En France 11 millions de personnes souffrent de la précarité, qui peut revêtir plusieurs visages : être sans toit, au chômage, vivre seul… « Debout » leur est destiné : ce magazine gratuit est né du constat que la crise a instauré « une société à deux vitesses », dans laquelle les personnes les plus fragiles, qui sont souvent les moins éduquées, ont plus difficilement accès aux informations.
Bons plans (sur les sites internet d’échange de vêtements d’enfant ou les prêts de voitures), fiches pratiques (comment faire baisser sa facture d’électricité), rubriques budget (sortir du surendettement), formation (sur les écoles de la deuxième chance) ou emploi (sur la création d’entreprise), témoignages… Pratique et agréable à lire, le bimestriel de 56 pages, tiré à 170 000 exemplaires, est diffusé depuis ce mardi dans les grandes villes de France.
18 000 exemplaires de son n°1 (septembre-octobre 2014) ont été prévus pour Bordeaux, où il est diffusé par les acteurs du secteur social (le CCAS, la Banque Alimentaire, le Secours Catholique, les centres sociaux, ATD Quart Monde…). Il pourrait l’être aussi prochainement dans les bureaux de tabac qui proposent le compte bancaire Nickel.
« Ce journal doit se donner de la main à la main, pour être un moment de partage, a estimé Violaine du Châtellier, la journaliste fondatrice de « Debout », lors de sa présentation mardi à la mairie de Bordeaux, en avant-première du lancement national prévu le 16 septembre. On constate que si 98% des foyers français sont équipés d’internet, la recherche d’information n’arrive qu’en 17e position des motifs de connexion. L’information est mieux comprise quand elle est donnée par quelqu’un avec un sourire et un peu de temps. »
L’information, un « bien commun essentiel »
La gratuité allait de soi – « Au même titre que l’eau ou l’électricité, l’information est un bien commun essentiel, qu’on se doit de partager et qui permet aux gens d’agir sur leur propre vie », selon Violaine du Châtellier. Réalisé par une équipe de journalistes professionnels, le magazine est financé par les dons et mécénat, mais aussi prochainement par la publicité en conformité avec sa charte éditoriale.
« C’est un outil formidable, très pratique », s’est réjouie Alexandra Siarri, adjointe au maire de Bordeaux en charge de la cohésion sociale et territoriale. Les informations des administrations sont malheureusement souvent compliquées à trouver ou comprendre. Et beaucoup de gens ne viennent plus nous voir, et n’exercent ainsi plus leurs droits. Beaucoup en ont aussi marre d’être stigmatisés, et ils ont besoin de se retrouver dans des lieux ou des choses comme ce magazine, dont la qualité première est qu’il peut intéresser n’importe qui d’autre. »
Six numéros et quatre hors-série de « Debout » paraîtront chaque année. Le journal vise un tirage d’un million d’exemplaire d’ici 2018.
Chargement des commentaires…