« Notre projet n’est pas flamboyant et clinquant, il ne met pas en avant deux ou trois propositions percutantes, mais il part des compétences du département et parle de citoyenneté, de participation des habitants, avec des conseils de canton ou un fonds d’initiative citoyennes », estime Christine Bost.
La maire d’Eysines, vice-présidente du conseil général sortant, jette ainsi la pierre à Yves d’Amécourt, le candidat de droite. Elle raille sa volonté de construire un grand pont sur l’estuaire, pourtant proposé il y a 30 ans par Philippe Madrelle, le toujours président du département :
« Les besoins ne sont plus les mêmes, mieux vaut se concentrer sur les transports en commun, le covoiturage et autres modes alternatifs, que de créer une nouvelle super structure qui va nécessiter beaucoup d’investissements publics. Et pour le faire passer où ? Je n’entends pas les Médocains réclamer un pont, qui va attirer les camions et engorger les voies vers Bordeaux. »
« Poncifs anti fonctionnaires »
Autre proposition de la droite fustigée par l’équipe socialiste : le non remplacement des 650 prochains départs à la retraite du département.
« La masse salariale ne représente que 17% du budget du département qui est le 29e le moins dépensier de France en charges de personnels, indique Matthieu Rouveyre, premier secrétaire fédéral du PS girondin. Qu’Yves d’Amécourt nous dise quels postes de fonctionnaires il compte supprimer. »
Pour Jean-Luc Gleyze, maire de Captieux, également vice-président du conseil général, cette proposition d’Yves d’Amécourt, ainsi que celle de décentraliser davantage les services alors que la moitié des 6500 agents travaillent déjà en dehors de l’agglomération bordelaise, cultivent des « poncifs » anti-fonctionnaires « à la limite de la caricature du Front national ».
« On ne peut pas vouloir un maximum de services publics sur le territoire et supprimer des postes de médecins PMI ou d’assistantes sociales, gronde Christine Bost. Nous avons toutefois des projets pour optimiser les fonctions supports, il y a probablement des services qui ont trop d’effectifs, ou qui seront mutualisés avec la région lorsque celle-ci prendra en charge la compétence transports, par exemple. Bien sûr qu’il faudra faire des économies si on veut poursuivre notre dynamique d’investissement. »
Faire face au vieillissement
Dans quels domaines ? Les 33 engagements du PS pour la Gironde avancent quelques priorités, dont celle de répondre au vieillissement de la population. Un nouveau schéma gérontologique permettrait notamment la création de mille places en maisons de retraites ou en accueil familial, avec un numéro de dossier unique pour simplifier les démarches.
« Nous voulons développer des micro projets, avec 3 ou 4 personnes qui se partagent des aides à la personne, ou de l’habitat intergénérationnel, poursuit Christine Bost Cela nous paraît être une réponse plus adaptée à la transition démographique que de grands établissements de 70 lits. »
Autres chantiers importants pour les socialistes : l’appui à la création de Maisons de santé de proximité, la construction de 10000 logements sociaux économes en énergie sur la mandature, ou encore la préservation de terres agricoles et maraîchères, avec l’aide à l’installation de jeunes agriculteurs.
La peau de l’ours
Matthieu Rouveyre assure que l’impact fiscal de ces mesures a été évalué afin qu’elles puissent se réaliser à moyens constants, sans augmentation des impôts. Mais après avoir augmenté de 1,6% en 4 ans la taxe sur le foncier bâti (donc sur les propriétaires, seuls à contribuer directement aux budgets des départements), les socialistes n’écartent pas, contrairement à leur rival de l’UMP, une nouvelle hausse :
« La population du département augmente de 15000 personnes par an, cela représente un collège de plus à construire chaque année, rappelle Jean-Luc Gleyze. Comment le faire sans demander un centime de plus aux contribuables ? Si on disait le contraire, on nous accuserait d’électoralisme. »
Quant au résultat des élections, justement, le staff du PS ne se risque pas au jeu des pronostics : ni sur la victoire finale, ni sur les risques d’élimination au premier tour dans certains cantons, pourtant réels du fait de la dispersion des voix de gauche et de la montée du Front national, ni sur la succession de Philippe Madrelle, à laquelle seul Jean-Marie Darmian est pour l’instant candidat.
« Le président sera élu par ses pairs, il faut d’abord être élu dans son propre canton, souligne Matthieu Rouveyre. Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Yves d’Amécourt sera bien malin si il est battu par notre candidat, Bernard Castagnet. »
Et, poursuit le Premier secrétaire fédéral, ce seront les militants socialistes qui se prononceront après le premier tour, le 23 mars, sur le nom du candidat de leur camp.
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