Les écoles taurines vont-elles être mises au ban, ou accessibles aux enfants de plus de 12 ans, comme le préconise le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies ? On en compte quatre en France, dont une seule dans le grand Sud-Ouest, Adour Aficion, à Cauna (Landes), d’où sont sortis quelques professionnels. Elle forme actuellement une douzaine de jeunes, de 8 à 22 ans, venus pour certains de loin (Bordeaux, Toulouse…) pour un à deux entraînements par semaine.
Selon son fondateur, l’ancien torero Richard Milian, Adour Aficion ne bénéficie d’aucune subvention publique, et son budget annuel de 3000 à 5000 euros par an n’a pour recette que les adhésions et le mécénat de quelques passionnés.
« La tauromachie, ce n’est pas un sport ou un loisir, c’est un état, on ne vient pas ici pas pour se divertir, mais pour se construire, apprendre des valeurs de base qui se perdent à l’heure actuelle, dans son comportement vis à vis des autres et dans le respect de l’animal. Les gamins qui passent ici seront des hommes, et qu’ils fassent carrière ou pas, cela leur permettra de faire face à d’autres difficultés dans la vie ».
Richard Milian ne voit pas pourquoi il n’accepterait pas les enfants avant 12 ans :
« A 8 ans, c’est une approche plus ludique et artistique, sans contact avec l’animal. On ne va pas demander aux petits de prendre une épée et d’aller tuer des taureaux ! On ne force jamais les gamins, en les emmener dans des terrains dangereux ou en les perturbant physiquement. Et on s’adapte à leurs corpulences et à leurs capacités. »
Pas de mise à mort avant 16 ans
Mais les enfants doivent néanmoins se préparer à la mise à mort. Dans quelles conditions ?
« La loi du travail interdit aux torero de tuer avant 16 ans. Et cela se fait généralement dans l’arène, en tous cas pas à l’école taurine. Un taureau peut coûter 2000 euros, on ne peut pas se le permettre. Nous louons des veaux, qui nous permettent de voir les repérer les gamins qui ont vraiment le profil, mais ils ne sont pas mis à mort. Comme ils ont déjà été tauréés, ils sont ensuite orientés soit vers la course landais, soit vers la boucherie. »
Pour s’entraîner à banderiller, les apprentis toreros répètent leur geste sur des toreos de salon :
« Tous ne sont pas obligés de banderiller. Ceux qui se sentent l’esprit sportif peuvent le faire sur des animaux en carton ou en matière souple ; mais le plus important c’est la chorégraphie, la finesse de corps qui doit l’emporter sur cette masse violente vivant pour le combat. Et d’apprendre aux jeunes que le taureau pas son ennemi. La haine est inadmissible, et quand on se fait prendre par le taureau, comme cela vient d »arriver à un de mes élèves de 16 ans, qui a pris un coup de corne dans la jambe, il faut l’accepter. Un matador n’est ni un Rambo, ni une danseuse étoile. »
Richard Milian assure que malgré les risques, peu d’élèves décrochent.
« Les parents ne sont pas tordus, ils accompagnent leurs enfants dans ce qu’ils aiment. Mais le juge suprême, c’est le taureau de combat qui les acceptera ou les rejettera, c’est ça c’est la destin ».
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