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Garorock et gare aux orages : samedi annulé, vendredi raconté

A 1 heure de route de Bordeaux, le festival Garorock 2014 vivait hier sa première soirée, avec du beau monde sur et devant les scènes : 20 000 spectateurs étaient présents pour voir Franz Ferdinand, Phoenix et autre Massive Attack. En revanche, il n’y a eu personne samedi, puisque les orages annoncés ont conduit les organisateurs à annuler les concerts prévus

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Garorock et gare aux orages : samedi annulé, vendredi raconté

Franz Ferdinand sur la scène Garonne (VR/Rue89 Bordeaux)
Franz Ferdinand sur la scène Garonne (VR/Rue89 Bordeaux)

Garorock est un festival atypique. Un endroit où l’on peut manger un magret et boire du bon pinard en écoutant Phoenix. Un bateau qui a orienté son gouvernail vers tous les styles pendant des années avant de mettre le cap sur des programmations plus mainstream. Aujourd’hui, Garorock s’est installé comme l’évènement musical le plus fréquenté du Sud-Ouest, et l’un des festivals majeurs dans l’Hexagone. Avec quasiment 60 000 visiteurs annoncés sur ces trois jours en 2014, il atteint un nouveau record.

Un Garo relooké

Alors, forcément, « Garo » a perdu de sa saveur originelle : il a lieu en juin et non en avril (plus pratique pour booker des artistes qui font les gros festivals européens en été), il faut des jetons pour acheter des consos, les prix augmentent (42€ la soirée, 100€ les trois jours), et les Ogres de Barback ou Mickey 3D n’occupent plus la tête d’affiche.

Garorock sonne plus Virgin Radio que roots, est plus proche de Rock en Seine que du Free Music charentais-maritime. Son public a changé, aussi : on aperçoit certes quelques déguisements folkloriques, ça sent la beuh par endroits, mais on ne voit quasiment pas de sound-system sur les parkings, et très peu de rastas.

Même les chanteurs de reggae s’y mettent ! Naâman, l’un des premiers à se produire vendredi, porte jean-chemise et une coupe de cheveux savamment décoiffée. Mais sa musique est efficace, on y entend des sonorités hip hop, un flow percutant et une basse groovy comme il faut.

La mêche est allumée, The Bohicas continuent à entretenir la flamme avec leur rock quelque peu déjanté qui donne un sourire aussi grand que ceux des membres du groupe, manifestement contents d’être là. Signés chez le label indépendant Domino, les Londoniens sont promis à un bel avenir. Ils étaient d’ailleurs à l’affiche du plus grand festival européen de l’été, Glastonbury, hier soir.

Même label, mais quelques divisions au-dessus : Franz Ferdinand met définitivement le feu à Garorock en délivrant un concentré d’1h15 de rock britton, avec les classiques de leur premier album (dont l’inévitable et incandescent Take Me Out), les meilleurs morceaux de leur dernier (Goodbye Lovers & Friends) et les singles sortis entre les deux (Ulysses, Do You Want To). Avec très peu de temps morts et quelques mots en français par-ci par-là, la bande d’Alex Kapranos a largement assumé son statut de groupe star de Garo. Feu toujours : le concert s’est conclu par This Fire.

Grosse pluie et gros son

Un incendie musical vite douché par une énorme averse survenue un quart d’heure après le début du concert de Phoenix, juste à côté. Là où Arcade Fire (!) avait su jouer de la pluie pour donner un concert épique à Rock en Seine en 2010, les Versaillais n’ont pas tenté de sortir des sentiers battus, même si leur setlist fait la part belle à leur opus le plus connu, Wolfgang Amadeus Phoenix.

Le meilleur moment du concert reste néanmoins l’enchaînement Trying To Be Cool/Drakkar Noir/Chloroform, trois titres joués sans pause et issus de leur dernier album. Sur scène, Phoenix a une envergure internationale, un batteur qui frappe comme un sourd, et un Thomas Mars dont la voix est parfois noyée sous des instrus trop mises en avant.

Pour être au sec, il fallait aller au Garoclub, une espèce de demi-sphère sous laquelle Simina Grigoriu balançait son DJ set. Vous ne la connaissez pas, mais le nom de son mari vous est peut-être plus familier : Paul Kalkbrenner ! Grigoriu a fait danser les quelques dizaines de festivaliers qui délaissaient les grandes scènes à coups de samples efficaces, quoiqu’un peu répétitifs.

Gesaffelstein sur la scène Garonne (VR/Rue89 Bordeaux)

D’une scène à l’autre

Devant Massive Attack, il y avait évidemment les gens qui attendaient le générique de Dr House. Ces mêmes personnes qui, en entendant Baba O’Riley, s’écrient « c’est la musique des Experts ! » alors que non, jeune fou, c’est The Who avant tout. Du coup, Teardrop a effectivement été jouée, mais non samplée et modifiée comme elle le fut pour la série.

Porté par différentes voix (Martina Topley-Bird, Horace Andy…), Massive Attack déroule un set énergique, loin du trip-hop plus planant de Portishead, face à un public séduit.

On a juste le temps d’aller voir la fin du concert de Set&Match, trois MC’s montpelliérains au flow énergique et parsemés de punchline pour le fond, de funk et de techno pour la forme. Le groupe se produisait sur la scène du Trec, où l’on aura aussi noté la folk planante de Samba de la Muerte (projet solo du clavériste des Concrete Knives) et regretté le virage cold wave (et les coupes de cheveux) de Be Quiet, eux qui affichaient tant de promesses avec leur pop-rock sans prétention mais efficace.

La soirée se termine sur des tonalités électros : le jeune Néerlandais Bakermat fait danser les festivaliers avec ses morceaux jazzy, le très célèbre Vandaag (dont on n’espère qu’il ne fera pas dire aux gens que « I have a dream » est avant tout un sample…) et de beaux sourires.

Gesaffelstein, qui prend immédiatement la suite, est dans un autre délire : chemise blanche et vestre ceintrée, petite moustache, coiffure soignée, une tronche impassible et quasiment aucun regard pour son public.

Son set, en revanche, est une claque monstrueuse, à la hauteur de son unique album Aleph, sorti l’an dernier. Très énergique, parfois sourde, souvent sombre, la techno du Lyonnais a amené sans sourciller les festivaliers jusqu’à 4h40 du matin. Il était temps d’aller dormir.


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