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Petit passage à Musicalarue, un festival si différent

C’est une histoire qui dure que celle de Musicalarue, d’un festival qui a 25 ans, et qui défie les conventions. A peine une heure de bagnole suffit depuis Bordeaux pour se rendre à ce festival pas comme les autres.

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Petit passage à Musicalarue, un festival si différent

Les Marseillais, IAM, en concert à Luxey pour le festival Musicalarue (DC/Rue89 Bordeaux)
Les Marseillais, IAM, en concert à Luxey pour le festival Musicalarue (DC/Rue89 Bordeaux)

Une histoire qui débute en 68

Pas comme les autres ? Une aventure humaine qui a débuté en 1968, avec François Garrain le président du festival et ses potes, et qui a perduré, jusqu’à devenir Musicalarue. Une fête de village, dans un patelin paumé, qui dérive, d’un idéal de jeunes voulant s’amuser autrement, s’amuser à détourner les séculaires traditions landaises, pour déboucher sur un festival mêlant arts de rue et musique. Et ça fait 25 ans que ça dure

C’est par une route longue et monocorde que l’on arrive jusqu’à Luxey, à traverser la Haute Landes et ses rangées de pins. Mais c’est une quête qui en vaut la peine, qui débouche sur un festival qui a une âme.

Une âme frondeuse s’anime là. Un peu anar sans doute, rappel des origines soixante huitardes, et une ambiance unique. Le village, disons le bled, est bien petit. A peine plus de 600 âmes, mais qui accueille 13000 personnes dès le premier soir du festival.

La grande scène entre le parc de jeu et le cimetière

Le site ? Le village lui même, où les scènes s’entassent entre la mairie et l’église, où la grande scène trouve sa place entre le parc de jeu et le cimetière, et dont les tombes affleurent au backstage. Le Théâtre de verdure lui, se love près du ruisseau, sur une agora naturelle. Sur la place , on trouve le Cercle de l’Union, le troquet du village, héritier d’une longue tradition des cercles ouvriers du XIXe siècle, où les gemmeurs se retrouvaient pour boire le coup.

L’esprit aussi y est unique. Des bénévoles à l’organisation, on sent poindre le plaisir d’être là. Ce n’est pas seulement un boulot que de monter ce festival, c’est une aventure humaine qui se déroule dans une ambiance bon enfant. Et le public est au diapason. Pour preuve, pas de gorille devant la scène, et même dans l’espace Pin – la salle l’étuve ou se finissent les concerts au jour levé – ce sont de frêles filles qui y font la sécurité. Car pas besoin de faire le coup de poing, le public est respectueux.

Une programmation éclectique

De la musique, on retient un mélange aussi foutraque qu’hétéroclite, qui fait jouxter Maxime le Forestier et Didier Super, Soviet Suprem et Misteur Valaire. Des groupes qui ne sont pas à la chasse au cachet, mais qui viennent participer à un projet, et pour certains y adhérer.

Car comment ne pas se laisser gagner par l’atmosphère ici ? Plus que de la musique, c’est aussi les arts de rue, qui peuvent s’exprimer la journée, jusqu’à ce qu’avec la soirée, débutent les concerts.

Cette année, la programmation avait fait couiner quelques puristes. Un peu trop hétéroclite sans doute, mais qui permet de ne pas se cantonner à un seul style.

Des concerts marquants il y en a eu. De Didier Wampas, qui avec femme et enfants, dans un groupe familial a déroulé son punk, et démontré que la propension à chanter faux était sûrement héréditaire. Les Ogres de Barback y ont fêté dignement leur 20e anniversaire, chantant leur anarchie dans un festival à leur image.

Bien sûr on ne peut passer outre les tête d’affiches, IAM, Maxime le Forestier, Bernard Lavilliers, mais avec tous en commun un petit brin d’esprit libre, qui ici semble communicatif.

Un festival qui donne de l’élan a un territoire de précarité

Et le public répond présent depuis 25 ans. Un public de toutes origines. Dans le même temps se déroulent les fêtes de Dax, mais tous les Landais festayres ne s’y rendent pas. Beaucoup se retrouvent à Luxey pendant 3 jours. Tout comme s’amènent les Landais du pays profond, ce pays que les vacanciers qui gagnent la côte ne voient que par bribes sur l’autoroute, et qui compte son lot de situations précaires, de personnes attachées à leur territoire où les emplois sont rares. Pour eux Luxey est un moment d’euphorie dans l’année, où ils croisent des festivaliers venus de toute la France.

Musicalarue, ce n’est pas une grosse machine. Ça ne le sera jamais. C’est une utopie qui a évolué. Alors que les festivals rivalisent d’effets pour toujours grandir davantage, le festival landais a choisi son échelle. Une échelle humaine, d’un village de 600 habitants qui a toujours voulu faire la fête autrement.

Toutes les photos sont de Dominique Clère


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