Je suis à Saltash, un petit bourg jouxtant le Port de Plymouth, 20°C, la météo est idéale pour des siestes à tout va. Depuis mon arrivée mercredi à 18h35, j’ai beaucoup dormi, bien mangé, mes mains cicatrisent et je me sens en canne pour ce nouveau départ donné cette après-midi.
Je (re)-goûte les charmes de l’Angleterre : le gazon fluorescent est taillé au millimètre près, le cottage est moquetté dans les moindres recoins, le mobilier et la vaisselle sont d’un goût douteux. Tout ça m’était aussitôt sorti de la tête après mes études d’architecture navale à Southampton. Malgré une impression générale plutôt « cosy » et sécuritaire, mon cerveau n’en a pas moins pris la forme d’un énorme point d’interrogation.
Je ne suis pas satisfait de mon résultat ! Alors, quelles sont les véritables raisons de cette 30e place ?
Je me repasse le film de la course: un départ chaotique, je suis obligé de ralentir pour ne pas couper la ligne avant le coup de canon et me retrouve avant-dernier.
Coup de théâtre : la pétole molle s’installe et chamboule le classement de la flotte, je me retrouve 15° ! Cette remontée me donne des ailes, il est 19h et je débouche une petite bouteille de vin pour l’occasion ! S’ensuit un long bord de prés débridé longeant la côté anglaise entre Start Point et Lizard Point, dans 20-25 nœuds de vent et une mer agitée.
C’est la deuxième nuit, la fatigue s’accumule et je perds de la vitesse pour Wolf Rock, le phare situé à l’extrême ouest de la Cornouaille. Je me rends compte trop tard que le ballast sous le vent n’est qu’à moitié rempli, une explication très probable à mon allure peu véloce. Il y a aussi un changement de voile avant qui me prend trop de temps.
La deuxième Transmanche vers Roscoff s’effectue dans des conditions sportives au reaching, Yann Eliès démâte juste après Wolf Rock. Puis le vent mollit et la houle diminue au fur et à mesure que la flotte approche la Bretagne. Dernière Transmanche, il n’y a pas de gros coup à jouer, j’arrive à Plymouth 30e.
Malgré une position trop peu gratifiante, je suis à seulement 17 minutes du 3e bizuth, détail qui a toute son importance dans une course par étapes se jouant « au temps » et alors que mon objectif vise justement un podium bizuth. Je refuse de croire que les dés sont tirés !
Profiter de l’instant présent, échange de « trucs » de voileux, Seb Simon de Bretagne-Crédit Mutuel, bizuth, un mec vraiment sympa, débriefions autour d’un big burger, coup de fil à Yves Parlier pour une analyse plus fine de la météo. Je suis plutôt serein sur certains points, notamment la gestion de la fatigue. Grâce à ma coach Maria Dantin, je gère les micro-siestes, je suis frais et dispo.
Mon équipe technique m’a préparé des sandwiches jambon-concombre (un autre truc à moi) j’ai hâte de revoir ma copie, être de nouveau sur l’eau pour le Fastnet !
Chargement des commentaires…