Bien avant le début de la soirée Relâche en face de la Caserne Niel, Virginie Alriq, la nouvelle taulière de la guinguette Chez Alriq, s’en inquiétait déjà. Vu le matos, qu’elle appelait le Sound System, le match des décibels s’annonce en faveur d’Allez Les Filles. Le groupe traditionnel balkan en concert chez Alriq aurait bien du mal à rivaliser !
Au programme de la soirée punk-rock, il y a du lourd et du son propice à un mardi gras. Le bal est donné par le révérend suisse Beat-Man et son invitée la très religieuse Sister Nicole Izobel Garcia. Une voix à faire péter les aiguilles dans le rouge, une guitare à réveiller les morts et la caisse claire de l’invitée mêlée à des airs d’orgue gothique annoncent une soirée riche en provoc.
Les Pussywarmers & Reka, toujours made in Helvète, ont bien essayé de rassurer tout le monde, et surtout les voisins, avec leur pop groovy mais personne n’est dupe, le plus dur reste à venir.
Left Lane Cruiser, les campagnards américains de l’Indianna, n’étaient pas ceux qu’on craignait le plus. Mais, comme toujours, la surprise vient de là on s’y attend le moins. Les enfants nés d’une improbable rencontre entre ZZ Top et Beasty Boys ont pris tout le monde de court avec un bleues-rap de derrière les fagots arrangé par des rifs d’un skateboard devenu instrument à cordes.
C’est juste après la surprise de la soirée que Taraf de Haïdouks ont entamé les premières mélodies tziganes de l’autre côté de la piste cyclable, sous le auvent de Chez Alriq. La consigne était donnée : il fallait se rapprocher de la scène pour mieux saisir les plaintes du violons et les râles mélancoliques du cymbalum. Les 300 spectateurs présents – concert à guichets fermés – ont compris le message et se sont recueillis très près pour n’en perdre une note.
Sur la pelouse du rival, le public était nombreux et déjà bien chaud pour chalouper sur le rock un peu délavé des Dictators new-yorkais qui croyaient bien lancer une fête déjà à bloc. Un rock bien huilé, avec des tignasses bien peignées et des bruching de circonstances, sonnaient l’heure d’un revival. Même pas peur.
Dans tout ça, Francis Vidal, le gourou d’Allez Les Filles était très embêté. Entre deux concerts, il jouait des platines tout en venant aux nouvelles du voisin. Joint par téléphone le lendemain, il assure sans équivoque :
« Je les aime bien les gens de la guinguette, mais ma soirée était prévue et annoncée de longue de date. Les Taraf, je les aime bien aussi et j’espérais qu’une chose, c’est qu’il viennent taper un bœuf sur notre scène ! Au fond, il y a du monde à Relâche et ça ne peut qu’arranger les affaires de la guinguette ! »
Virginie Alriq, légèrement agacée, voit les choses bien autrement et le fait savoir la page Facebook de la guinguette :
« Après les contrôles, c’est le temps du sabotage ! »
Évidement, elle ne pouvait que craindre pour ses invités de marque. Mais voilà qui est dit, et ça va mieux en le disant. Finalement, c’est la faute à pas de chance.
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