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Pour l’enseignement du fait républicain à l’école

Comment doit réagir l’école face aux attaques à caractère religieux extrémiste ? Certains voient dans l’enseignement du fait religieux une solution. Pour Sandrine Doucet, députée de Gironde et membre du Conseil supérieur des programmes de l’éducation nationale, cela ne peut suffire, pas plus que les leçons de civisme ou l’apprentissage de la Marseillaise. Pour l’élue socialiste, l’enseignement du fait républicain et de la laïcité doivent être repensés.

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Pour l’enseignement du fait républicain à l’école

Classe de collège (photo d'illustration/Airunique)
Classe de collège (photo d’illustration/Airunique)

La députée socialiste de Gironde Sandrine Doucet (DR)

Ces jours-ci, chacun exprime sa recherche de la solution et se tourne, souvent, bien sûr, vers l’École ; tout en viendrait et tout doit y retourner. Certains ont vu dans l’intervention de la Ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, un aveu de faiblesse, car les tâches assignées par celle-ci à son administration, n’ont rien de spectaculaire. Il est, sans doute, difficile, en ces moments douloureux, d’afficher, seulement, sa conviction que l’École peut mener sa mission éducative, pour une culture partagée par tous, confiante dans les outils qui sont déjà là.

Dans une salutaire clairvoyance, dès son arrivée au pouvoir, la majorité a conduit, par la loi de juillet 2013, la refondation de l’École de la République. Il s’agissait de palier le recul des performances des écoliers au classement PISA, mais plus encore de réduire les inégalités scolaires qui se sont accrues ces dernières années, entre les élèves, reflétant les inégalités sociales. C’est la tâche à laquelle s’est attelé le Conseil Supérieur des Programmes, comme il a écrit, dans un de ses premiers textes, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, « pour que l’Ecole tienne sa promesse pour tous les élèves ».

Parmi ses travaux, le parcours d’éducation artistique et culturelle s’est construit à partir d’un constat : seuls 10 à 15% des élèves accédaient à une pratique artistique et culturelle ces dernières années. C’est peu et discriminant. Ce parcours est là pour en terminer avec cette inégalité de trop, en impliquant autour de l’École tous les acteurs culturels.

« L’enseignement du fait religieux est fait depuis 20, 30 ans »

Les prochains travaux, comme le programme d’enseignement moral et civique s’inscrivent dans cette dynamique: réduire les inégalités et préparer le citoyen du XXIe siècle. Et c’est déjà une réponse ample. Dans l’élan et le besoin de consensus et face à ces attaques à caractère religieux extrémiste, certains voient dans l’enseignement du fait religieux une solution, pensant qu’un temps d’enseignement équitablement partagé entre les différentes religions monothéistes est la garantie d’une parfaite équité entre les citoyens. Un examen attentif des programmes scolaires de ces dernières années ne devrait pas les rassurer : cela est fait depuis 20, 30 ans.

Peut-être que c’est dans le défilé de dimanche que réside un élément d’explication, entre ce que dit l’École, ce que souhaitent les citoyens et la réalité cruelle et violente de notre société. Ce défilé a montré que, lorsqu’on en appelle à la mobilisation, à la vigilance et à l’unité, cela fonctionne. Mais nous avons aussi remarqué que beaucoup de jeunes issus de l’immigration ne sont pas venus. Que manque-t-il pour la synthèse finale ?

L’Ecole devrait apporter à chacun les outils de l’intégration, de la construction d’une culture partagée. Mais apparemment, le drapeau, la Marseillaise, les leçons de civisme ont montré leurs limites; « La République au village » de l’historien Maurice Agulhon, disparu l’an dernier, n’est pas devenue la République dans les banlieues ou dans les espaces péri-urbains.

Peut-être devrions-nous nous intéresser davantage à ce hiatus qui existe entre notre temps long de la sécularisation et celui, plus court, de ceux qui vont chercher, sur internet, une réponse immédiate à leur désarroi, dans ce que Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, nomme un terrorisme « en accès libre ». C’est cette histoire, de plusieurs siècles, qui produit les codes communs, qui font que dimanche 11 janvier 2015, 4 millions de personnes sont descendues dans la rue.

Ressac démocratique

Choisir la raison à l’obscurantisme, combattre l’injustice, défendre la liberté d’expression, est un combat sans cesse répété, qui s’est toujours appuyé sur des acquis pour en consacrer d’autres. C’est notre ressac démocratique. C’est Victor Hugo, Député, qui s’insurge contre le parti clérical, défend la liberté de la presse, puis Jules Ferry qui instaure l’École obligatoire laïque et gratuite, École qui permettra, des années plus tard, à un auteur comme Albert Camus de donner ses plus belles lettres à l’engagement.

Alors, quand on vient d’autres continents, comment appréhender ce long processus pour en faire le sien et reconnaître dans la devise républicaine, non pas un quitte ou double pour l’intégration, mais un partage universel et intemporel. C’est la question qu’il faudra se poser dans les jours qui viennent, et pas seulement à l’École.

Les assassins du 7 janvier ont frappé au cœur de notre réacteur démocratique : un journal, une expression défendue par notre République. Ils sont la partie exportée d’un conflit religieux qui ensanglante le Moyen Orient, d’autres régions d’Asie et l’Afrique. C’est le conflit le plus contemporain dans la production de formes inédites qui vient se heurter à notre essence et à nos convictions républicaines ; c’est l’étincelle parfaite et macabre.

L’histoire des religions peut être un élément éclairant pour la connaissance de l’autre et la compréhension de ces conflits, mais il ne peut suffire. C’est l’enseignement du fait républicain, de la laïcité, qui doit être pratiqué et c’est la diffusion des valeurs héritées qui doit trouver une réelle traduction auprès des populations. Les jours d’après sont à ce prix-là.


#éducation nationale

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