Ils sont une petite dizaine à courir sur la pelouse de Saint-Médard-en-Jalles. Au programme de l’entraînement concocté par le coach Will Maley : des gammes, des étirements, des passes à la main et au pied… Dans cette équipe, ils sont cinq – Valentin, Cyril, Raphaël, Yoann et Alban – à préparer la Coupe du monde de foot. Nous sommes en juin, mais celle qu’ils s’apprêtent à disputer du 9 au 23 août, est bien moins médiatisée que le dernier mondial brésilien.
Actuellement, ils sont 28 joueurs, dont cinq des Bordeaux Bombers de Saint-Médard-en-Jalles (33), à défendre les couleurs de l’équipe de France en Australie (lire l’encadré ci-contre). Une belle promotion pour ce club de football australien créé il y a 8 ans. Une formation jeune pour un sport qui l’est tout autant en France – 10 ans maxi. Alors que le « footy » est érigé au statut de sport national en Australie – il remplit des stades de 100000 places -, la discipline peine encore à se faire connaître dans l’Hexagone. Et pourtant, « le niveau en France est plutôt bon », estime Will Maley, ancien joueur originaire d’Australie, désormais entraîneur des Bombers.
Un sport pas (si) violent
Souvent vu comme un sport violent, le « footy » souffrirait-il d’un problème d’image ?
« C’est la faute de Youtube ! assure Yoann Alliot-Marty, qui joue sa deuxième Coupe du monde en seulement cinq ans de pratique. Les vidéos que l’on trouve sur Internet montrent des actions très violentes et des chocs spectaculaires qui peuvent faire peur et donner une mauvaise image du sport. Personnellement, je n’ai jamais eu de grosses blessures. Juste un nez cassé… »
Si le ballon ressemble à celui du rugby (légèrement plus petit et plus allongé), des règles spécifiques s’appliquent au footy. On s’y fait des passes au pied ou à la main.
« On joue sur un terrain ovale avec quatre poteaux. Le but est de faire passer le ballon au pied entre les poteaux, explique Yoann. Si le ballon passe au milieu, c’est 6 points. Entre les poteaux sur les côtés, c’est seulement 1 point. »
Si Yoann et ses coéquipiers s’accordent à dire que le footy n’est pas violent, il n’en reste pas moins que c’est un sport de contacts. Ceux-ci sont autorisés si le joueur garde les yeux sur le ballon et qu’il n’a pas l’intention de blesser l’adversaire… Quant aux plaquages, seuls ceux entre les épaules et les genoux sont permis. « Sheperd » (blocage) et « bump » (percussion) permettent aux joueurs de protéger un coéquipier ou d’assurer la possession du ballon… en percutant ou gênant l’adversaire. Ce qui donne parfois l’impression de chocs violents.
« C’est le sport co le plus complet. Il faut être ultra endurant car on court énormément, mais il faut aussi être bon au pied et à la main », s’enthousiasme le joueur.
« En Australie, je voulais faire du rugby, mais ils ne connaissaient pas »
Un avis que partage Alban Schrieber, son coéquipier aux Bombers et en sélection :
« On va trouver des similitudes avec le foot, le rugby, le hockey, mais aussi avec le basket. C’est ça qui est spécial. »
Alban a découvert le footy dans son pays d’origine, en Australie, il y a 10 ans :
« J’étais là-bas pour mes études. Pour moi, le sport était le meilleur moyen de m’intégrer. Je voulais faire du rugby, mais ils ne connaissaient pas ! J’ai donc choisi le football australien. »
Une vraie découverte pour Alban qui, dès son retour en France, cherche des clubs où pratiquer. Ce sera le club des Bordeaux Bombers. En 2014, sept clubs constituaient le championnat. Ils seront huit la saison prochaine.
« Je pense qu’il y a un vrai potentiel en France, avec des bases comme Bordeaux, Toulouse et Paris, mais aussi des clubs émergents comme Montpellier, Perpignan et Cergy. Si on arrive à recruter des jeunes, il sera possible de faire des choses intéressantes, poursuit Alban. Pour l’instant, on est encore en phase de présentation du sport et d’initiation. »
Alban Schrieber espère que le footy français va se professionnaliser :
« Quand on voit les difficultés et le temps qu’a mis le rugby à le faire, on se dit que le football australien a encore un peu de marge » le joueur, négociant en vin de son état, et très impliqué dans la fédération française de footy. On espère pouvoir rémunérer quelqu’un à la Fédération dans les cinq prochaines années. »
Une passion qui peut coûter cher
Le footy demande un sacré investissement en temps et en argent. Pour les 28 joueurs sélectionnés en équipe de France, la compétition coûte cher.
« On se paye tout (déplacement, hébergement, repas) pour partir en Australie, raconte Yohann. Cela représente environ 2 500 à 3 000€ par personne. Il faut aussi pouvoir prendre trois semaines de vacances. »
Le club peut compter sur le soutien de la mairie de Saint-Médard-en-Jalles tout au long de l’année, et ses dirigeants ont décidé de soutenir leurs joueurs sélectionnés en équipe de France. Kermesses, buvettes, tickets de tombola, crowdfounding, sponsoring… tous les moyens ont été mis en œuvre pour collecter de quoi honorer leur sélection sous le maillot tricolore
« Lors de la dernière Coupe du monde, nous y sommes allés pour voir. Celle-ci, on y va avec d’autres objectifs, sportifs et de promotion du sport, affirme Alban Schrieber. On a un rendez-vous avec l’ambassade, une réception avec la mairie de Saint Kilda et l’Alliance française… pour trouver des entreprises locales qui financeront une partie du voyage pour la prochaine Coupe du monde. Et l’année dernière, on a fini 13èmes sur 19, en jouant en 2ème division. Cette année, on espère être en 1ère division et aller jusqu’en quart. »
Encadrés par leur sélectionneur français, les joueurs de l’équipe de France pourront compter sur leur second coach, Daniel Jackson, qui est un joueur professionnel australien. De quoi nourrir des rêves de victoire ? Et pour découvrir chez nous le football australien, les Bordeaux Bombers organisent la Coupe de France à Saint-Médard, en septembre prochain.
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