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Le campus de Bordeaux fait (enfin) peau neuve

Si l’Opération Campus a été lancée en 2008, c’est ce lundi seulement que les travaux de rénovation des universités bordelaises ont officiellement été inaugurés par Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur. Pour piloter ce chantier de 538 millions d’euros, l’hypothèse d’un partenariat public-privé a été écartée.

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Le campus de Bordeaux fait (enfin) peau neuve

Certains bâtiments "vieux rose" du campus de sciences vont être dotés d'une façade bioclimatique en verre (©AUA Paul Chemetov-Martin Duplantier-DV Construction)
Certains bâtiments « vieux rose » du campus de sciences vont être dotés d’une façade bioclimatique en verre (©AUA Paul Chemetov-Martin Duplantier-DV Construction)

« Demain, un campus rénové. Ici nous installons des façades bioclimatiques pour un meilleur confort thermique », affirme la banderole déployée sur le bâtiment A1 de l’université des sciences, à Talence. Sous son parapluie, Geneviève Fioraso applaudit. La secrétaire d’Etat à l’université est venue ce lundi inaugurer officiellement le démarrage du chantier de l’Opération Campus à Bordeaux.

Ce programme va permettre à l’université des Sciences et technologies d’être totalement reliftée : seize de ses fameux bâtiments « vieux rose », fréquentés par 9 000 étudiants, vont être soit démolis puis reconstruits (pour quatre d’entre eux), soit rénovés. Sept vont hériter d’une façade bioclimatique en verre qui permettra de conserver les bâtisses en brique rouge, conçues à la fin des années 1950.

Casablanca, Copenhague

Et cette l’enveloppe créera une couche d’air autour du bâtiment. L’effet de serre le réchauffera naturellement l’hiver ; l’été, au contraire, l’effet cheminée provoquée par l’ouverture des façades rafraîchira le bâtiment. Les gaines techniques dans les planchers assureront la circulation de l’air entre les façades.

« Il fera à l’intérieur la température de Casablanca en hiver, et celle de Copenhague en été, signale l’architecte Paul Chemetov, co-concepteur du projet, avec le Bordelais Martin Duplantier. Cela permettra de diviser par 7 ou 8 les factures d’énergie – chauffage et climatisation. »

Les économies d’énergie – estimées à 500 000 € par an –, permettront à l’université de Bordeaux de rentrer dans ses frais dans vingt-cinq ans. C’est l’engagement formel des architectes et du promoteur, DV Constructions (filiale de Bouygues). Les bâtiments A1 et A9 seront livrés l’année prochaine.

Le secteur Sciences et technologies est la première opération d’envergure du plan Campus : 120 millions d’euros sur les 538 prévus pour les universités de Bordeaux. L’essentiel des fonds provient des intérêts d’une dotation de l’Etat de 475 millions d’euros, actuellement placés sur un compte spécial du Trésor. La région Aquitaine apportera jusqu’à 200 millions, la Communauté urbaine de Bordeaux 51 millions.

PPP complexes

Initialement baptisé Plan Campus, ce programme de rénovation du patrimoine dégradé des universités françaises, aura donc mis 6 ans à sortir de terre. En cause, selon Geneviève Fioraso, « la complexité et la rigidité des partenariats publics-privés », pour lesquels ont opté 38% des sites, encouragés par le précédent gouvernement.

« Mais depuis 2008, sur les 5 milliards d’euros prévus pour le Plan, seulement 158 millions ont été dépensés », poursuit la secrétaire d’Etat socialiste, et ex adjointe au maire de Grenoble (où l’université a opté pour un PPP). « Il fallait accélérer les différents modes de financement, ce que nous faisons depuis 2012. »

Hostile aux PPP, qui « déresponsabilisent les pouvoirs publics et coûtent à terme plus cher aux contribuables », Alain Rousset avait obtenu en 2008 que le projet bordelais soit piloté par une maîtrise d’ouvrage publique : l’université a constitué une société de réalisation immobilière et d’aménagement (SRIA) dont elle détient 51%. La région Aquitaine et la Caisse des dépôts, le bras armé financier de l’Etat, se partagent les 49% restants.

Cette maîtrise d’ouvrage publique a ainsi permis d’associer les collectivités territoriales, ce qui était impossible dans le cadre d’un PPP. Et les élus locaux aquitains ont notamment souhaité faciliter l’alotissement du chantier : la moitié des heures ont été confiées à des PME locales, et 100 000 heures réservées à des entreprises d’insertion.


#Geneviève Fioraso

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