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Une vague de yoga déferle sur Bordeaux

Une session de yoga en plein air se déroule ce dimanche 8 juin au Miroir d’eau. Rue89 Bordeaux vous faisait récemment découvrir les tendances et nouveautés du yoga dans la capitale girondine, où il a le vent en poupe comme partout en France.

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Une vague de yoga déferle sur Bordeaux

Yoga Bikram Bordeaux (DR)
Yoga Bikram Bordeaux (DR)

Trois millions de personnes pratiquent le yoga en France, un chiffre en croissance exponentielle. Bordeaux n’échappe pas à cet engouement et s’apprête à recevoir une deuxième session de yoga en plein air, après le « Bliss yoga festival », qui s’est déroulé le 10 mai dernier au jardin botanique : le Lolë Spring Meet-ups (gratuit) aura lieu ce samedi 8 juin de 11h à 12h au Miroir d’eau.

Preuve de cet intérêt grandissant des Bordelais pour cette discipline, de nombreux cours s’implantent dans la capitale girondine.

Ainsi, en 2012 et 2013, pas moins de quatre nouveaux « studios » ont ouvert : Ysananda, près du jardin public, Feel Yoga à Gambetta, le studio Bikram aux Chartrons et Nataraja, dans le quartier de la gare. Du coup, on trouve aujourd’hui à Bordeaux du yoga pour tous les goûts ! Même si la plupart proposent à la fois des cours classiques de « Hatha yoga » et de yoga dynamique.

Car il existe différentes formes de yoga, certaines plus douces, comme le Hatha yoga, courant le plus traditionnel, et d’autres plus dynamiques comme l’Asthanga Vinyasa yoga ou le Bikram. Toutes combinent des postures à tenir (« Asanas »), des mouvements respiratoires qui permettent de développer la conscience du souffle et d’oxygéner l’organisme à fond (« Pranayama »), de la méditation et un peu de relaxation.

Et qu’il s’agisse d’ « Iyengar », d’ « Ashtanga » ou de « Bikram », les buts sont les mêmes : se libérer du stress généré par la vie quotidienne et reconnecter l’esprit et le corps. Tous les amateurs de yoga vous le diront : le yoga rend zen !

L’espace Ysananda (DR)

Les bénéfices du yoga sont immédiats

Anne, 39 ans, est maître de conférences à l’Université de Bordeaux et pratique le yoga depuis une douzaine d’années.

« J’y suis venue par hasard : la mère d’une amie en faisait. A cette époque, j’étais fatiguée et stressée par la rédaction de ma thèse. Je cherchais une activité pour prendre des distances avec mon quotidien, sans être intéressée par le côté méditation du yoga. J’ai testé une séance de yoga Iyengar, une branche du traditionnel Hatha yoga. Les bénéfices ont été immédiats. Et depuis, je n’ai jamais cessé d’en faire, y compris pendant mes grossesses. Je ne pourrais plus m’en passer ! »

Après en avoir fait dans toutes les villes où elle a résidé, Anne pratique désormais deux fois par semaine durant 1h15 à l’Union Saint-Bruno à Bordeaux, dans un…dojo ! Si le tarif est intéressant car il s’agit d’une association, la pratiquante confirmée avoue néanmoins être un peu déçue par le sol trop mou – alors qu’un sol dur est recommandé – et le manque de matériel.

Car il faut quelques accessoires pour une séance réussie : un tapis antiglisse de 2 m de long, des couvertures, des briques, des « bolsters » (sortes de polochon), des ceintures pour adapter ses postures, des espaliers, des cordes…

Néanmoins Anne est intarissable sur les bienfaits que cette discipline lui procure. Elle explique :

« Cela me détend, me permet d’évacuer le stress, me sort de mes soucis du quotidien, car il faut être très concentré, dans le “ici et maintenant”. Je suis beaucoup plus détendue quand je rentre chez moi. Je n’ai plus de problèmes de dos, ma posture s’est améliorée. J’acquiers une sérénité qui me rend aussi plus disponible pour les autres. »

Il faut dire que les bienfaits sont multiples : il est en effet prouvé que le yoga, quelle que soit sa forme, permet d’apprendre à respirer, tonifie tous les muscles, réaligne et renforce la colonne vertébrale, détoxifie le corps, réduit le stress et les tensions, améliore la concentration, aide à retrouver un niveau d’énergie élevé, une bonne qualité de sommeil, à réguler l’appétit et même à retrouver une belle peau… Bref, la panacée !

