la ligne Atlantique entre Bordeaux et Paris.

Faire passer le message

Depuis une semaine, annulations de trains et de spectacles se succèdent. La grève est souvent mal ressentie par les usagers. La manifestation d’aujourd’hui avait aussi pour but de sensibiliser le public sur les enjeux des réformes à venir. Une sandwicherie éphémère était mise en place sur le parvis de la gare pour inviter les voyageurs à venir se mêler aux manifestants.

Au micro, les responsables de la CGT et de Sud Rail ont réaffirmé à plusieurs reprises leur volonté d’arriver rapidement à un accord avec le gouvernement pour permettre aux candidats au bac mais aussi à tous les autres usagers de retrouver un service normal. Le même soucis était palpable du côté des intermittents :

« Evidemment lorsque nous faisons annuler des spectacles les gens sont mécontents mais ils doivent comprendre pourquoi nous le faisons. Notre combat dépasse le simple intérêt des intermittents. La réforme touche aussi les travailleurs précaires et les chômeurs », souligne Frédéric Klein.

Proposer des manifestations plus « ludiques » est un des objectifs de la coordination des intermittents. Aujourd’hui, tous arboraient un maquillage noir autour des yeux : « il symbolise toute notre tristesse face au mépris du gouvernement ».

Deux combats mais des échéances proches

Ce front commun est surtout l’occasion d’accentuer la pression sur le gouvernement. L’avenir des revendications de chacun pourrait se jouer dans les prochains jours.

Du côté des intermittents, François Rebsamen, le ministre du Travail, doit se prononcer mercredi sur l’accord conclu le 22 mars entre le MEDEF et plusieurs syndicats. Le texte prévoit notamment une hausse de 2% des cotisations à l’Unedic et un différé d’indemnisation pour les allocations chômage.

« Nous espérons que le gouvernement ne restera pas sourd à nos revendications. Avec les annulations de spectacles passées et à venir le coût de la grève se chiffre en centaine de millions d’euros. De quoi faire pencher la balance », estime Frédéric Klein.

Les cheminots réclament, eux, depuis une semaine, le retrait du projet de réforme ferroviaire. Le texte est débattu à l’Assemblée Nationale jusqu’à jeudi. Il entend regrouper à nouveau les activités de Réseau ferré de France (RFF) et de la SNCF au sein d’une structure triple comprenant une maison mère et deux entités chargées des infrastructures pour l’une et de l’exploitation du réseau pour l’autre. Une aberration pour Stéphane Adam :

« Cette réforme est plus un dégroupement qu’un regroupement. Au lieu de deux entreprises nous auront maintenant trois entités autonomes sur le plan financier. Le gouvernement prépare le terrain pour une ouverture du marché à une concurrence agressive. »

La réforme prévoit également un renforcement du désengagement de l’Etat au profit des régions dans le financement de l’entretien et de la modernisation des chemins de fer. Pour les manifestants, la sécurité sur le réseau pourrait en pâtir. A l’avenir, beaucoup redoutent « d’autres Brétigny ».


#cheminots

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