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Rosemary Standley, baroque et folk « Love I Obey »

Chanteuse franco-américaine de Moriarty, Rosemary Standley est une brillante touche-à-tout, qui multiplie les projets artistique. Avec l’ensemble de Bruno Helstroffer, elle sort « Love I Obey », splendide album mêlant des morceaux de musique baroque du XVIIe siècle aux chants traditionnels de folk américain du XIXe. Elle le défendra pour la première fois sur scène ce samedi 14 février aux Colonnes, à Blanquefort. Entretien.

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Rosemary Standley, baroque et folk « Love I Obey »

Rosemary Standley présentera "Love i obey" le 14 février aux Colonnes, à Blanquefort (DR)
Rosemary Standley présentera « Love I obey » le 14 février aux Colonnes, à Blanquefort (DR)

Rue89 Bordeaux : Rosemary Standley, comment est né ce projet, et votre envie de travailler sur ce répertoire baroque ?
 
Rosemary Standley : Ce genre de projet nait toujours d’une rencontre. J’avais sympathisé avec Laurence Equilbey à l’occasion de la création d’un spectacle où des airs classiques d’opéra (Monteverdi, Fauré, Purcell…) étaient transformés par une instrumentation électro. J’ai alors vu un théorbe, cet instrument ancien, qui est une sorte de grand luth, magnifique à regarder et à entendre. Je me disais que ce serait superbe d’avoir un solo de théorbe dans un concert de Moriarty, et on a préparé pour cela quelques airs de cour.

J’ai fait la rencontre de Bruno Helstroffer, qui joue du théorbe avec un ensemble de musique ancienne. Et nous nous sommes associés avec Elisabeth Geiger, grande claveciniste et chercheuse, qui passe beaucoup de temps en bibliothèque pour retrouver des partitions. Pendant un an et demi, nous nous sommes retrouvés à essayer des morceaux pour lesquels il n’existe à ma connaissance pas d’enregistrements sur disque, notamment la chanson titre, « Love I Obey », composée en 1621 par William Lawes.

Le répertoire de « Love I Obey » mêle des chants traditionnels américains et de la musique baroque d’Ecosse, d’Irlande et d’Angleterre. Quels rapports entre ces styles ?

Il y a un lien à faire entre musique folk traditionnelle et la musique anglaise, qu’on fait un peu en brouillant les pistes – les arrangements folk sont « baroquisés », et inversement, si bien qu’il est à l’arrivée difficile de se rendre compte de l’époque. Musique de tradition orale, la folk se transmettait oralement de génération en génération, mais ses origines remontent bien aux musiques irlandaises et écossaises, via les colons britanniques arrivés au Nouveau Monde. Évidemment, ils jouaient sans clavecin, avec des instruments locaux. Mais on a retrouvé des choses étranges en travaillant cet album, une basse, ou quelques notes qui revenaient d’un morceau à l’autre. Et puis une couleur générale assez mélancolique.

De quoi parlent ces chansons ?

Énormément d’amour et de mort, les thématiques des balades folks en général. On a certes une berceuse, « Ush you bye », et d’autres à la tonalité plutôt heureuse, comme « A hymn to the evening ». Mais pour le reste, nous avons beaucoup de femmes qui sont délaissées, et pas mal d’hommes qui vont se faire exécuter, comme « Jack Hall », un chant traditionnel anglais sur un condamné à mort, qui a inspiré le « Samuel Hall », de Bashung (sur Fantaisie militaire).

« Je me nourris de ce travail d’interprète pour écrire »

Votre album précédent, « Birds on a wire », avec la violoncelliste Dom La Nena mêlait des reprises de morceaux baroques avec des titres contemporains. Qu’appréciez-vous dans cet exercice ?

Même si je viens de la musique folk américaine traditionnelle, j’ai fait des études de chant classique, et j’avais envie de prolonger cela d’une certaine manière. Au conservatoire, j’ai chanté beaucoup d’opéra, par passion et pour développer ma voix. Pour cultiver ma connaissance du répertoire, j’ai eu envie de poursuivre ces choses là. Et puis j’adore Jordi Savall, et la viole de gambe en général.

Quelle place la musique folk occupe-t-elle dans votre vie ?

Je suis née là dedans. Mon père américain est chanteur de folk, je l’ai toujours entendu répéter à la maison, faire des concerts le soir. Il emmenait sa guitare partout et a commencé à me faire chanter quand j’avais huit ans. Il trouvait que je chantais bien et on a beaucoup fait de reprises ensemble, des choses dans lesquelles je me retrouve complètement – les premiers albums de Joan Baez, Woody Guhtrie, beaucoup de bluegrass…

Moriarty, « Birds on the wire », « Love I Obey » : vous aimez croiser les registres et multiplier les expériences…

Au niveau organisationnel, c’est compliqué, mais c’est d’abord artistiquement très enrichissant. Je trouve que la collaboration avec d’autres musiciens est la chose qui me fait le plus avancer et progresser. J’apprends énormément, et je considère que je dois me nourrir de ce travail d’interprète pour écrire, trouver des idées. Cela me permet de développer une facette pour mieux me connaître. En plus, sur le spectacle de « Love I Obey », nous avons un metteur en scène, Vincent Huguet, cela permet d’avoir un regard très différent sur l’interprétation, et offre un spectacle très particulier, millimétré.

Et Moriarty ?

Je sors de studio avec le groupe, notre prochain album est prévu fin mars. Il sera un peu plus rock, un peu plus groove, on avait envie qu’il soit plus dansant. Mais il ne sera pas plus drôle que les précédents albums. D’ailleurs il s’appelle « Épitaph » !

Infos pratiques

Love I Obey, concert samedi 14 février 2015, 20h30, aux Colonnes, Blanquefort. De 20 à 30 euros. Réservations en ligne sur www.lecarre-lescolonnes.fr et au 05 57 93 18 93.

Album disponible chez Alpha/Outhere Music.

 


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