Média local avec zéro milliardaire dedans

Saint-Médard arrête les frais avec Médias-Cité

Nouvelle coupe sombre dans la culture ? La mairie de Saint-Médard-en-Jalles ne versera plus de subventions à Médias-Cité, coopérative offrant des services numériques aux associations. La décision « brutale », selon son responsable, est légitimée par le « peu d’écho » de ses projets sur la ville.

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Saint-Médard arrête les frais avec Médias-Cité

Intervention du collectif Lightgraff lors des Jeudis Multimédias organisés par Médias-Cité (Médias-Cité/flickr/CC)
Intervention du collectif Lightgraff lors des Jeudis Multimédias organisés par Médias-Cité (Médias-Cité/flickr/CC)

Gérald Elbaze, le responsable de Médias-Cité, l’a appris via un mail « lapidaire », envoyé ce mardi par la mairie de Saint-Médard-en-Jalles :

« Dans le contexte financier extrêmement contraint où se trouve la collectivité (baisse de 700000 euros des dotations de l’Etat, NDLR), nous sommes tenus de recentrer les soutiens sur les projets les plus structurants pour la commune. Le projet présenté par votre structure trouvant peu d’écho sur la ville, il ne figure pas parmi nos priorités. »

La Ville renonce ainsi renouveler sa subvention annuelle de 45000 euros (représentant 15% de son budget annuel) à la société – l’association Médias-Cité est désormais une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), et quoique à but non lucratif, ne pouvait à ce titre plus passer par le canal des subventions aux associations, souligne la Ville.

Conséquence immédiates, prévient la coopérative : l’arrêt au 31 décembre prochain de l’accompagnement des associations de Saint-Médard-en-Jalles dans la mise en place de leur site internet, des services d’hébergement et de messagerie, mais aussi des temps d’activités périscolaires ou des cafés numériques et les accompagnements à la parentalité à l’ère numérique.

« Le contribuable ne s’y retrouve pas »

Une décision « légitime » sur le fond, mais « brutale » et sans préavis sur la forme, estime Gérald Elbaze :

« Elle laisse moins de 28 jours à toutes les associations utilisatrices des services de Médias-Cité pour trouver, construire, organiser une alternative (pas moins de 80 associations bénéficient à ce jour de services). »

Et donc moins d’un mois pour se retourner à la coopérative de 5 salariés, active sur la CUB et l’Aquitaine, et même au plan national via quelques projets phares (outils interactif de l’exposition Lascaux III, par exemple). C’est justement un des griefs envers l’équipe de Médias-Cité formulé par la nouvelle municipalité, qui jure ne pas avoir agi par surprise :

« Depuis l’élection municipale en mars j’ai envoyé des signaux, affirme Pierre Braun, adjoint à la vie associative et à la ville communicante de Saint-Médard. Je n’ai pas arrêté de leur dire que la subvention posait un problème car le contribuable qui la paye ne s’y retrouve pas. Médias-Cité se diversifie dans la région, voire à l’échelle nationale, mais quasiment plus sur la commune. La coopérative y a accompagné la création de 30 sites web associatifs, pas 80.

Et si le portail des associations Webjalles, lancé en 2008,existe certes encore, mais il est ancien, ne satisfait plus aux attentes et aux besoins des utilisateurs et a très peu de visites. On peut avoir les mêmes services deux fois moins chers pour la ville chez des artisans, voir en interne à la mairie, par des agents. »

Plus la tête au Carré

Les locaux de Médias-Cité sont situés au Carré de Saint-Médard (DR)

Gérald Elbaze défend lui l’intérêt de Médias-Cités pour Saint-Médard, où la structure travaille depuis 10 ans :

« C’est la seule à proposer des services mutualisés d’une telle ampleur au secteur associatif de Saint-Médard-en-Jalles, notamment à travers l’hébergement des sites associatifs, le service de messagerie, de listes de diffusion, la formation, le prêt de matériel… En mutualisant du matériel informatique d’une valeur de 15000 euros, on a par exemple fait économiser 94000 euros aux associations si celles-ci avaient dû l’acheter ou le louer. »

Par ailleurs, poursuit Gérald Elbaze, Médias-Cité « qui a souvent été présenté comme un centre de coût, aura surtout été un acteur qui agit sur des stratégies d’ingénierie financière ». Il cite le cofinancement des projets portés grâce aux fonds de la DATAR, de l’Europe ou de la région pour des « expérimentations haut-débit sur le territoire », ou celui « des volets numériques de plusieurs actions sur le territoire : le label Espace Culture Multimédia sur le Carré des Jalles, les labellisations Cyberbase, etc. »

La mairie de Saint-Médard, néanmoins « laisse la porte ouverte à des prestations potentielles très identifiées », selon son adjoint.

« Nous leur avons proposé de leur laisser les locaux au théâtre du Carré, poursuit-il, et c’est déjà une aide substantielle, puisque ces 180m2 de bureaux pourraient être valorisés à au moins 1800 euros par mois. »

Mais Médias-Cité « n’envisage pas de se maintenir dans ces locaux si il n’y a pas de projet d’intéret général avec le territoire. Ce serait très discutable d’un point de vue éthique », estime Gérald Elbaze, qui fait part d’un « sentiment de gâchis ».


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