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Ils veulent remplacer La Marseillaise par La Bordelaise

Un collectif d’artistes des Vivres de l’Art lance un projet de réécriture participatif de La Marseillaise via un blog ouvert à toutes les propositions. La version définitive s’appellera La Bordelaise et sera présentée le 14 juillet 2015.

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Ils veulent remplacer La Marseillaise par La Bordelaise

Musique et paroles de La Marseillaise (DR)
Musique et paroles de La Marseillaise (DR)

Sous la houlette de Jean-François Buisson, maître des lieux aux Vivres de l’Art, un collectif lance la réécriture de La Marseillaise :

« Il s’agit avant tout de refaire des paroles qui correspondent à notre temps avec des valeurs humanistes. Un hymne national doit représenter notre époque et la totalité des Français qui vivent dans cette époque », explique Jean-François Buisson.

Le projet se veut participatif et invite qui veut à laisser une phrase, un couplet ou une version entièrement réécrite sur un site internet qui a été ouvert symboliquement le jour de commémoration du 11 novembre.

« Pour un hymne national du XXIe siècle »

Jacques est un artiste du collectif qui, à 30 ans, ne se reconnaît pas dans les paroles de La Marseillaise :

« Le texte de la Marseillaise appelle au combat, à la violence, avec des images qui utilisent le sang, qu’il soit sur l’étendard ou dans les sillons. Il fait appel à la vengeance contre des invasions étrangères qui égorgent et tuent… apprendre ça à nos enfants a des impacts négatifs. »

Au delà de l’interprétation toujours aussi polémique du « sang impur », Jean-François Buisson resitue les propos dans « ce qui se passe dans le monde » et assure que cette démarche n’a rien de politique tout en revendiquant « un geste apolitique comme politique » :

« Au regard du contexte international, des événements barbares qui se passent dans le monde que la France est la première à condamner, les paroles de La Marseillaise véhiculent un message de guerre. Le monde a changé et il est devenu plus ouvert. Là où les frontières sont encore fermées, on est les premiers à donner des leçons. Alors si on veut la paix au XXIe siècle, réécrivons les paroles pour un hymne national du XXIe siècle. »

Une synthèse des propositions

Selon Cécile Bosche, membre du collectif, « La Marseillaise ne va pas aller pour autant à la poubelle ». Cette initiative est voulue pour faire réfléchir à « la montée des extrêmes » :

« Très souvent, le débat commence avec une parole Front national, une parole choc qui réveille les consciences. Avant, personne ne bouge, personne ne s’inquiète. On exige plus que jamais dans le sport de chanter la Marseillaise, si tu ne le fais pas, on t’accuse de ne pas aimer la France. On ne se pose pas la question de savoir si les paroles nous ressemblent ou pas, s’ils ne reflètent pas l’opinion des Français. »

Car, en principe, les prochaines paroles seront une synthèse de toutes les propositions laissées sur le site, de sorte à ce que les grandes idées communes se retrouvent dans la nouvelle version. « On prendra les mots qui reviennent le plus souvent », précise Jean-François Buisson :

« La parole sera donnée à tous, avec des ateliers d’écriture pour capter l’envie. Il faut s’impliquer comme acteurs de la démocratie. On a le droit de tout faire mais on ne dit rien. On va finir par perdre le pouvoir de parole. C’est un hymne national, il est donc la propriété de tous. »

Une « Bordelaise » pour le 14 juillet 2015

Ce ne sera pas la première fois en France que l’on a eu envie de réécrire la Marseillaise. Pour ne citer que les dernières réactions, en mai dernier, l’acteur Lambert Wilson avait déclaré au micro de RTL que les paroles étaient « épouvantables » :

« Je suis extrêmement énervé que personne ne dise qu’il est temps de changer les paroles de La Marseillaise qui sont d’un autre temps. Elles sont épouvantables, elles sont sanguinaires, elles sont racistes, elles sont xénophobes. »

Un an plus tôt, en mai 2013, c’est la sénatrice EELV, Marie-Christine Blandin, qui s’est exprimée au Sénat à propos du « sang impur » qu’elle a souhaité changer dans le texte.

Écrit dans la nuit du 26 avril 1792 par un officier français en poste à Strasbourg, Rouget de Lisle, à la suite de la déclaration de guerre du Roi à l’Autriche, ce qui était le « Chant de guerre pour l’armée du Rhin » est repris par les fédérés de Marseille participant à l’insurrection des Tuileries le 10 août 1792. Son succès est tel qu’il est déclaré chant national le 14 juillet 1795 sous le nom de « La Marseillaise ».

Le projet de réécriture participatif du collectif bordelais propose une restitution de sa version finale le 14 juillet 2015. Toujours accompagné de la même musique, le nouveau chant s’appellera « La Bordelaise ».


#Jean-François Buisson

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