Une dimension sacrée

Dorothée, 38 ans, médecin et mère de trois enfants, cherchait, quant à elle, à se « défouler physiquement sans que cela soit trop intensif » car « je ne suis pas une grande sportive », confie cette ex-fumeuse passée à l’e-cigarette.

Venue au yoga par hasard, en septembre 2013, poussée par une amie qui en pratique de manière intensive, elle ne loupe pas sa séance hebdomadaire de Hatha yoga doux à l’atelier du yoga, une petite salle d’une dizaine de places dirigée par Pierre Gulondo, à Bordeaux. Son avis rejoint celui d’Anne :

« Je me sens beaucoup plus zen après une séance. D’autant que j’y vais le mercredi soir, après une journée passée avec mes enfants ! Je dois parfois me faire violence pour y aller, mais c’est un vrai sas de décompression. »

Ses maux de dos ont aussi disparu depuis qu’elle pratique le yoga :

« Quand je manque deux séances d’affilée, la douleur revient. On travaille des muscles insoupçonnés. Sur le moment, ça fait mal, mais c’est pour notre bien ! Et on fait du sport sans en avoir l’impression, c’est très confortable ! »

En quoi consiste la séance ?

« Une séance type dure 1h15 à 1h30 et débute par des salutations au soleil : elles permettent de faire monter l’énergie dans le corps, explique Pierre Gulondo. Puis, on enchaîne les postures debout, assis, en prenant soin de bien synchroniser sa respiration sur le mouvement, d’avoir des appuis précis et en veillant à ses “alignements”. Enfin, on termine par un peu de relaxation pour se relâcher nerveusement. Cela a pour effet de produire une paix intérieure à la fin de la séance. »

Car le yoga n’est pas une simple séance de gym mécanique, prévient-il !

« On apprend à s’investir dans le moment, à s’ancrer dans le corps et à ne pas être le jeu de son mental comme la vie nous le réclame souvent. Le fait de se réapproprier le corps permet de calmer certaines souffrances. Il y a une dimension sacrée », souligne le prof de yoga.

Une dimension spirituelle

Valérie, 48 ans, ancienne danseuse professionnelle à l’Opéra de Bordeaux et au théâtre du Capitole de Toulouse, pratique elle aussi le Hatha yoga, mais au studio « Nataraja yoga ». Adepte de la philosophie bouddhiste, elle cherchait à reprendre une activité physique mais avec une « dimension spirituelle ».

Elle recherchait aussi l’ « apaisement », le « calme » qu’elle a trouvés dans les cours de Hatha yoga et de Vinyasa dispensés par Cyril Moreau. Cet enseignant dirige la salle qui a ouvert ses portes l’an dernier et compte déjà 300 adeptes. Il y propose de nombreux ateliers qui abordent le yoga différemment : en duo, dans les cordes… Et organise une fois par an un stage aux racines du yoga : en Inde.

Valérie tire un bienfait énorme de sa pratique assidue :

« Je suis plus apaisée, plus souple, plus ouverte aux autres et le yoga m’aide à relativiser. On élimine une surcharge de stress, de toxines. Du coup, cet hiver, je ne suis tombée malade qu’une fois alors qu’avant je l’étais constamment ! »

Ce qu’elle apprécie aussi :

« La salle (NDLR : prévue pour recevoir une vingtaine de personnes) est très bien équipée et cette activité est l’une des rares où le peu de matériel nécessaire est fourni : pas de sac à préparer, et ça aussi ça allège la vie ! »

Elle met néanmoins en garde les personnes qui seraient tentées de se mettre au yoga à l’aveugle :

« Il est primordial d’être bien guidé, d’avoir un bon professeur, qui ajuste physiquement les postures sans forcer et permette à la salle d’être en osmose, à l’unisson. Avec Cyril, ça a tout de suite collé. »

Aujourd’hui, Valérie souhaite poursuivre sa pratique et même aller plus loin, en l’enseignant peut-être un jour. « Mais le yoga n’est pas une discipline que l’on apprend en un ou deux ans. C’est quelque chose que l’on nourrit toute sa vie. Je vis yoga au quotidien », raconte cette semi-végétarienne (qui a arrêté de consommer de la viande rouge) biovore.

