(Réactualisé le 25 septembre à 8h35) Gilles Savary pris en flagrant délit d’homophobie ? Le député socialiste de Gironde, signataire ce mardi avec 9 de ses collègues d’une lettre ouverte demandant à la France de faire appel d’une décision de la CEDH (cour européenne des droits de l’homme) favorable aux couples ayant eu recours à la GPA (gestation pour autrui) à l’étranger, a en effet eu, suite à la diffusion de ce texte, des échanges corsés avec Jérôme Martin, militant d’Act Up.
Ce dernier a adressé un courrier aux 10 députés socialistes, dans lequel il critique notamment les promesses reniées du gouvernement sur la procréation médicalement assistée (PMA). Il a reçu en retour une réponse choc de l’élu girondin, retranscrite sur le blog Vendeurses de haine :
« Il y a belle lurette que des couples homosexuels élèvent des enfants sans pour autant faire commerce des ventres. La Société élevée que vous souhaitez est celle où l’on loue des ventres pour acheter des enfants de compagnie !, aurait déclaré Gilles Savary. Pour le moment , on le réserve aux animaux ! La dictature de votre bon plaisir attendra ! »
Premier secrétaire fédéral du PS girondin, et militant LGBT, Matthieu Rouveyre s’est dit sur sa page Facebook « effondré » :
« J’entends parfaitement qu’on puisse s’opposer à la GPA. Néanmoins, je suis choqué des propos de Gilles Savary. Les féministes qui s’opposent à la GPA n’ont jamais tenus des discours aussi violents, elles/ils savent bien que le désir d’enfant ne relève pas de ce “bon plaisir” semblable à celui qui vous pousse à acheter un “animal de compagnie”. En tant que socialiste, j’ai même envie de m’excuser auprès des familles concernées des propos outranciers de mon camarade député. »
Cette polémique intervient alors que la Cour de cassation vient de reconnaître le droit pour les couples français d’adopter les enfants nés d’une PMA à l’étranger. Jérôme Martin affirme que dans un des mails échangés avec Gilles Savary ce dernier déclare « qu’il n’y a pas de droit à l’enfant, pas plus qu’à tout autre être vivant ! ».
« Le député socialiste Gilles Savary reprend donc l’expression de l’extrême-droite, de Boutin, de la Manif pour tous, du Printemps français : “droit à l’enfant”. Aucune association LGBT n’a exigé ce droit. (…) Soit Gilles Savary ignore tout de la GPA et du travail des associations ; soit il est sur le fond d’accord avec les pires forces réactionnaires du pays dès lors qu’il s’agit des familles LGBT. »
Gilles Savary a réagi mercredi soir sur sa page Facebook. Il rejette les accusations d’homophobie – « caricaturales, gratuites et haineuses, et qui ne correspondent en rien à mon histoire personnelle et aux positions que j’ai prises et assumées sur le sujet du mariage pour tous et de l’adoption homosexuelle (…). Dans cette affaire je fais l’objet d’un détournement de débat délibéré visant à me faire passer pour un homophobe d’extrême droite alors que je manifeste une objection de conscience vis-à-vis de la GPA. »
« Je n’avais pourtant jamais utilisé le mot homosexuel lors de cet échange d’une rare intolérance et d’une violence sentencieuse ! Je m’en tenais uniquement à mon refus personnel d’envisager de libéraliser un marché des mères porteuses, sauf pour raisons médicales impérieuses le cas échéant. C’est pour moi une question d’éthique du vivant, mais aussi plus prosaïquement du refus d’une société qui pousserait le consumérisme jusqu’à l’effacement juridique de la filiation biologique, contre rémunération. »
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