Dans un entretien accordé au journal Sud-Ouest ce mardi, Willy Sagnol, entraineur des Girondins, a répondu à des questions sur les joueurs africains avec des dérapages parfois contrôlés, parfois non. Il commence par la Coupe d’Afrique des nations – qui se tiendra du 17 janvier au 8 février 2015 – au moment où, en France, les clubs sont à fond dans leur championnat :
« Tant que je serais entraîneur des Girondins, il y aura beaucoup moins de joueurs africains qui rejoindront les rangs de Bordeaux parce que je n’ai pas envie de me retrouver avec douze joueurs, qui, une fois tous les deux ans, se barrent pendant deux mois. »
Le « joueur typique africain » selon Sagnol
Le coach girondin aurait pu s’en tenir là, mais interrogé sur les caractéristiques du joueur africain, il tente de les définir :
« L’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il n’est pas cher quand on le prend, il est généralement prêt au combat et on peut le qualifier de puissant sur un terrain, a-t-il répondu. Mais le foot, ce n’est pas que ça. Le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. »
Cherchant à temporiser son discours, il se risque à une comparaison avec des joueurs nordiques :
« Il faut de tout dans une équipe de foot. Des nordiques aussi, c’est bien les nordiques, ils ont une bonne mentalité. C’est un mélange, une équipe de foot. C’est comme la vie, c’est comme la France, c’est un mélange. On a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des rapides, des grands, des petits, des techniques. »
Des réactions et des plaintes annoncées
Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. Naïma Charaï, conseillère régionale d’Aquitaine en charge de la lutte contre le racisme, s’indigne dans un communiqué, « avec stupeur et consternation » :
« J’ose espérer que ces propos – considérer que la couleur de peau est un élément qui caractérise la qualité d’un joueur – relèvent plus de la maladresse que le fond de sa pensée. (…) Des actes racistes sont trop souvent commis à l’encontre des joueurs d’origine africaine et je reste vigilante à ce qu’aucun dérapage ne puisse être toléré dans le cadre d’un exercice de communication. »
Sur sa page Facebook, Sos Racisme Gironde a condamné « les préjugés racistes visant les joueurs africains (…). Nous sommes scandalisés et étudions la possibilité de déposer une plainte ».
La Licra Bordeaux et Gironde emboite le pas et déclare dans un communiqué de presse étudier « la possibilité d’une plainte pénale contre Willy Sagnol » et « met un terme unilatéralement au partenariat qui la lie aux Girondins de Bordeaux » :
« Le communiqué diffusé par le FC Girondins de Bordeaux soutenant leur entraîneur valide ses propos racistes qui visent à classer les performances des individus ou leur intelligence en fonction de leur origine ou de leur couleur de peau. Ces théories abjectes sont celles qui au cours de l’histoire ont conduit à dénier leur humanité à des catégories d’hommes et de femmes. La Licra est choquée que les Girondins de Bordeaux nient cette réalité et ne prennent pas la mesure de la gravité des propos tenus par leur entraîneur. »
Le FC Girondins derrière son coach
Sur son site, le club s’étonne de la polémique et fait savoir sa « stupeur et (son) indignation » :
« Le club tient à rappeler que lors de son intronisation, Willy Sagnol a très rapidement confié le capitanat à Lamine Sané, ce qui démontre la mauvaise foi de ceux qui interprètent les propos de notre entraîneur. L’entraineur a d’ailleurs reçu immédiatement le soutien des journalistes de Sud-Ouest à l’initiative de l’interview, qui affirment avoir parfaitement compris les propos de Willy Sagnol, qui en aucun cas ne visaient à limiter les qualités d’un joueur en fonction de ses origines. »
Le club dénonce les interprétations malveillantes de cette polémique et rappelle que :
« Jamais au cours de sa vie et de sa carrière, Willy Sagnol n’a eu de problème avec la diversité. »
Avant cette interview, Willy Sagnol avait défendu François Blaquart, le directeur technique intérimaire de la FFR, lors de l’affaire des « quotas » en novembre 2010, déclarant :
« Il faut plutôt parler de la personnalité des gens avant de parler du reste. François Blaquart a monté un centre technique de football à l’Ile Maurice où, c’est bien connu, il n’y a que des Blancs. Dire qu’il est raciste, c’est hallucinant. Je trouve que le procès fait à ces gens est faux. »
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