Elle se rend au studio « Nataraja yoga » trois fois par semaine pour 1h de Vinyasa ou 1h15 de Hatha yoga. En cas d’impossibilité, « je suis en manque car on devient addict », assure-t-elle.

Yoga Bikram Bordeaux (DR)

Le yoga n’est pas qu’un phénomène de mode

Autre lieu, autre genre, qui rencontre aussi un vif succès : le studio « yoga Bikram », fondé par Alain Cadet, ancien directeur marketing chez Dior à la silhouette de mannequin. On y pratique un yoga un peu particulier, un yoga « chaud », dans une…étuve !

En effet, le « Bikram » consiste à enchaîner pendant 90 minutes 26 postures (posture du chameau, du lapin, de la tortue….) encadrées par deux exercices de respiration profonde en petite tenue (maillot de bain ou débardeur et microshort) dans une salle chauffée à 40°C, avec un taux d’humidité approchant les 40 %. La chaleur favorise les étirements en profondeur et l’élimination des toxines. Ce travail permettrait aussi de développer sa souplesse et boosterait le « cardio ».

Sonia, 31 ans, a découvert ce « hot » yoga l’été dernier avec une copine grâce à une offre sur le site « Groupon ».

« On arrive 20 minutes avant la séance, en tenue légère et on s’allonge sur son tapis, pour que le corps monte en température. Puis on enchaîne rapidement les 26 postures dans un silence quasi monacal, devant un miroir, au seul son des consignes du coach. C’est une activité très complète, très physique, souligne la jeune femme pourtant habituée aux efforts intenses puisqu’elle est membre du club “US Talence athlétisme”, à Talence. On sent que tous les muscles travaillent, que l’on développe ses abdos, sa souplesse, que l’on évacue les tensions et qu’on élimine les toxines. On en bave pendant 90 minutes, on sue à grosses gouttes. Impossible de s’endormir durant la séance, contrairement à un autre cours de yoga que j’ai testé. C’est un yoga pour les sportifs ! » raconte la chargée de projet à Pyla, un centre de formation en optique et laser à Talence.

Au bout de cinq séances qui enchaînent de manière identique les postures, Sonia est parvenue à les tenir toutes.

« Il faut être patient, supporter le côté répétitif des cours et l’interdiction de sortir de la salle malgré l’atmosphère opressante afin de ne pas perturber la séance ! Et surtout la chaleur qui peut provoquer des palpitations que j’ai ressenties. Mais dès le lendemain, on a envie d’y retourner ! »

Elle déplore néanmoins le prix élevé du Bikram. Il faut en effet compter 160 € pour 10 cours à écouler dans les 6 mois ou 120 euros pour un abonnement illimité d’un mois.

Pour apprécier pleinement la séance, on s’hydrate bien avant et après et on mange léger quitte à s’y rendre l’estomac vide !

A l’instar des autres formes de yoga, le Bikram aurait aussi de nombreuses vertus : il améliorerait la posture, l’endurance, la concentration, il tonifierait les muscles et la silhouette, soulagerait les maux de dos, donnerait un teint de pêche et… serait un excellent remède anti-stress ! Voilà pourquoi de nombreuses stars, telles Madonna, Lady Gaga, Georges Clooney ou David Beckham l’ont adopté !

Et il fait des émules chez le commun des mortels. Mais attention, le Bikram ne s’adresse pas à tous : il est contre-indiqué aux cardiaques, hyper et hypotendus et aux femmes enceintes. Celles-ci devront plutôt opter pour des séances de yoga prénatal, désormais proposées dans de nombreux centres bordelais.

Et chez les puristes, ce yoga chaud ne fait pas l’unanimité : on lui reproche son intensité qui pourrait empêcher toute intériorité propre au yoga et de transformer le yoga en cours de gym ! Il y a peut-être autant de yoga que de yogis ! En tous cas, les amateurs ne semblent pas manquer. Mais pour Pierre Gulondo, pas de doute :

« Même si tout le monde s’y met, y compris les stars et les surfeurs, le yoga n’est pas qu’un phénomène de mode. Je pense qu’il y a un réel besoin sociétal, en ces temps de crise et de rythme effréné. Les gens peuvent s’apaiser, être mieux dans leur peau grâce à cette discipline ! »

Le phénomène pourrait durer. Namaste (salutation en hindi) !


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